Député
de Baalbeck-Hermel et membre du commandement national du parti social arabe
du Baas, M. Assem Kanso réaffirme la solidité du front des
formations dites “nationalistes”: “Amal”, le “Hezbollah” et le PSNS en
tête, qui se trouvent dans la même tranchée.
Naturellement, il critique ceux qui soulèvent, en ce moment, la question de la présence syrienne et réclament son retrait en même temps que celui des Israéliens, disant “qu’ils ont causé un grand préjudice au pays et sont tombés au plan national”. Il assure que les élections législatives se dérouleront au mois d’août, comme prévu, “que le retrait israélien ait lieu ou pas”. M. Kanso critique le “Cabinet des 16”, disant qu’il n’a pas tenu ses promesses et s’est avéré incapable de trouver des solutions aux problèmes sociaux et économiques. Aussi, se prononce-t-il en faveur d’un gouvernement représentatif de toutes les forces politiques agissantes au Liban. |
Le parlementaire békaaiote considère la décision
israélienne relative au retrait du Liban-Sud, comme un revers militaire
et une victoire pour la Résistance nationale et islamique. L’Etat
hébreu a été contraint d’évacuer les portions
de notre territoire que ses forces occupent, illégalement, depuis
tant d’années, suite aux pertes humaines que “Tsahal” y a subies.
Le retrait israélien, s’il venait à se produire, marquerait
la fin du rêve et des visées sionistes de dominer la nation
arabe, du Nil à l’Euphrate. Ce serait une victoire pour la lutte
armée et une fin ignominieuse au “groupe d’Oslo”, celui d’Arafat
et des éléments défaitistes et capitulards.
S’il devait s’agir d’un “retrait piégé”, il aurait pour
objectif de dissocier les volets libanais et syrien et, partant, de passer
outre aux principes de Madrid, dont celui de la terre contre la paix. Bénéficiant
d’une large couverture, dont celle des Etats-Unis, l’Etat hébreu
a cru pouvoir persuader l’opinion mondiale de son désir de paix;
de faire croire que la balle se trouvait dans le camp syrien et que Damas
entravait le processus de paix par son intransigeance, alors que le contraire
est vrai.
M. Kanso soutient que le retrait israélien doit englober tout
le territoire libanais dans la partie méridionale du Liban, jusqu’à
la frontière dont le tracé définitif remonte à
1923. Notre pays devra récupérer Chébaa et d’autres
zones annexées par l’Etat hébreu depuis 1948.
Israël est tenu de libérer tous les Libanais détenus
dans ses prisons et à Khiyam; d’arrêter les violations quasi-quotidiennes
de l’espace aérien libanais, ainsi que la piraterie pratiquée
sur les pêcheurs dans nos eaux territoriales; enfin, de ne réclamer
aucune garantie aux effectifs de l’Armée du Liban-Sud (du général
Lahad), car ce sont des éléments stipendiés, dont
le sort est du ressort de la Justice libanaise.
De plus, le problème des réfugiés palestiniens
doit trouver une solution juste, conformément à la résolution
194 du Conseil de Sécurité qui leur reconnaît le droit
au retour.
Je tiens à affirmer ici que la Syrie du président Assad
sera la première à se réjouir de ce retrait s’il s’effectuait
conformément aux conditions mentionnées.
Puis, il faut préciser que l’Armée libanaise ne peut
en aucun cas se transformer en gardien de l’entité sioniste.
M. Kanso déplore le fait pour les Etats-Unis de n’avoir pas
assumé leur rôle comme il se doit dans le cadre de l’opération
de paix, “l’Administration américaine ayant fait le jeu de l’Etat
hébreu, car elle a été influencée par le lobby
sioniste”.
Pour s’être rangé aux côtés de l’agresseur,
l’Amérique a perdu son rôle et sa mission en tant que première
grande puissance et que médiateur honnête au Proche-Orient.
D’aucuns s’attendent au report des élections législatives.
Qu’en pensez-vous?
Je suis en mesure d’affirmer que les législatives se dérouleront
dans le délai légal, que le retrait israélien ait
lieu ou pas, car tous les Libanais veulent que cette échéance
intervienne dans le délai constitutionnel, pour la simple raison
qu’il s’agit d’une question fondamentale dans notre système démocratique.
Quels sont vos alliés électoraux dans la circonscription
de Baalbeck-Hermel?
Le parti socialiste arabe du Baas est soucieux de préserver,
en la renforçant, son alliance avec les frères du “Hezbollah”,
de “Amal”, et du Parti social national syrien (PSNS), les forces nassériennes,
nationalistes et syndicales, car nous nous trouvons tous dans la même
tranchée, liés par les mêmes objectifs et les mêmes
principes en faveur desquels nous militons.
Il est donc normal que nous coopérions ensemble, non seulement
à Baalbeck-Hermel, mais dans toutes les circonscriptions.
Les résultats des élections municipales influeront-ils
sur les élections législatives à Baalbeck-Hermel?
Il est erroné de comparer les municipales aux législatives.
Il y a une particularité dans les premières où interviennent
des considérations familiales dans chaque village au détriment
des partis et forces politiques. La campagne législative a son aspect
politique. Même si la Békaa est spécifique par sa constitution
tribale et familiale, les familles et tribus possèdent aujourd’hui
en plus de leur dignité et noblesse, le savoir et la connaissance.
Comment sont vos relations avec les parties libanaises?
La liberté d’opinion est au cœur de notre idéologie et
nos tendances démocratiques. Mes relations avec les autres forces
politiques sont en fonction de leurs politiques et leur action à
l’échelle nationale. Nous nous trouvons dans la même tranchée
avec certains partis, forces et personnalités socialistes, nationalistes,
islamiques et chrétiennes. Nous ne pouvons pas nous accorder avec
certains courants et forces confessionnels qui veulent exclure le Liban
de son appartenance arabe. La présence syrienne au Liban a freiné
l’effusion de sang et la destruction. Le gouvernement décidera de
se passer de l’assistance de l’armée syrienne, lorsque nos forces
de sécurité seront capables d’assurer la paix civile sur
tout le territoire libanais. Le commandement arabe en Syrie serait le premier
à approuver cette décision.
Comment évaluez-vous le rôle du gouvernement?
Le gouvernement n’a pu tenir ses promesses, ni résoudre la crise
socio-économique. Près de 50% des citoyens vivent sous le
seuil de la misère. Il n’y a de solution à leurs problèmes
qu’avec la constitution d’un nouveau Cabinet représentatif des forces
politiques actives.
Que pensez-vous du rôle des partis nationaux dans l’étape
actuelle?
Les partis socialistes, nationaux et démocrates pâtissent
d’une mauvaise situation. Leur recul a favorisé la croissance des
forces confessionnelles. Ceci constitue une situation dangereuse, vu la
diversité des familles spirituelles au Liban qui compte, officiellement,
dix-huit communautés. L’appartenance communautaire l’emporte sur
le patriotisme. Afin d’éviter la catastrophe, il nous faut tous,
partis, forces politiques, syndicales et culturelles, procéder à
la remise en question du passé et à une autocritique, dans
le but de reconstituer nos plans en fonction des impératifs de l’étape
actuelle.
Les partis socialistes et nationaux étaient et sont une force
essentielle pour le progrès des nations et des peuples. Ils doivent
assumer la responsabilité du progrès, sinon le peuple et
l’Histoire ne pardonneront à personne.