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Au parlement, réuni en séance plénière pour
approuver à mains levées sa candidature. Aurait-on pu imaginer,
par le passé, les députés syriens s’exprimant en si
grand nombre? La loi du silence était plutôt la règle
d’or.
Plus de deux cents membres de l’Assemblée ont pris la parole,
au point que le président du parlement Abdel-Kader Kaddourah a dû
rappeler à ses collègues que, “si la parole est d’argent,
le silence est d’or”, avant de rappeler le dicton arabe: “Les meilleures
paroles sont les plus courtes”. Vu le nombre élevé d’orateurs,
le vote, initialement prévu pour le lundi 26, a dû être
retardé de 24 heures.
Dans leur intervention, tous les parlementaires ont rendu hommage au
“grand disparu” et apporté leur plein appui au Dr Bachar. Lorsque
le premier orateur a eu la malencontreuse idée de vouloir jouer
au démocrate, en relevant un vice de forme dans l’abaissement de
l’âge minimal (à 34 ans), pour accéder à la
présidence, il fut assailli par de vives protestations de la part
de ses collègues au point d’être contraint à s’excuser.
Dès la séance d’ouverture de la session parlementaire,
un comité ad hoc de soixante-dix membres avait été
formé, afin d’approuver la candidature du Dr Bachar présenté
par le parti Baas. Et c’est par un vote unanime à mains levées,
que l’Assemblée a acclamé le général Bachar
Assad.
Cette procédure était de pure forme. Car déjà
quelques heures après la mort de son père, le jeune médecin
ophtalmologue était déjà nommé commandant en
chef des forces armées. Un poste clé dans un pays où
les militaires jouent un rôle politique de premier plan.
Le jour des funérailles, le peuple, aussi, avait déjà
plébiscité le “dauphin” et toutes les autres procédures
n’ont fait qu’entériner des décisions prises au préalable
en haut lieu, en vue “d’assurer le changement, la continuité”.
Et lors du vote, la foule massée devant le parlement clamait:
“Nous te voulons, ô Bachar”.
Dans le climat de changement qui souffle sur la Syrie, “le mouvement
des frères musulmans”, interdit depuis le milieu des années
80, a appelé le nouveau pouvoir à Damas à saisir “la
chance historique” de tourner la page, en respectant “les droits de l’homme”
et “le pluralisme politique”. “Nous soutiendrons toute mesure en ce sens,
en considération des intérêts supérieurs du
pays”, déclare Ali Sadreddine al-Bayayouni, chef du mouvement islamiste
sunnite.
Sur un tout autre plan, une première ébauche de libéralisation
économique vient de pointer: les banques étrangères
ont été autorisées à opérer dans les
zones franches, un premier signe d’ouverture depuis la nationalisation
des banques en 1963.
Il faut dire que, depuis la formation du gouvernement Miro en mars
dernier, la Syrie multiplie les mesures légales et fiscales pour
attirer les investissements privés.
Le ministère du Tourisme vient d’annoncer que les projets touristiques
du secteur privé seraient approuvés dans un délai
maximum de quinze jours, alors qu’une telle décision nécessitait
auparavant plusieurs mois. La Banque mondiale et la Société
financière internationale (SFI, filiale de la BM, chargée
du soutien au secteur privé), se sont, pour leur part, déclarées
disposées à fournir des études de conseil sur tous
les aspects visant à soutenir les investissements en Syrie. D’après
le quotidien officiel “Techrine”, Damas a accueilli, favorablement, cette
proposition qui répond aux ambitions du futur chef d’Etat: moderniser
le pays, réformer ses structures et l’engager sur la voie du libéralisme
économique.