Une vue de l’intérieur de la cathédrale.
Fermée depuis le début de la guerre en 1975, pillée,
saccagée et abandonnée, la cathédrale maronite Saint-Georges
a été solennellement dédiée, de nouveau, le
lundi de Pâques lors d’une messe célébrée par
S.Em. le cardinal Sfeir, en présence des hautes dignités
religieuses et civiles chrétiennes, notamment maronites; des invités
de toutes les autres communautés; du cardinal-archevêque de
Paris, Mgr Jean-Marie Lustiger; des représentants du chef de l’Etat,
des présidents de l’Assemblée et du Conseil, alors que des
milliers de fidèles se pressaient autour de la cathédrale
acclamant le patriarche Sfeir et le métropolite Elias Audé
qui avait pris partie pour les jeunes étudiants sévèrement
réprimés la semaine dernière par les forces de l’ordre
lors d’une manifestation pacifique place du Musée.
Mgr Antonio-Maria Veglio, Nonce apostolique, a donné lecture
du message papal après l’Evangile. “Centre spirituel au cœur de
la cité, dit le message, la cathédrale Saint-Georges a été
témoin des grands événements, heureux et malheureux,
qui ont marqué la vie de la nation. Portant jusqu’alors les marques
d’une douloureuse période de l’Histoire du pays, l’édifice
aujourd’hui restauré devient signe d’une espérance nouvelle
pour le Liban, signe d’une unité retrouvée, mais toujours
à construire dans la confiance mutuelle”.
Evoquant le passé prestigieux de la cathédrale, le patriarche
Sfeir rappelle que les funérailles de tous les présidents
du Liban y avaient eu lieu, sauf celles des présidents-martyrs Bachir
Gemayel et René Mouawad, noms applaudis par l’assistance émue.
Le patriarche rappelle, ensuite, le rôle prépondérant
joué par l’ancien archevêque de Beyrouth Mgr Ignace Moubarak,
notamment lors des grandes célébrations religieuses et nationales
au cours desquelles le prélat abordait autant de sujets d’ordre
religieux que national.
Les personnalités maronites ayant contribué à
la restauration de la cathédrale ont porté les calices à
l’autel et reçu les remerciements du patriarche maronite.
archevêque de Paris; Antonio-Maria Veglio, Nonce apostolique et les hauts dignitaires religieux. |
|
Mgr LUSTIGER ÉVOQUE LA MISSION DES CHRÉTIENS
D’ORIENT
Mgr Jean-Marie Lustiger, invité spécialement pour la
circonstance, a évoqué l’importance du rôle, voire
de la mission des chrétiens du Proche-Orient, “véritables
médiateurs entre les diverses civilisations et religions du pourtour
méditerranéen.
“Votre mission comme chrétiens en ce Proche-Orient, ajoute-t-il,
est nécessaire au monde... Entre l’Occident et ce qu’en France nous
appelons, peut-être à tort, l’Orient... puisqu’à certain
titre, Beyrouth est une ville romaine; médiateurs entre deux phases
de la culture, entre deux mondes, le christianisme et l’islam, l’Occident
et l’arabité. C’est dire que vous appartenez à ces deux mondes
simultanément, non pas dans une mosaïque impossible, mais parce
que votre qualité la plus forte vous permet de comprendre l’un et
l’autre et de permettre à ceux que séparent souvent l’incompréhension
et l’ignorance, de se reconnaître et donc de s’estimer, de se comprendre
et de faire la paix.
“C’est ce que nous demandons de tout cœur pour vous et pour le monde
entier. Car ce défi qui vous est donné à vous Libanais
est un défi, hélas! qui est lancé à d’autres
peuples de par le monde. Si vous, parmi les vieux peuples les plus civilisés
de cette Méditerranée ne réussissez pas, comment voulez-vous
que ceux qui n’ont pas derrière eux ce patrimoine de richesse, de
pardon et de sainteté, osent penser y parvenir?”, a conclu Mgr Lustiger.
Les représentants des trois présidents,
MM. Beydoun, Chaoul et Mikati, entourés
des personnalités politiques libanaises.
Soulignons qu’avant la cérémonie religieuse, le cardinal
Sfeir s’était rendu au siège de la société
“Solidere” et avait effectué le tour du centre-ville en compagnie
de l’ancien Premier ministre, M. Rafic Hariri.
Cette cathédrale que nous voyons se dresser aujourd’hui dans
toute sa splendeur, est presque centenaire. Lourdement endommagée,
durant la guerre, elle aura nécessité pour sa restauration
5 millions de dollars et six ans de travaux (1994-2000). (Cf. RDL N? 3731)
Construite à la fin du siècle passé par Mgr Debs,
son architecture s’inspire de la cathédrale Sainte-Marie Majeure
de Rome. En 1953, Mgr Jean Maroun en modifie complètement le plan
initial pour lui donner une structure basilicale changeant ainsi sa forme
première de croix grecque.
La façade de la cathédrale.
Les nouveaux travaux de restauration lui ont restitué sa forme
originale du début du siècle. Le faux plafond est fait de
carrés de bois finement travaillés et recouvert d’une feuille
d’or. Les autels latéraux ont été refaits et peints
en marron foncé.
Le sol est recouvert de marbre blanc à motifs (petits carrés)
mordorés. Une teinte dorée plane sur l’église, très
lumineuse.
Les installations de climatisation et du chauffage central sont totalement
invisibles et la sonorisation est parfaitement étudiée, afin
d’étouffer tout écho à l’intérieur de l’édifice.
Redevenu un chef-d’œuvre architectural et historique, ce lieu de culte
a su, avec le Christ, effacer ses stigmates profondes et renaître
à la vie.