Pourquoi avez-vous tendance à prendre du poids? Pour les spécialistes,
la raison est simple: vous mangez beaucoup sans brûler les réserves
énergétiques ainsi stockées. Phénomène
propre aux Libanais, gros mangeurs et piètres sportifs. Ceci, sans
compter les causes liées à l’arrêt du tabagisme, à
l’abus de médicaments (hormones, tranquillisants,...), à
l’accouchement, aux maladies endocriniennes...
La prédisposition génétique associée aux facteurs
d’environnement (alimentation, activités...) favorise, également,
l’obésité.
De toute façon, vos kilos vous pèsent? Alors, mettez-vous
au régime!
DIÈTE MÉDICALE ÉQUILIBRÉE C’est le genre de régime approuvé et enseigné dans les facultés de médecine. Mais certains patients qui s’y sont essayé, le contestent. Ils le trouvent trop dur à soutenir, pas assez adapté, se limitant très souvent à de simples feuilles de régime appliquées arbitrairement à tout le monde, du genre: toast et fromage écrémé le matin, steak et salade à midi, steak et salade le soir. De quoi en avoir ras-le-bol! Pourtant, à entendre parler les Drs Charles Saab et Kamal Hirbli, tous deux endocrinologues et spécialistes des maladies métaboliques, la vérité se trouve ailleurs. Pas de standardisation; le régime classique est toujours personnalisé et décidé en fonction du patient. De plus, cette diète présente l’avantage de se dérouler sous contrôle médical, évitant ainsi toute perte néfaste de masse musculaire durant le traitement. Voici comment.
EMBONPOINT ET OBÉSITÉ
Si vous souffrez d’un excès pondéral et que vous vous adressez
à un endocrinologue, attendez-vous à passer au peigne fin!
Une enquête alimentaire et un entretien psychologique commenceront
par définir vos comportements et goûts nutritionnels.
Le calcul de votre Indice de Masse Corporelle - obtenue en divisant le
poids (kg) par la taille au carré (m2) - mettra en évidence
votre embonpoint ou obésité. Voici les critères de
l’IMC adoptés par l’Organisation Mondiale de la Santé et
applicables à la population libanaise:
L’IMC est un excellent indicateur, mais il ne peut être considéré
comme l’unique référence. En effet, Arnold Schwarzenegger
ou “monsieur muscle” (110 kg pour 1.85 m) passerait pour un obèse,
alors qu’il ne l’est pas: son poids est essentiellement composé
de muscles (qui pèsent bien lourd!) et non de graisse.
IMC = kg/m2 | Femme | Homme |
Poids normal | ... < 23 | ... < 25 |
Excès de poids | 23 < ... < 28 | 26 < ... < 30 |
Obésité | 28 < ... | 30 < .... |
Inversement, une personne dont l’IMC paraît normal, peut très
bien se sentir et être véritablement grosse: sa masse grasse
étant importante et sa masse musculaire plutôt faible.
Pour éviter cette ambiguïté, vous subirez un troisième
test. Des machines telles que la DEXA et la Bio Impedance Multifréquence
mesureront votre composition corporelle (pourcentage d’eau, de muscles,
d’os et de graisse). Cet examen revêt une importance particulière,
car il permet de s’assurer que votre masse musculaire demeure inchangée
au cours de la diète amaigrissante. Autrement, vous risqueriez de
vous transformer en obèse potentiel!
Explication des spécialistes: le tissu musculaire est le plus gros
consommateur d’énergie. Il est, par conséquent, le premier
à dépérir sous l’effet des régimes drastiques
et inadaptés, pratiqués en ville. Ainsi, les calories, ne
pouvant plus être métabolisées par une masse musculaire
affaiblie, seront stockées sous forme de graisse. Ce phénomène
explique la reprise de poids énorme dont souffre bon nombre de personnes
victimes de ces diètes.
Les régimes inadaptés risquent de
transformer le patient en obèse potentiel!
Ils affaiblissent la masse musculaire, la rendent
incapable de brûler les calories ingérées
et obligent
le corps à stocker ce surplus d’énergie
sous forme de graisse.
Et si votre embonpoint est associé à certaines maladies
passées inaperçues? Une telle constatation a, en effet, été
détectée lors d’une étude effectuée sur 2.936
patients venus consulter pour un problème pondéral. Ces recherches,
menées par le Dr Hirbli et le service d’endocrinologie de l’Université
libanaise qu’il dirige, ont révélé ce qui suit:
0,8% des cas étaient diabétiques.
2,3%, hypertendus.
6,8% présentaient une hyperlipidémie, (cholestérol
et/ou triglycéride) et ce, plus fréquemment chez les femmes
que chez les hommes.
Il serait, également, intéressant de noter, à titre
indicatif, que: 84,3% des consultants étaient des femmes; 58,2%
des femmes avaient moins que 30 ans; 52,5% des hommes dépassaient
les 30 ans.
Un examen sanguin pour un bilan hormonal pourrait donc, éventuellement,
vous être effectué afin d’écarter tout soupçon.
Une fois le vrai problème défini, place au traitement proprement
dit!
PERDRE SES KILOS
Aux dires des Drs Hirbli et Saab, la diète classique hypocalorique
est la plus équilibrée, puisqu’elle englobe les cinq catégories
alimentaires indispensables au corps humain: les produits laitiers, les
protéines (poisson, poulet...), les sucres lents (pâtes, féculents...),
les céréales, les fruits et légumes crus. On y ajoute,
également, un sixième groupe: les légumes bouillis.
Le nombre de calories par jour varie selon les patients. Mais il est important
de ne pas trop le diminuer: chute de tension et perte de connaissance s’en
suivront.
Votre poids idéal ne peut être déterminé selon
les tableaux (rapport taille/poids) représentant une standardisation
non généralisable. Il est plutôt décidé
d’un commun accord entre vous (si vous vous sentez bien dans votre peau)
et le médecin (s’il est satisfait de votre état de santé).
Autre critère: il doit pouvoir être maintenu et stabilisé
en induisant chez vous un changement de comportement alimentaire. La perte
et reprise pondérale répétitive est très délétère
pour le muscle cardiaque.
La durée dépend de votre rapidité à éliminer
les graisses.
Deux types de médicaments efficaces et autorisés peuvent
vous être administrés pour mener à bien votre régime.
Le premier agit sur le système nerveux. Il augmente les pertes énergétiques
et la sensation de satiété. Le second agit au niveau du tube
digestif, en inhibant l’absorption de 30% des graisses alimentaires.
Ces médicaments sont efficaces à la seule condition d’être
prescrits par des endocrinologues qui décident de la quantité
et de la durée. Un suivi médical éviterait l’apparition
d’effets secondaires telles que l’hypertension artérielle, la tachycardie,
la constipation et des selles huileuses.
Le succès ou l’échec d’un tel régime ne dépend
pas, uniquement, de votre capacité à modifier votre comportement
alimentaire. Il repose, également, sur votre volonté à
adopter une hygiène de vie basée sur des exercices physiques
adaptés. Son but: augmenter la masse musculaire et, par conséquent,
renforcer la capacité de ce moteur gros consommateur d’énergie.
Le corps est, alors, obligé de puiser dans ses réserves de
graisses. Il est conseillé de commencer l’activité sportive
bien avant le début du régime pour un meilleur résultat.
*** Dernier conseil des médecins: se méfier des
différents régimes à la mode qui apparaissent chaque
année. Ils se révèlent, à moyen terme, très
nuisibles pour la santé avec un taux d’échec considérable.
RÉGIMES À ÉVITER Les spécialistes, diététiciens et nutritionnistes expriment des réserves à l’égard de certaines méthodes pratiquées en ville:
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MAIGRIR EN TROIS PHASES
Diététicienne et nutritionniste à l’hôpital
Trad, Carla Yardémian prescrit ce genre de régime, très
indiqué pour la perte d’un embonpoint important. Il s’effectue,
généralement, en trois étapes:
Le jeûne protéiné ou phase stricte se traduit
par un sevrage de deux semaines pour faire table rase des mauvaises habitudes
alimentaires. L’alimentation se constitue, essentiellement, de protéines
en poudre, riches en acides aminés, diluées dans de l’eau,
accompagnées de légumes cuits ou crus à volonté.
Il est recommandé de boire beaucoup d’eau, ou autre boisson, afin
d’éliminer les déchets toxiques résultants des protéines
et de maintenir le transit intestinal. Une prescription de calcium, magnésium,
potassium et complexes multi-vitaminés prévient les carences
dans l’organisme.
L’intérêt de ce jeûne est de vous forcer à vivre
sur vos réserves de graisse sans affaiblir la masse musculaire.
Cette dernière est préservée par un apport quotidien
de 1,2 gramme de protéines par kilo de poids normal pour la femme
et 1,5 gramme pour l’homme. La désintégration des graisses
provoque une réaction chimique appelée cétogénèse
qui élimine en 48 à 72 heures toute sensation de faim.
Des maux de tête peuvent apparaître les deux ou trois premiers
jours du traitement, mais disparaissent par la suite.
La phase mitigée succède au sevrage. Elle se caractérise
par la diminution du nombre de sachets et la consommation modérée
d’aliments naturels: viande, poulet, poisson, fruits de mer, œufs, laitage,
fruits et légumes... Cette étape pave la voie à une
modification durable de vos habitudes alimentaires: apprendre à
manger sainement et correctement.
La phase de maintien s’enclenche un mois après le début du
régime. Son but: stabiliser le poids, éliminer le phénomène
des kilos yoyo et parfaire la rééducation nutritionnelle.
A ce stade, les produits frais se substituent aux sachets. Les aliments
interdits auparavant sont réintroduits, graduellement, selon des
prescriptions personnalisées, adaptées à vos besoins.
Si vous souffrez d’un excès pondéral morbide de 30 à
40 kg, vous alternerez régime protéiné et phases de
maintien. Ce procédé vous permettra de vous adapter au changement
pondéral sans vous occasionner un sentiment de frustration.
Votre poids normal est déterminé selon l’Indice de Masse
Corporelle (IMC) tout en prenant en considération votre âge,
sexe, carrure et activité physique (les muscles pèsent plus
lourd que la graisse...). Votre composition corporelle (pourcentage d’eau,
de muscle et de graisse) mesurée à l’aide de la Bio Electric
Impedance aidera la diététicienne dans son calcul.
Voici, pour hommes et femmes, une échelle large et simplifiée
de l’IMC:
• de 20 à 25 kg/m2: poids normal;
• entre 26 et 29 kg/m2: excès de poids;
• plus que 30 kg/m2: obésité.
Le coût de ce traitement est estimé à environ 200$/mois
pour les femmes et 250 à 300$/mois pour les hommes qui nécessitent
une quantité supérieure de protéines.
L’avantage d’un tel régime repose, essentiellement, selon Mlle Yardémian,
sur une perte pondérale rapide (3 à 4,5 kg la première
semaine et environ 2 kg les semaines suivantes) alimentant, ainsi, la motivation
du patient.
En cas de dérapage (écarts alimentaires à l’occasion
de fêtes ou invitations), une journée ou deux de régime
protéiné feront le ménage.
La réussite de cette diète dépend, essentiellement,
de votre volonté.
Le sport augmente les chances de succès et peut être pratiqué
au commencement de la phase mitigée. Des exercices physiques modérés
mais soutenus sur une longue période, sont bien plus efficaces sur
le plan de la dépense énergétique que les sports violents
et intensifs. Vous sont recommandés: la marche, la gymnastique,
la natation, le cyclisme, le vélo d’appartement, le ski de fond...
Les sachets protéinés offrent une
variété de goûts et de saveurs.
CRITIQUES ET CONTRE-INDICATIONS
De nombreuses réserves sont émises à l’encontre du
régime hyperprotéiné. Un air de doute plane sur la
qualification “naturelle” de ces protéines en poudre.
Interrogé, à ce sujet, le Dr Sami Trad affirme, cependant,
qu’elles se composent principalement d’extraits naturels lactés
et végétaux (soja, fève) avec un soupçon de
gélatine animale.
Autres critiques: cette diète peut être très nocive
pour les personnes ayant des problèmes rénaux à l’instar
des diabétiques. Idem pour les obèses dont 25% cacheraient
une microalbuminerie (maladie rénale) non détectée.
En outre, la cétogénèse induite lors du jeûne
protéiné, provoque à long terme des problèmes
métaboliques et entraînerait même le coma.
Le Dr Trad se veut, pourtant, rassurant: ce régime, à base
de sachets disponibles, uniquement, à l’hôpital et non en
vente libre, s’effectue sous un contrôle médical très
strict. Avant de goûter aux sachets tant convoités, la diététicienne
vous soumettra à un questionnaire qui permet de révéler
les maladies concomitantes à votre embonpoint ou obésité.
Cet interrogatoire porte sur vos habitudes alimentaires, l’historique de
votre corpulence, vos antécédents familiaux et personnels,
votre état de santé actuel...
De plus, comme le précise le Dr Najla Itani, endocrinologue à
l’hôpital Trad, la diète protéinée est un outil
amaigrissant, très précieux, à condition de savoir
à qui le prescrire et comment l’appliquer. Pour ce, vous effectuerez,
également, un bilan métabolique complet révélant
les paramètres à surveiller lors du traitement. En cas de
problème de santé, la diététicienne collabore
avec le médecin compétent en la matière, pour mener
à bien votre régime.
Il ne suffit pas pour maigrir sainement de diminuer l’alimentation.
Il est indispensable de renforcer les muscles, gros consommateurs
d’énergie, par le biais d’exercices physiques.
Le corps puise, alors,
son carburantdans ses réserves de graisse.
Questionnaire et examens physiques décideront ainsi de votre
candidature à ce traitement, les critères d’exclusion étant
nombreux: insuffisance hépatique, rénale et cardiaque, infarctus
et accidents cérébro-vasculaires récents, consommation
de diurétiques ou d’hypotenseurs (provoquant une carence en potassium),
grossesse et allaitement, enfance et adolescence.
La surveillance médicale se poursuit tout au long du régime.
Aux dires du Dr Itani, tout mode alimentaire modifié dans l’une
de ses composantes doit être limité dans le temps et contrôlé.
Dans cette logique des choses, la diète hyperprotéinée,
tout comme la cétogénèse, ne présentent aucun
danger, parce que restreintes à un laps de temps assez court. De
plus, ce régime adapté et personnalisé selon les cas,
fait souvent fi de la phase stricte pour ne retenir que la phase mitigée.
L’OBÉSITÉ, UN PROBLÈME MONDIAL L’Organisation Mondiale de la Santé, ainsi que les instances publiques des pays européens et américains portent un intérêt accru à l’obésité. Cette affection chronique se traduit par un surplus de tissu adipeux et une augmentation pondérale excédant les 25% du poids estimé normal. Elle est corrélée à des maladies telles que les hyperlipidémies, le diabète, l’hypertension et, par le fait même, les troubles cardio-vasculaires. Elle occasionne, aussi, un taux de mortalité assez élevé. Elle provoque des problèmes articulaires et même des accidents routiers: les obèses bougent plus lentement et sont plus exposés à se faire renverser par les conducteurs. 50% des Américains et des Anglais souffrent actuellement d’un excès de poids ou d’obésité. Au Liban, aucune étude sur la prévalence de l’obésité n’a encore été menée. Pour ce, la Société Libanaise de Lutte contre les Maladies de la Nutrition lance un appel aux personnes désireuses de financer des statistiques d’une telle envergure. Ce groupe, fondé il y a un an par les Drs Alexandre Cheib, Sleiman Jari, Kamal Hirbli et Charles Saab, s’en va-t-en guerre contre les répercussions néfastes des troubles métaboliques sur l’espérance de vie, la qualité de vie et le taux de productivité de la population libanaise. |