ESPOIR DE DÉTENTE AU SUD

La semaine courante a été marquée par des développements ayant leur importance et leur signification, en tête desquels s’inscrit la visite que cheikh Hassan Nasrallah, secrétaire général du “Hezbollah”, a effectuée aux présidents de la République, de la Chambre et du Conseil au palais de Baabda, à Aïn el-Tiné et au Grand Sérail.


L’arrivée des Casques Bleus ukrainiens.

Ceci traduit le souci du “parti de Dieu” de montrer à l’opinion publique qu’il s’engage dans une nouvelle étape au plan de la chose publique.
Les positions proclamées par le chef des “Hezbollahis” à l’issue de sa première visite au palais de Baabda depuis sa nomination en tant que secrétaire général du “Hezbollah” vers la moitié des années 90, ont confirmé son désir de se préoccuper des questions d’ordre politique interne, après la libération du Sud, ce qui exige la renonciation au procédé militaire dans l’action du mouvement chiite.
En réponse à une question, cheikh Nasrallah a précisé que le “Hezbollah” est un parti politique. “Actuellement, a-t-il ajouté, les gens sont pris par la campagne électorale. Après les législatives, nous nous intéresserons de plus près aux problèmes intérieurs et tenterons d’être davantage au service de notre patrie et de notre peuple.
Selon des sources renseignées, le parti ambitionne de faire partie du futur Cabinet et pense pouvoir y être représenté par un ou deux ministres, le nombre des portefeuilles qui lui seraient attribués dépendant du nombre des sièges qu’il occupera au parlement.
D’ores et déjà, le “Hezbollah” a mis en branle une machine électorale plus importante que celle des législatives de 92 et 96. Il espère disposer d’un bloc comptant plusieurs parlementaires, tout en sachant que certains milieux propagent des rumeurs malveillantes visant à discréditer ses candidats.
Maintenant que les dates du scrutin ont été fixées par le ministre de l’Intérieur, M. Michel, Murr aux 27 août et 3 septembre et qu’il a transmis au Conseil des ministres le projet de décret convoquant les collèges électoraux, les candidats vont entrer en lice, alors que les fractions ayant tendance à boycotter les élections commencent à se manifester. La première prise de position, à ce sujet, est celle qu’a proclamée le Bloc national, à l’issue de la réunion de son comité exécutif tenue mardi sous la présidence de M. Joseph Mrad, en présence du “amid” Carlos Eddé; du président du parti, M. Edmond Chbeir et Ibrahim Stéphane, secrétaire général.

LE B.N.: PARTICIPATION OU BOYCOTTAGE?
Après délibérations, rapporte le communiqué diffusé à cette occasion, les décisions suivantes ont été prises: 1) des commissions ont été chargées d’étudier les sujets de la participation au scrutin ou son boycottage, en recueillant l’avis des membres du parti, de ses amis et alliés. Le comité exécutif a maintenu sa réunion ouverte afin de suivre tous les développements et de prendre connaissance des rapports qu’établiront les commissions d’études. Cette position du B.N. reflète un désir indirect de participer aux législatifs au double plan des candidatures et du vote; elle se clarifiera incessamment.
Par ailleurs, des proches de M. Murr lui attribuent une déclaration dont il ressort qu’il accepterait de prendre sur sa liste un candidat des Kataëb au Metn-Nord, qu’il s’agisse du leader de ce parti ou de n’importe quel autre de ses membres.
Quant au “courant aouniste”, il a réclamé l’ajournement des élections et, dans le cas contraire, il les boycotterait.
Quoi qu’il en soit, on s’attend que la formation des listes prenne du temps, cette fois bien qu’une première formation ait été constituée dans la circonscription de Zahlé, dans une proportion de 99%. Cette liste comprend les députés actuels de Zahlé, à l’exception de M. Chaouki Fakhoury qui serait remplacé par M. Mikhaël Debs, alors que M. Georges Kassarji semble devoir représenter l’électorat arménien.
Il y a lieu de signaler, à ce sujet, l’alliance “Amal”- “Hezbollah” annoncée à l’occasion de la rencontre entre le président Nabih Berri et cheikh Hassan Nasrallah. Les deux hommes se sont déclarés “associés dans la Résistance, comme dans la libération et les élections législatives”.
“Nous avons besoin aujourd’hui plus que jamais de raffermir l’unité nationale, a dit cheikh Nasrallah, car nous avons à affronter de grandes échéances. D’autant que le Liban reste sous la menace sioniste qu’il ne peut mettre en échec en dehors de l’unité et de la résistance.”
En ce qui a trait aux empiètements israéliens dans la région frontalière, le président de la République s’est dit satisfait de la reconnaissance, par le Conseil de Sécurité, des violations israéliennes, ceci prouvant que la résolution 425 n’a pas été appliquée intégralement. Aussi, le chef de l’Etat s’attend-il à ce que l’organisation internationale force l’Etat hébreu à retirer ses forces jusqu’aux frontières libanaises internationalement reconnues.
Dans le même ordre d’idées, il y a lieu de faire état des déclarations faites par le président Berri devant le conseil de l’Ordre des journalistes qu’il a reçu mardi matin, dans lesquelles il a révélé la teneur de son entretien avec M. Kofi Annan, secrétaire général de l’ONU.
Pour en revenir aux législatives, on signale, dès à présent un début de tension dans la seconde circonscription du Nord (Tripoli-Zghorta-Batroun-Koura). Une guerre des nerfs y est entretenue, les milieux proches des candidats faisant propager des rumeurs en vue de discréditer l’adversaire.
Ainsi, a été annoncé le désistement de M. Samir Jisr de la bataille, ce dernier étant proche du président Rafic Hariri. Mais M. Sleiman Frangié, ministre de l’Agriculture, s’est hâté de démentir l’information.
A Beyrouth, les listes restent dans l’ensemble à l’état de projet, aucune d’elles n’ayant été complétée jusqu’à ce jour.
Fait à signaler: parmi les membres du gouvernement, M. Najib Mikati, ministre des Travaux publics et des Transports, est le seul à avoir posé sa candidature à Tripoli, alors qu’au Sud seul, M. Habib Sadek, ancien député, a présenté la sienne.

QUID DU DÉPLOIEMENT DE L’ARMÉE?
Pendant ce temps, les tractations se poursuivent autour des empiètements israéliens, car en dépit d’une promesse formelle de Ehud Barak faite au secrétaire général des Nations Unies, “Tsahal” continue à occuper les mêmes positions et ses patrouilles ne cessent d’apparaître à proximité du tracé frontalier, ce qui est interprété comme autant de provocations.
Cependant, avec l’arrivée de cinquante Casques Bleus ukrainiens spécialisés dans le déminage, on s’attend que des progrès soient réalisés incessamment, ce qui permettrait de déployer nos forces régulières, dont un bataillon a été constitué par décision du Conseil des ministres. Ce qui serait fait dans le courant de la semaine prochaine.
A ce propos, M. Annan a informé les responsables libanais que les Israéliens maintiennent certaines positions le long du cordon frontalier, sous prétexte d’assurer une couverture aux kibboutzim situés à quelques kilomètres, donc à la portée des tirs du “Hezbollah” et d’autres résistants... Mais les dirigeants libanais ont rejeté cet argument et exigé l’application de la 425 qui ne reconnaît à l’Etat hébreu aucun droit au plan territorial. En fait, un différend oppose toujours le Liban aux Nations Unies à propos de la “ligne bleue” qui est violée par Israël en dix-sept points. Tant que ce différend n’est pas liquidé, les experts de l’ONU et ceux de l’Armée libanaise se trouveront dans l’impossibilité de s’acquitter de leur mission qui consiste à vérifier le retrait israélien.
Tout compte fait, le Liban refuse de céder sur ce chapitre et exige, en plus, la libération des Libanais détenus dans les prisons israéliennes, sans perdre de vue le cas des réfugiés palestiniens à qui Israël ne veut pas reconnaître le droit de retour à leur terre. L’unique nouveauté à mentionner à ce sujet, est la nomination par le secrétaire général de l’ONU, d’un émissaire spécial (de nationalité française) ayant pour mission de dissiper tous les “malentendus” - le mot est de M. Annan - pour pouvoir pacifier le Sud d’une manière définitive.

NADIM EL-HACHEM

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