Tête-à-tête Assad-Moubarak au Caire.
A la suite de la réunion, mercredi dernier, à Palmyre
dans le désert syrien, des ministres des Affaires étrangères
de Syrie, d’Egypte et d’Arabie saoudite, on s’attendait à la tenue
d’un sommet tripartite, devant être suivi d’un autre élargi,
à l’effet de passer en revue les développements de la conjoncture
régionale et, partant, d’affronter les machinations de l’Etat hébreu,
dont le plan de retrait suscite des doutes quant à “l’idée
de derrière la tête” de ceux qui l’ont élaboré.
Surtout s’il devait s’agir de militaires qui ne cachent même pas
leurs sombres desseins.
Ainsi, le sommet a eu lieu au Caire et il a été bipartite,
seuls les présidents Moubarak et Assad y ayant pris part. On ignore
la raison pour laquelle le prince héritier d’Arabie saoudite ne
s’est pas joint à eux, ainsi que certaines dépêches
d’agence le laissaient prévoir.
Quoi qu’il en soit, Damas, Le Caire et Djedda agissent en parfait accord
et les chefs de leur diplomatie ont dû certainement élaborer
la stratégie de l’action à entreprendre dans l’étape
actuelle, pour déjouer les plans de l’ennemi commun.
Le Conseil de la Ligue arabe a, d’ailleurs, donné le ton: siégeant
en son siège dans la capitale égyptienne, à l’échelon
des délégués permanents des Etats membres, l’organisme
panarabe a confirmé les recommandations adoptées, précédemment,
par les ministres arabes des Affaires étrangères lors de
la session qu’ils ont tenue, il y a quelques semaines à Beyrouth.
Le conseil a invité les pays membres “à suspendre toute
tentative de normalisation des relations avec l’entité sioniste,
jusqu’à ce que soit réglé le conflit proche-oriental”.
De plus, il leur a demandé de ne plus participer aux négociations
multilatérales où sont débattues des questions aussi
importantes que les problèmes des réfugiés, de l’eau,
du désarmement, etc...
Les présidents Assad et Moubarak ont abondé dans ce sens.
Bien plus, ils ont accusé - ce qui est naturel - l’Etat hébreu
de saboter la paix et lui ont fait assumer l’entière responsabilité
de son blocage.
MM. Farouk Chareh et Amr Moussa l’ont proclamé sans ambages
au cours de la conférence de presse conjointe qu’ils ont tenue à
l’issue du sommet du Caire - à la place des présidents Assad
et Moubarak - en affirmant “qu’Israël fuyait les échéances
de la paix”. Aussi, doutent-ils du fait pour Israël “de faire un effort
sérieux pour en relancer le processus, du moins dans un avenir prévisible”.
Il est de notoriété publique que cette relance est de
moins en moins probable et qu’il faudra attendre la fin des élections
présidentielles américaines, prévues en novembre,
pour espérer pouvoir sortir les négociations de l’impasse
et pour obtenir une paix juste et globale dans la région.
MM. Chareh et Moussa ont révélé, par la même
occasion, l’acceptation par leurs chefs d’Etat, de la proposition suggérant
la convocation au Caire d’une conférence des ministres des A.E.
des pays signataires de la “Déclaration de Damas”, à savoir,
les six Etats membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG),
plus la Syrie et l’Egypte, au cours de la première semaine de juin.
Ces pays avaient prévu une coopération multiforme entre eux,
mais celle-ci ne s’est pas concrétisée jusqu’ici.
Le moment est venu, pensent-ils, d’y revenir, afin de faire front commun
contre Israël qui tire un profit évident des dissensions interarabes.
Il est temps d’y mettre un terme et la Ligue a pris la décision
qui s’imposait pour y parvenir: suspendre toute tentative de normalisation
des relations avec l’Etat hébreu, certains Etats du Golfe étant
les plus vulnérables dans ce domaine.
Au sommet du Caire, le Liban, comme on s’en doute, n’a pas été
oublié. En effet et ainsi que l’a rapporté M. Chareh, la
Syrie et l’Egypte n’acceptent aucun piège dans l’application par
Israël de sa décision relative au retrait, ni l’utilisation
de ce retrait pour faire pression contre n’importe quelle fraction libanaise
et, surtout, contre la Résistance.
Naturellement, ils ont réitéré leur soutien sans
réserve au Liban, pour l’aider à effacer les séquelles
des derniers raids aériens ayant pris pour cible, une fois de plus,
deux de nos sous-stations électriques, celles de Bsalim et de Bared.
Cela se traduit par des pertes sèches au plan économique
et constitue un coup dur aux secteurs productifs.
LES NÉGOCIATIONS PALESTINO-ISRAÉLIENNES
PIÉTINENT...
DIALOGUE DE SOURDS À EILAT COMME À LA BASE DE BOLLING Les négociations palestino-israéliennes continuent à piétiner, par la faute de l’interlocuteur de l’Etat hébreu qui tergiverse et manœuvre à l’effet de torpiller le processus de paix. En dépit de la participation active de M. Dennis Ross, l’émissaire américain ne parvenant pas à rapprocher les points de vue.
Aussi, a-t-il décidé au terme d’une semaine de conciliabules
à Eilat, de regagner Washington pour rendre compte au président
Clinton et à Mme Albright des résultats des pourparlers qui
se déroulent jusqu’ici dans ce port israélien dans le même
climat que celui ayant caractérisé les entretiens de la base
aérienne de Bolling, près de la capitale fédérale,
le mois dernier.
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