De l’eau a coulé sous les ponts, ce ne serait pas uniquement une métaphore, étant donné la spectaculaire vue du pont sur le Bosphore. Cette merveille de l’architecture suspendue ainsi que celle du pont Fatih Sultan Mehmet relient les deux continents entre eux. Un lien qui vous transporte d’une époque à l’autre. De part et d’autre de la ville, des vestiges vous transmettent par flashs intermittents des visions de ce qu’a pu être ce berceau des civilisations.
UN PEU D’HISTOIRE
En 658 av. J.-C., une armée conduite par le roi Byzas se colonisa
sur la côte européenne face aux “pays des aveugles”, tel que
le lui a prédit l’oracle de Delphes. Stratégiquement parlant,
cet endroit jouit d’une bonne position, car le détroit du Bosphore
met en communication la mer Noire et la mer Marmara. Le Bosphore forme,
également, un port naturel protégé, étroit
et allongé, appelé couramment la Corne d’Or. Diverses civilisations
s’ensuivirent. La ville de Byzantion fut conquise à tour de rôle
par les Perses de Darius (513 av. J.-C.); puis par Pansanias, roi de Sparte.
Philippe II de Macédoine, père d’Alexandre le Grand, l’assiéga
en vain (340 av. J.-C.). L’empereur romain Septime Sévère
la conquit en 196 ap. J.-C. Après le déclin de Rome, Constantin
réunit au IVème siècle, les deux parties de l’Empire
et consacra la ville “nouvelle capitale impériale” appelée
Nova Roma; puis, Constantinople. Le sultan Mehmet II pénétra
dans la cité en mai 1453 et reçut le nom de Fatih, le conquérant.
La ville acquit, alors, un cachet islamique en sus du cachet chrétien.
Capitale de l’Islam, abritant la résidence du Calife, chef spirituel
des musulmans, en la personne du sultan, elle fut aussi celle de l’Empire
ottoman qui fut démembré en 1918 par les Alliés. L’instauration
de la République par Mustapha Kemal Atatürk consacra Ankara
capitale, mais Istanbul garda son privilège en tant que ville principale
du pays.
En découvrant la Mosquée Bleue, il vaut mieux cligner
des yeux plusieurs fois, car sous les rayons forts du soleil, on pourrait
se croire en plein mirage, une merveille architecturale qui se dresse vers
le ciel avec ses six minarets, ses coupoles, ses demi-coupoles. A en croire
la légende, la Mosquée Bleue aurait pu être la Mosquée
d’Or. Le sultan Ahmed qui a ordonné sa construction à un
élève du grand architecte Sinan, lui aurait, paraît-il,
demandé d’élever une mosquée “couverte d’or”, mais
le jeune architecte a confondu avec “six minarets”, deux termes presque
semblables en turc. Et nous voici avec la seule mosquée au monde
ayant six minarets. La mosquée Sainte Sophie est à l’origine
une basilique construite par Constance II. Ravagée par un incendie
en 532, l’empereur Justinien la reconstruisit à l’image d’un songe
de gloire qu’il fit. L’église, dédiée à la
Sainte Vierge, renferme des fresques murales et des mosaïques de grande
valeur. La transformation de l’église en mosquée se fit le
jour même de la conquête de Constantinople par le sultan Mehmet
II. Atatürk, en fin de compte, la transforma en musée byzantin
et ottoman, en hommage à un passé cosmopolite. Autre visite,
celle de l’hippodrome construit par Septime Sévère. Tout
au long se dressent trois colonnes. La première est un obélisque
égyptien, cadeau fait à l’empereur Théodose. Une autre
colonne serpentine élevée au site de Delphes et l’obélisque
de Constantin Porphyrogénète.
Vue du pont sur le Bosphore. |
Les thermes de Yalova. |
BURSA, CITÉ ANTIQUE
Au bout de cinq heures de route d’Istanbul avec une traversée
en ferry de la mer Marmara, nous attend la ville de Bursa. La province
située sur la côte asiatique, couvre une superficie de 11.027
km2. La ville de Bursa où nous séjournerons deux jours est
une ville ancienne dont les vestiges remontent à 2700 av. J.-C.
Les Perses, Alexandre Le Grand et Hannibal le Carthaginois l’ont
occupée. Bursa est connue pour ses thermes et son eau bénéfique.
Résidentielle ayant un cachet quelque peu bourgeois, c’est, également,
un centre industriel important. Tout au long de la route qui y mène,
des carrières et des usines de céramiques, des manufactures
de voitures et de textiles s’étendent à perte de vue.
Toutefois, cette agglomération industrielle n’a aucune prise
sur l’air que l’on respire. Il est curieusement chargé de senteurs
fraîches, peut-être grâce aux grandes forêts de
conifères qui recouvrent les flancs des montagnes environnantes.
Un téléphérique nous conduit au dessous de cette immensité
de verdure, à près de deux mille mètres d’altitude.
Là, à l’hôtel Grand Yasici, célèbre station
de ski, nous déjeunons en plein air.
Le dimanche précédant la finale de l’UEFA, le stade de Galatasaray était plein à craquer. |
La reprise du tourisme: thème d’une conférence de presse à Bursa. |
À YALOVA, ÉPICENTRE DU SÉISME
DE 99
Le chemin de retour vers Istanbul, fut le lendemain, avec un détour
à Yalova, village siège de l’épicentre du séisme
de 99. Lors de la conférence de presse donnée par les représentants
du ministère du Tourisme et les directeurs des agences de voyage
à Bursa, l’une de nos préoccupations majeures était
le tremblement de terre. Nous connaissions son ampleur par les médias,
mais quel risque prendrons-nous en nous trouvant dans cette région?
Les autorités ont-elles pris les précautions pour faire face
de nouveau à de nouvelles secousses telluriques? La réponse
à la première question est simple, mais se rattache à
la probabilité. Un séisme d’une telle ampleur n’arrive que
tous les 250 ans. Des experts parcourent les villes et inspectent les immeubles
en voie de fortification. Les municipalités ont acquis du matériel
de secours: tentes, vêtements, médicaments, etc... D’ailleurs,
comme nous en sommes témoins, il reste peu de traces du tremblement
précédent. Les débris ont tous été déblayés,
seules, restent quelques lézardes dans des immeubles en voie de
restauration. Le gouverneur de Yalova, nous a accueillis en personne et
accompagnés durant notre visite des thermes, de la maison de campagne
de Atatürk, du musée de la nature, où plus de 10.000
espèces végétales sont entretenues dans un cadre féerique.
Porte monumentale du Çiragan Palace donnant
sur le Bosphore.
Nous sommes entrés dans la tannière du séisme et en sommes ressortis enchantés. Le peuple turc a dû faire preuve d’une survie sans pareille pour laisser au passé ses blessures et se tourner avec courage vers l’avenir. Le pullman de Mercan Travel (prononcer Merjan) nous ramène à Istanbul pour encore deux nuits, toujours guidés par une équipe compétente présidée par son P.D.G., M. Cüneyt Mengü. Avec Wissam, Arzu, Ecin, Istabraq et leurs collaborateurs, nous avons passé des jours où convivialité et bonne entente étaient de mise. Des promesses de contacts futurs ont été échangées entre la délégation libanaise formée de Charbel el-Khoury, organisateur de voyages; Patrick Karamé (“L’Orient-Le-Jour”), Hélène Rechmany (“La Revue du Liban”) et les membres des délégations des pays arabes. Mais le voyage est trop court, entrecoupé de visites d’hôtels prestigieux et de restaurants renommés, de part et d’autre des deux villes, Istanbul et Bursa. Nous retournons au pays enrichis de souvenirs, d’adresses notées à la hâte et de cartes de visite, avec le vœu solennel d’y retourner un jour.