En
prévision de la visite à Beyrouth de M. Roed Larsen, émissaire
spécial du secrétaire général de l’ONU (notre
photo) le chef de l’Etat et le président du Conseil ont conféré
mardi à propos de la position du Liban officiel à lui notifier.
“Nous nous trouvons dans une nouvelle étape annonciatrice de bien,
s’il plaît à Dieu”, a déclaré le chef du gouvernement
en quittant le palais de Baabda.
La décision d’Israël d’évacuer le Sud et la Békaa
ouest avant la 7 juillet prochain, entretient un débat autour de
ce qui se passera après le retrait unilatéral de “Tsahal”,
surtout que ce dernier doit intervenir sans accord préalable avec
le Liban et la Syrie.
Cette opération, nous réclamons son application depuis
1978, date à laquelle a été approuvée la résolution
425 par le Conseil de Sécurité, doublée d’une autre
(la 426), celle-ci définissant le mécansme du retrait jusqu’à
nos frontières internationalement reconnues.
Ce retrait doit, normalement, nous réjouir, parce qu’il répond
à notre souhait. Cependant, notre joie est teintée d’inquiétude,
parce que l’évacuation des forces israéliennes n’assure nullement
les conditions d’une paix juste et globale.
Au contraire, elle entretient un climat de tension sur le terrain,
d’autant qu’elle compromet l’opération de paix dans son ensemble
et torplle les principes de Madrid.
Le président Hosni Moubarak, son conseiller politique et son
ministre des Affaires étrangères qui en ont parfaitement
conscience, persistent dans leurs tentatives visant à relancer les
négociations sur le volet syro-israélien, afin de maintenir
la dynamique de la paix.
Des responsables israéliens, entre autres Lévy et Pérès,
insinuent que le retrait entraînera, nécessairement, le blocage
du processus de paix sur tous les volets, y compris le palestinien, ce
dernier ayant trébuché de nouveau, cette semaine à
Eilat, suite au feu vert donné par Ehud Barak pour la construction
de plusieurs dizaines d’unités de longements dans une colonie de
peuplement proche de Jérusalem... Sans doute pour atténuer
l’ire des partis extrémistes opposés à la restitution
à l’Autorité palestinienne, d’Abou-Dis, localité proche
de la Ville sainte, ce qui menace l’éclatement du gouvernement travailliste
(de coalition) de l’intérieur...
L’inquiétude persiste dans l’esprit des Libanais, parce qu’ils
ne sont pas fixés sur la force appelée à combler le
vide que laissera le départ des Israéliens.
On s’interroge sur le rôle des Nations-Unies et sur le point
de savoir si elles déploieront le long de la frontière, la
FINUL (renforcée en équipements et en effectifs), ou une
force multinationale dont en ignore jusqu’à l’heure la nationalité
des contingents devant en faire partie.
Peut-être l’émissaire du secrétaire général
de l’ONU, arrivé hier à Beyrouth, éclairera-t-il notre
lanterne à ce sujet. Ou bien devrons-nous attendre qu’il présente
son rapport à M. Kofi Annan, pour être fixé sur les
intentions de ce dernier quant à la nature de la recommandation
qu’il soumettra au Conseil de Sécurité.
Quoi qu’il en soit et en attendant le retrait, on peut affirmer sans
craindre d’être contrarié, que la meilleure sécurité
est celle qui repose sur une paix juste et reconnaît leur dû
à tous les ayants-droit.
En ce qui nous concerne, nous Libanais, nous sommes tenus de consolider
notre front intérieur, par un dialogue franc et constructif, basé
sur une vision et des constantes uniques quant à la manière
de faire face à la situation.
Ou encore, si cela peut y aider, de mettre sur pied un Cabinet de salut
public ou d’union nationale. |