Lorsqu’une artère du cerveau se bouche, cela conduit à
une attaque ou accident vasculaire. Les conséquences sont la paralysie
complète ou incomplète de la moitié du corps, associée,
parfois, à des troubles du langage. Quelquefois, la rééducation
consiste à apprendre aux patients à compenser avec leur côté
sain pour les besoins de leur vie quotidienne. Une nouvelle technique de
kinésithérapie permettrait de retrouver l’usage des membres
paralysés. C’est ce qu’indiquent les résultats d’une étude
publiée dans la revue Stroke. Ils suggèrent que le cerveau
peut recréer des réseaux de connexion, même plusieurs
années après l’accident. C’est la première fois que
de tels résultats sont découverts chez l’homme.
Treize malades ont suivi un programme intensif de rééducation
sur 12 jours avec six heures d’exercice quotidien utilisant le bras ou
la jambe paralysés en maintenant attachés les membres sains.
Les résultats étaient très positifs, puisque la plupart
des patients ont pu à nouveau se brosser les dents, se raser ou
se coiffer et retrouver progressivement l’usage de la marche.
Pour tenter de comprendre à quoi sont dus ces résultats
spectaculaires, les chercheurs ont analysé le cerveau de ces personnes
avant et après le traitement. Ils ont mesuré l’activité
du cortex, qui est le siège de l’initiation des mouvements. Ils
ont découvert que la zone touchée par l’accident avait quasiment
doublé de volume après la rééducation. Six
mois après, cette zone gardait toujours une activité cérébrale
importante et les progrès musculaires étaient toujours là.
Il reste à déterminer ce qui se passe exactement dans le
cerveau: si de nouveaux circuits sont créés ou si les anciens
circuits détruits se reconstituent. D’autres questions se posent:
cette technique peut-elle profiter à tous? Et à quel moment
après l’accident faut-il commencer la rééducation?
Une autre étude sur un plus grand nombre de personnes va être
menée sur 5 ans pour tenter d’y répondre. En attendant, il
ne faut jamais baisser les bras face à la maladie.
DU NOUVEAU POUR LA MALADIE D’ALZHEIMER
La maladie d’Alzheimer (décrite en 1907 par le docteur Alois Alzheimer) est la principale cause de démence. La démence augmente rapidement avec l’âge. Elle touche 2% des personnes de 65 à 70 ans et 20% des plus de 80 ans. Elle commence avec des troubles discrets de la mémoire, de la parole, de la capacité de calcul; puis, viennent des comportements excentriques, une marche à petits pas en traînant les pieds pour finir complètement déconnecté du monde ne pouvant plus se concentrer, se souvenir, reconnaître ses proches ou se déplacer. Tout cela évolue lentement et progressivement sur une dizaine d’années environ. Lorsqu’on observe le cerveau des malades à l’IRM, on voit une diminution de sa taille avec un élargissement des sillons. Les malades les plus célèbres sont Ronald Reagan et Rita Hayworth. Le mécanisme complet à l’origine de la maladie demeure inconnu. Ce qu’on sait, c’est qu’elle est due à des dépôts toxiques dans les cellules du cerveau qui provoquent la mort de ces cellules. Cela survient lorsqu’une protéine est coupée en deux endroits par des enzymes. Ces zones où la coupe survient sont en position béta et gamma. C’est pourquoi on a appelé les enzymes béta secrétase et gamma sécrétase, sans savoir à quoi elles ressemblent. L’année dernière, un des deux ciseaux chimiques, la béta secrétase, a été découverte. Tout récemment, des chercheurs ont rapporté dans la revue scientifique Nature qu’ils avaient identifié la gamma sécrétase. D’après eux, il s’agirait d’une enzyme déjà connue pour provoquer des Alzheimer héréditaires chez des personnes très jeunes, âgées de 30 à 40 ans, d’où son nom de préséniline. Selon eux, la préséniline serait la gamma sécrétase, responsable de toutes les formes d’Alzheimer. Dans le même temps, d’autres chercheurs de la Harvard Medical School sont parvenus aux mêmes conclusions et ce, de façon tout à fait indépendante des premiers. Si les deux bras des ciseaux sont connus, on pourra essayer de trouver un médicament qui les empêche d’agir. C’est ce qu’on appelle un inhibiteur. Il s’agit d’une véritable avancée dans la connaissance de cette maladie et d’une voie de recherche de traitement tout à fait sérieuse. Certains vous diront que “c’est dément!”.
L’ADN, trois lettres magiques qui renferment tous nos secrets d’êtres vivants. Mais qu’est-ce que l’ADN? Ce sont les initiales d’acide désoxyribonucléique, le constituant principal des chromosomes. Chaque cellule de notre organisme porte dans son noyau 23 paires de chromosomes, héritées pour moitié de la mère et pour l’autre du père, comprenant 3 milliards de bases chimiques. C’est la 23ème paire qui détermine le sexe. Le génome humain contiendrait 20 à 100.000 gènes, tous présents en langage codé dans toutes les cellules du corps. Un gène est un fragment d’ADN qui code pour la fabrication de protéines nécessaires à tous les processus vitaux. Le code comprend 4 lettres A, C, G et T. Différentes versions d’un même gène, les allèles, déterminent la couleur des yeux ou des cheveux. Or, une cellule n’utilise que 10 à 20% de ses gènes en même temps. Le plus passionnant est qu’il existe une technique qui permet de savoir quels gènes sont en activité dans une cellule, un peu comme si on pouvait regarder quelle lampe est allumée et laquelle est éteinte à un temps donné. Une cellule est la résultante des gènes qu’elle utilise. C’est ainsi qu’une cellule de la peau utilise un certain nombre de gènes différents de ceux qu’utilise une cellule du foie. De même, une cellule normale utilise un différent type de gènes qu’une cellule cancéreuse. Ceci ouvre des possibilités infinies où la réalité dépasse la fiction. On pourra détecter des maladies avant qu’elles se manifestent, donner des médicaments à la carte adaptés à chaque individu ou encore découvrir toutes sortes de maladies inconnues. On pourrait différencier les cancers de la prostate mortels de ceux qui ne le sont pas, les neurones d’un cerveau dépressif de ceux d’un cerveau normal, les cheveux qui entraîneront une calvitie et ceux qui ne le feront pas. Le but ultime est de pouvoir décoder tout le génome et connaître les mécanismes à l’origine de toutes les maladies. On pourra non plus soigner, mais guérir complètement les maladies articulaires, le diabète, l’Alzheimer ou le cancer. Cela peut prendre 10 ans ou plus, mais le plus probable est que cela devrait voir le jour de notre vivant. Espérons, ardemment, que ces fabuleuses découvertes seront utilisées à bon escient.