Plus de 10.000 spectateurs au terrain de Ghazir pour
la finale.
Le Liban en entier n’a pas dû dormir de la nuit. Et si les écoles
ont ouvert leurs portes le lendemain lundi (à part La Sagesse),
c’est uniquement, peut-être, pour donner aux élèves
l’occasion de se retrouver et de ressasser les événements
de la veille. Car, il faut l’avouer, c’est chez les plus jeunes que l’adulation
est à son comble. Même si dans les foyers les grands parents
n’étaient pas en reste. Ne les a-t-on pas, d’ailleurs, croisés
aussi dans les rues en train de danser et de fêter le passage du
car portant les vainqueurs?
Partout, on ne voyait plus que des drapeaux: entre les couleurs libanaises
et celles de La Sagesse (Al-Hekmeh), ce fut une profusion en quadrichromie.
d’or au président Lahoud. |
de la victoire. A ses côtés, les ministres Sleimane Traboulsi et Mohamed Youssef Beydoun. |
Pourtant, les vingt dernières secondes de la finale contre l’Ittihad
saoudien, l’issue du match a paru flancher. Les Libanais avaient devant
eux l’atroce éventualité d’un échec non-attendu. Les
Saoudiens ont âprement défendu leurs positions, attaquant
quand il fallait attaquer et distribuant par à coups quelques-uns
de ces “trois points”, dont un lanceur a le secret pour redonner vigueur
à un score presque tout le temps à égalité.
Les Libanais n’en étaient pas moins inférieurs par la qualité
du jeu donné.
des promesses de victoires futures? |
pour arrêter le dribble d’Acha. |
Jamais première mi-temps n’a été aussi lente à
enregistrer des points de part et d’autre des deux équipes, malgré
les forts encouragements d’un public en délire mené par les
coups de tambour d’un Bacho tout de vert vêtu et qui a failli provoquer
la suspension du match. La tension était à son paroxysme
sur les gradins comme sur le terrain. Les Saoudiens se montrèrent
d’une agressivité violente qui s’accrut lorsqu’un des leurs, Mansour
el-Harbi, a poussé Acha en le provoquant d’un regard insolent. Tension
égale chez nos joueurs qui rappliquèrent, aussitôt,
en poussant le joueur saoudien. Le match fut interrompu pendant plus de
dix minutes durant lesquelles le coach de l’équipe invitée
a retiré son équipe.
de la Coupe asiatique, les Sagessiens faisant le “V” de la victoire. |
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L’arrivée du président Emile Lahoud au début de la deuxième mi-temps était espérée. N’avait-il pas fait de même l’année dernière? Pourtant, cette fois, il est resté plus longtemps. Pour le public, toujours prêt à aduler ses héros, cette apparition fut une occasion de plus d’élever leurs voix. La plus haute autorité du Liban s’est mise à leur niveau. Le président Lahoud en fan incontesté de La Sagesse fut, peut-être, un des moteurs de la victoire. Pour nos Verts, pas question de perdre. Elie Mechantaf, l’a dit lui-même: “Ce match est une bataille de nerfs, à nous de garder notre sang-froid”. Jusqu’à la fin, ils n’ont plus montré de signes de faiblesse. Heureusement, d’ailleurs, car l’adversaire a montré de quoi il était capable sous un panier.
Le ministre Mohamed Y. Beydoun remettant
la coupe d’argent au capitaine de l’Ittihad.
Le match se conclut avec trois points de différences (55-52),
une victoire de justesse qui a maintenu le suspense jusqu’à la dernière
seconde. Une première dans l’histoire du championnat d’Asie qu’un
pays obtient la Coupe deux fois de suite.
A partir de cet instant, une impression de déjà-vu a
assailli les Libanais. Le public, le même que celui de l’année
passée. Les joueurs aussi. Ainsi que le même présentateur.
Tous les événements qui se sont déroulés après
la victoire, présentent une analogie affolante avec ceux de la précédente
victoire.
Pourrait-on dire que ce fait a joué en défaveur des Verts?
Que non! Et si, en mémoire, on pourrait oblitérer le bruit,
les chansons, les sifflets et les cris, impossible de ne pas garder enfermés
sous nos paupières, les images de cette nuit de folie.
C’est tantôt Mechantaf ou Sarkis portant la Coupe asiatique.
A un autre moment, c’est le chef de l’Etat, un regard anxieux rivé
sur le jeu; puis, un autre joyeux à l’instant de la victoire. Un
coup d’œil furtif du côté de Tony Baroud, une compresse sur
le front: “On a eu bien chaud, n’est-ce pas, Tony?”.
Assan N’Diyaye faisant un “block shot”
au ballon d’un attaquant saoudien.
Sur l’autoroute de Jounieh, l’embouteillage se répète.
Plus de deux heures de route pour arriver à la “Tanière du
Lion”; ainsi a été baptisé le collège La Sagesse
d’Achrafieh.
Entre-temps, le public sagessien a eu droit à un grand feu d’artifice,
à des intermèdes musicaux ensençant les héros
du jour. A leur arrivée, c’est sur les épaules qu’ils ont
été portés sur scène. Une dabké improvisée,
des sauts frénétiques et des harangues enflammées
en guise de discours.
Je ne suis sûrement pas la seule à le penser. Dans dix
ou vingt ans, nous y retournerons en mémoire. Car, même si
le vent de la victoire va continuer à souffler de notre côté
des années durant, les premières fois resteront vivaces dans
notre esprit.
Et dans les annales de La Sagesse demeureront pour toujours les deux
coupes remportées, ainsi que les insignes de l’Ordre national du
Cèdre que le chef de l’Etat a décerné à l’équipe
victorieuse.