Saturnale


Par MARY  YAZBECK AZOURY

PILULES DU BONHEUR!
DE LA VIGUEUR!
DE LA MINCEUR!
Pilules du bonheur!
De la vigueur!
De la minceur!
Tout le monde la voulait, presque tout le monde en prenait: le “Prozac” ou la pilule du bonheur. Définie comme antidépressive, elle fait voir la vie en rose, dit-on.
Quelques années plus tard, c’est au tour du “Viagra” de faire son entrée triomphale en scène. Cette pilule est considérée comme donnant la puissance du “Niagara”, dans le domaine sexuel. Aujourd’hui, la grande folie est le “Xenical” considérée comme la pilule amaigrissante, car elle fait pisser la graisse.
Tout cela se passe gentiment, de bouche à oreille, grâce au téléphone arabe. Et le plus souvent, on ne consulte même pas de médecin. Ces dames et ces messieurs échangent leurs expériences, se passent le tuyau sans aucune analyse médicale, sans aucun contrôle préalable.
Tout le monde devient son propre médecin.
Bien qu’encore - du moins officiellement - invendue au Liban, les Libanais se débrouillent pour se la faire acheter de l’étranger.
Le ministère de la Santé ne doit-il pas quelques explications aux citoyens?
Il y a eu la pilule de la veille, la pilule du jour, la pilule du lendemain.
Celle que tout le monde attend avec impatience, c’est la pilule à faire repousser les cheveux...

***


TONDRE ET NE PAS ÉCORCHER
Tout le monde déteste l’impôt.
C’est compréhensible et excusable.
Mais on ne peut contester la nécessité de l’impôt et son principe.
Pour le fonctionnaire et le salarié, l’assiette de l’impôt ne semble pas toujours s’apparenter à la “balance de la justice”.
Il y a, certes, un apport civilisateur de l’impôt quand il est raisonnable. L’impôt dans les pays civilisés a rendu la vie plus supportable aux pauvres et réduit les écarts dans le niveau de vie. C’est grâce à l’impôt que l’éducation, la santé, le sport sont devenus accessibles à toutes les classes de la société.
L’impôt est autre chose qu’un procédé inventé par les gouvernements pour s’approprier les ressources des contribuables.
Mais il est des cas où la technique de l’impôt indirect favorise les riches et oppresse les classes les moins favorisées.
Le Liban devrait reviser, entièrement, sa politique fiscale et se conformer au dicton latin: “Le bon pasteur doit tondre les brebis et non les écorcher”.

***


LIRE EST DEVENU UN SUPER LUXE AU LIBAN
Les gens ne lisent plus. Ni livres, ni journaux. Ils regardent des photos dans des magazines illustrés et se les passent de main en main, soit entre voisins, soit chez le coiffeur.
Les Libanais se plaignent de la cherté des livres en premier; des journaux et des hebdomadaires même locaux.
Savent-ils, pourtant, ce qu’il en coûte pour sortir un journal ou un hebdomadaire?
Le prix de vente de la Presse au Liban est inférieur au prix de revient du papier utilisé.
C’est-à-dire que le papier non imprimé au poids est déjà plus cher que le prix de vente, avant la fabrication du journal ou de l’hebdomadaire.
Ce ne sont donc pas les journaux qui coûtent chers, mais ce sont les revenus des Libanais qui ont baissé d’une manière drastique.
Il faudrait, pour attirer les lecteurs, publier autre chose que les nouvelles qui sont dispensées à longueur de journées par les chaînes de TV internationales et les radios.
C’est à cette seule condition que la Presse écrite au Liban survivra.
 
TOUT VA TRÈS BIEN, MADAME LA MARQUISE
A titre exceptionnel et à la demande de nombreux lecteurs qui ont souhaité avoir le texte qui exprime bien la situation dans laquelle se débat le Liban, voici les paroles de cette chanson, de Ray Ventura, qui est toujours chantée par de nombreux scouts et guides.

Madame la Marquise
1. Allô, allô, James, quelles nouvelles,
Absente depuis quinze jours,
Au bout du fil, je vous appelle,
Que trouverai-je à mon retour?
Tout va très bien, Madame la Marquise
Tout va très bien, tout va très bien,
Pourtant il faut, il faut que l’on vous dise
On déplore un tout petit rien
Un incident, une bêtise,
La mort de votre jument grise
Mais à part ça, Madame la Marquise
Tout va très bien, tout va très bien.

2. Allô, allô, James, quelles nouvelles,
Ma jument grise morte aujourd’hui
Expliquez-moi, valet fidèle,
Comment cela s’est-il produit?
Cela n’est rien, Madame la Marquise
Cela n’est rien, tout va très bien
Pourtant il faut, il faut que l’on vous dise
On déplore un tout petit rien
Elle a péri dans l’incendie
Qui détruisit vos écuries
Mais à part ça, Madame la Marquise...

3. Allô, allô, James, quelles nouvelles,
Mes écuries ont donc brûlé
Expliquez-moi, valet modèle,
Comment cela s’est-il passé
Cela n’est rien, Madame la Marquise...
Si l’écurie brûla, Madame,
C’est que le château était en flammes
Mais à part ça, Madame la Marquise...

4. Allô, allô, James, quelles nouvelles!
Notre château est donc détruit!
Expliquez-moi, car je chancelle,
Comment cela s’est-il produit
Eh! bien voilà, Madame la Marquise,
Apprenant qu’il était ruiné
A peine fut-il rev’nu de sa surprise
Que M’sieur l’Marquis s’est suicidé
Et c’est en ramassant la pelle
Qu’il renversa toutes les chandelles,
Mettant le feu à tout le château
Qui s’consuma de bas en haut,
Le vent soufflant sur l’incendie
Le propagea sur l’écurie,
Et c’est ainsi qu’en un instant
On vit périr votre jument
Mais, à part ça, Madame la Marquise...


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