UNE FAUSSE SORTIE | ||
Israël
recommence à faire des siennes, si tant est qu’il ait jamais cessé
d’en faire. Après avoir opéré un retrait spectaculaire
à grands renforts publicitaires et une campagne de remodelage de
son image de marque, après avoir fait croire au monde entier qu’il
mettait un terme à son conflit avec le Liban en obéissant
aux injonctions de la 425, le voilà qui remet sur le tapis le tracé
des frontières libanaises que l’on définissait jusqu’à
présent comme “internationalement reconnues”. Pour le coup, le Conseil
de Sécurité ne s’en laisse plus conter et lui enjoint de
mettre fin à ses incessantes violations.
Selon son habitude - habitude qui a fait ses preuves - quand il est dans son tort ( et il l’est toujours), Israël entreprend d’ergoter. Il quitte une enclave pour investir une autre, complique la situation à plaisir, demande des précisions écrites, construit des murs, creuse des tranchées, ouvre des routes et fait courir les experts de l’ONU d’un bout à l’autre d’une frontière transformée en gruyère, avec l’espoir qu’il finira par avoir Libanais et Onusiens à l’usure. Est-ce à dire que notre gouvernement ait raison de s’obstiner dans un refus sans nuances et de continuer à donner du poing sur la table? Les arguments, sans cesse ressassés par Beyrouth, tiennent-ils la route? Peut-être pas, dans la mesure où c’est là justement que les stratèges de Tel-Aviv veulent nous amener. C’est-à-dire à une scène vide qui leur permet tous les prétextes et toutes les manipulations (y compris les provocations), sans pour autant se faire taper sur les doigts par les Nations Unies et sans indisposer l’opinion publique internationale. Il faut dire que notre refus de faire appel à l’armée n’est pas le fruit d’une décision autonome. Les Syriens n’en ont jamais voulu. Même à supposer que le Dr Bachar Assad veuille infléchir cette politique dans un sens plus flexible, il ne pourra pas le faire avant le référendum qui l’installera, légalement, à la présidence et aussi avant de constituer autour de lui un brain-trust personnel, tout en ménageant les indéracinables, hérités de son père. En attendant, au Sud si chèrement récupéré, c’est un peu le théâtre de l’absurde où le rideau se lève sur une scène déserte, mais grouillant d’ombres confuses dans les coulisses. L’action ne se passe nulle part. D’ailleurs, il n’y a pas d’action. Il n’y a pas non plus de personnages, rien que ces ombres mal grimées qui récitent toutes en même temps des monologues auxquels personne ne comprend rien. Ils sont tellement mauvais, que les souffleurs quittent leur cage pour les empêcher d’entrer, après quoi ils se mettent à la recherche d’un metteur en scène, lequel est lui-même en quête d’un producteur. Finalement, ce sont les machinistes, laissés les mains libres, qui demeurent seuls maîtres des ficelles à tirer. Nous les avons vus faire leurs griffes, ces machinistes, sur une délégation jordanienne qu’ils ont prise pour cible à l’aide de balles réelles. Explication du commandement israélien: les soldats ont tiré sur des éléments qui tentaient de s’infiltrer en Israël. Reste à savoir pour quelle absurde raison des Jordaniens tenteraient-ils de s’infiltrer en Israël à travers un champ miné à saturation, alors qu’ils pourraient passer en Israël par la Jordanie en toute sécurité? Et comment se fait-il que ces kamikazes aient tous été atteints dans le dos? Peut-on s’infiltrer à reculons ou bien s’agissait-il d’acrobates, voire d’écrevisses? C’est là un échantillon de ce que pourrait, en mettant à profit ce vide, entreprendre Israël en toute impunité. A cela vient s’ajouter un élément psycho-atavique. Il existe, en effet, dans les gènes de l’Etat hébreu un facteur déformant qui le porte à considérer tant le Liban, la Syrie que la Jordanie comme des pays artificiels qui, à l’origine, faisaient partie de la Palestine, c’est-à-dire d’Israël et que, par conséquent, les héritiers du bon Dr Theodor Herzl s’auto-confèrent sur ceux-là un “droit de cuissage” à la fois politique, historique et géographique. Partant de là, les atermoiements et l’attentisme que pratiquent nos autorités, depuis le retrait israélien, ne sont pas vraiment à notre avantage. Il leur faut du temps pour se retourner, argumentent-ils. Et d’ailleurs, le président Mitterrand ne disait-il pas “qu’il faut donner du temps au temps”? C’est juste, en d’autres circonstances et avec d’autres gens. Mais pas avec des sionistes dont le livre de chevet demeure “LES PROTOCOLES DES SAGES DE SION” où entre autres, il est souligné que “Si nous donnons aux peuples le temps de respirer, le moment favorable n’arrivera peut-être jamais”. |