SAINT-GEORGES, PRIEZ POUR NOUS
Tous ceux qui comptent dans la République se sont retrouvés
en la cathédrale Saint-Georges des maronites, pour son inauguration
après sa restauration.
Mgr Jean-Marie Lustiger, archevêque de Paris, invité spécialement
pour la circonstance, a remonté le moral des Libanais, par une allocution
venant du cœur.
On a vu réunis dans une même ferveur et un même
enthousiasme, des Libanais de toutes les religions et confessions.
Le patriarche des maronites, S.Em. le cardinal Sfeir, le métropolite
grec-orthodoxe de Beyrouth ont été particulièrement
acclamés.
Par ces ovations, les milliers de personnes rassemblées à
l’intérieur comme à l’extérieur de la cathédrale,
ont voulu manifester leur soutien à la courageuse prise de position
des prélats, qui ont appuyé la liberté d’expression
et refusé le musellement des étudiants.
L’ex-Premier ministre Rafic Hariri a été aussi applaudi.
Tous semblaient mettre leur foi en Saint-Georges, patron de Beyrouth,
qui a terrassé le dragon pour avoir attaqué la fille du roi.
Il ne reste aux Libanais qu’à prier le Grand Martyr, afin qu’il
terrasse tous les dragons qui entourent le Liban et à exorciser
le pays des démons qui le hantent.
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LIBERTÉ, LIBERTÉ, LIBERTÉ!
Au Liban, la notion de “Liberté” et de “Démocratie” ont
un sens particulier.
On est libre de parler, de critiquer et de manifester pour les causes
les plus lointaines, comme pour le leader du PKK Ocalan, pour les Japonais
expulsés, membres de l’Armée Rouge, pour le Zimbabwe et même
pour le petit Cubain, Elian Gonzalez.
Mais on ne peut pas manifester pour un Liban... libanais!
Les étudiants qui ont osé scander des slogans inamicaux
à l’égard d’un pays étranger et réclamer “Le
Liban aux Libanais”, ont été violemment matraqués,
comme on l’a vu sur les petits écrans, telles que les images diffusées
par la MTV et accusés d’être les “agents stipendiés
d’Israël”. L’élite du Liban, la génération du
futur.
Matraqués, arrêtés, jugés, condamnés,
tel est le destin de ceux qui appellent à la libération du
pays.
Est-ce de cette manière que les responsables espèrent
encourager l’élite intellectuelle à demeurer au Liban?
Des dizaines de milliers sont en train de quitter, pour suivre le chemin
de l’exil de centaines de milliers qui les ont précédés.
Les ambassades des pays d’émigration n’ont plus de formulaires à
donner, tant la demande est forte.
Qui sont ceux qui émigrent? Les jeunes personnes âgées
de moins de trente ans; c’est-à-dire la génération
de l’avenir du Liban. Il reste les croûlants, dont nombreux sont
au pouvoir. Ceux-là ne veulent que leur tranquillité. L’enthousiasme,
l’audace, le renouveau les inquiètent. Où va le Liban?
“Incertitude, ô mes délices!
Vous et moi nous nous en allons,
Comme s’en vont les écrevisses,
A reculons, à reculons”.
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SILVIO BERLUSCONI ET “L’IDIOT DE SERVICE”
Autres pays, autres mœurs, autres traditions de liberté et de
démocratie.
Si nous citons les phrases suivantes, cela ne veut pas dire que nous
partageons les avis de leurs auteurs. C’est, uniquement, pour prouver jusqu’où
va la liberté d’expression dans des pays tels que la France, l’Italie,
l’Allemagne et la Grande-Bretagne.
Après l’ouvrage intitulé: “Ces imbéciles qui nous
gouvernent”, du député et ancien ministre français
André Santini, c’est l’Italien, magnat de la communication, Silvio
Berlusconi qui entre en scène.
Vainqueur des élections régionales de son pays, Silvio
Berlusconi a déclaré urbi et orbi, textuellement: “Qu’il
soit clair que nous traiterons chaque jour Giuliano d’Amato, d’“idiot de
service”, siégeant abusivement au palais Chigi (siège de
la présidence du Conseil à Rome) contre la volonté
des citoyens”.
Silvio Berlusconi a tenu parole... Son expression a été
retransmise sur toutes les chaînes de TV locales et internationales
et dans tous les médias.
Personne n’a crié au lèse-majesté. On lui a répondu
et on en est resté là!
Imaginons un peu si, dans un pays arabe, quelqu’un osait traiter, non
pas un Premier ministre, mais un quelconque sous-fifre d’“idiot de service”,
quel serait le sort de celui qui l’aurait proféré!
Car dans ces pays du tiers et quart-monde, on en est toujours au “Médiocre
et rampant et l’on arrive à tout”.
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GHASSAN RAHBANI ET LA VERSION LIBANAISE DE
“TOUT VA TRÈS BIEN MADAME LA MARQUISE”
“Sachant que c’est à l’ironie
Que commence la Liberté”,
Ghassan Rahbani vient de sortir un vidéo-clip intitulé:
“Liban, An 2000”.
An 2000 qui voit tous les rêves libanais réalisés,
l’économie du Liban florissante, la jeunesse heureuse, libre et
joyeuse revenant au pays, etc...
En ironisant, en affirmant des contre-vérités, Ghassan
Rahbani dresse un réquisitoire impitoyable sur la situation actuelle.
Tout comme dans “Tout va très bien madame la Marquise, on déplore
un tout petit rien... Un incident, une bêtise...”
Avec une verve intraduisible en français, Rahbani offre aux
Libanais l’occasion de se défouler.
Sa chansonnette est tout un éditorial.
SOUVENIR, SOUVENIR
28 avril 1975-28 avril 2000. C’est par le plus pur des hasards que la date du spécial “Les Noces du Bonheur” a été choisie par la direction de “La Revue du Liban” pour son supplément sur le mariage. Qu’on me permette ici d’évoquer un souvenir! Le 28 avril 1975, une mariée rayonnante épouse l’élu de son cœur. C’était moi, c’était le temps du bonheur! Bilan 25 ans après? Beaucoup de joie, de tristesse, de bonheur et des larmes. Quoi d’autre? “Le souvenir est un poète N’en fais pas un Historien!” |