Alors que le ministre de l’Intérieur, M. Michel Murr, fixe les
dates définitives du scrutin et incite les citoyens à retirer
leur carte d’électeur, les listes de candidats commencent à
se former. Bien que certains partis, tel le Bloc national, prennent leur
temps pour définir leur position envers les législatives.
A la fin de la semaine écoulée, un fait politique important
s’est produit; il a consisté en une décision de M. Walid
Joumblatt, leader du Parti socialiste progressiste, qui a mis fin à
son alliance avec M. Zaher el-Khatib, député du Chouf, en
le remplaçant sur sa liste par le Dr Mohamed Hajjar, proche de M.
Rafic Hariri. Tout en maintenant le candidat sunnite, M. Alaa Terro, ces
deux candidats se réclamant de la communauté sunnite.
A la lumière de ce développement inattendu, on s’attend
à la mise sur pied d’une liste concurrente à celle de M.
Joumblatt; celle-ci grouperait Me Naji Boustany, Zaher el-Khatib et d’autres
noms connus.
Ceci pourrait se répercuter sur la circonscription d’Aley-Baabda
où M. Joumblatt doit constituer une liste avec ses alliés,
face à celle que formera l’émir Talal Arslan. Dans cette
circonscription, toute alliance s’avère difficile, voire impossible,
en raison des forces antagonistes en présence. C’est pourquoi, il
faut prévoir un panachage des listes plus que partout ailleurs.
La liste de l’émir Talal, semble devoir grouper deux autres
candidats druzes: MM. Akram Chéhayeb et un représentant de
la famille Aouar, alors que le candidat grec-orthodoxe serait Amid Ahd
Baroudy, les maronites devant être représentés par
MM. Elie Hobeika, Jean Ghanem, Pierre Hélou et le Dr Pierre Daccache.
Les candidats chiites seraient désignés par “Amal” et le
“Hezbollah”. Quelques noms pourraient être remplacés in extremis
dans l’une et l’autre liste, tels M. Baroudy qui serait remplacé
par M. Marwan Abou-Fadel, alors que M. Antoine Andraos, cèderait
sa place à un autre candidat sur la liste joumblattiste.
Quoi qu’il en soit, le climat électoral bat déjà
son plein et s’est manifesté d’une manière brutale au sein
des commissions parlementaires, au moment où celles-ci ont institué
un débat autour du projet gouvernemental prévoyant la fusion
de certains départements ministériels et organismes
étatiques.
Ainsi, le bloc haririen a pris à partie le Cabinet Hoss et M.
Hariri lui-même a qualifié le projet controversé “d’hérésie
constitutionnelle”. L’ancien président du Conseil et ses colistiers,
ont relevé les avantages du maintien du Conseil exécutif
des grands projets de Beyrouth en tant qu’organisme autonome, tout en dénonçant
la décision du Cabinet de rattacher ce conseil au CDR sous l’appellation
de Conseil national de la planification. Cependant, le vice-président
du Conseil présent à la réunion des commissions, a
rappelé que M. Hariri avait élaboré un projet rattachant
le CEGPB au ministère des Travaux publics. Et en ce qui concerne
la “constitutionnalité” du projet gouvernemental, M. Murr a dit
que seul le Conseil constitutionnel est habilité à se prononcer
sur la question. “De toute façon, a-t-il poursuivi, l’Assemblée
nationale siégeant en séance plénière, a toute
latitude d’apporter au projet gouvernemental les modifications qu’elle
juge nécessaires.
Bien que MM. Hariri et Murr se soient rencontrés au domicile
de l’ancien Premier ministre à Koraytem pour débattre de
ce point précis, M. Hariri a donné des instructions à
ses bureaux électoral et médiatique, pour poursuivre la campagne
contre la fusion des ministères et de certains organismes étatiques.
Pour en revenir à l’exclusion de M. Zaher el-Khatib de la liste
joumblattiste, celui-ci a déclaré: “Je suis partisan d’un
projet national de réforme. Aussi, le peuple est-il appelé
à prendre la décision qu’il juge valable; c’est pourquoi,
il est tenu de se rendre aux urnes pour désigner ses représentants
authentiques”.
Dans la circonscription de Zahlé, il semble que M. Chaouki Fakhoury
ait été écarté de la liste de M. Elie Skaff,
M. Mikhaël Debs ayant été désigné à
sa place. Pour le candidat chiite, plusieurs noms sont cités, dont
celui de M. Mohsen Dalloul.
Toujours au plan intérieur, le président Salim Hoss poursuit
son action diplomatique, en vue de réunir la conférence des
pays donateurs - ceux du G7 - prévue fin juillet, pour obtenir les
fonds nécessaires à la reconstruction du Liban-Sud après
sa libération.
Dans le même temps, le chef du gouvernement s’emploie à
épurer l’administration. De fait, il a procédé au
remplacement du conseil d’administration de l’Office de l’électricité.
Certains milieux ont tenté, vainement, de susciter le doute
quant aux intentions du Pouvoir en procédant à un mouvement
administratif à l’approche des législatives. Il a été
rappelé, à ce propos, que la réforme et l’épuration
des services étatiques avaient été entamées
plusieurs mois avec les élections générales, plus
exactement depuis le discours présidentiel d’investiture. Aussi,
faut-il s’attendre à l’ouverture de nouveaux dossiers, après
celui de l’OEL, touchant diverses institutions officielles, tant financières
qu’administratives, l’opération devant s’effectuer sur la base du
principe “de la récompense et du châtiment”.
Ainsi, le limogeage de l’ancien conseil d’administration de l’OEL a
été décidé, suite à la négligence
de certains de ses membres qui s’est traduite par de nouvelles pannes de
courant dans la capitale et les autres régions. Cette négligence
a été établie par rapport à l’achat du fuel
et au retard mis à réparer les installations électriques.
Par ailleurs et au plan des relations libano-syriennes, on s’attend
que les concertations reprennent aussitôt après le référendum
(de lundi prochain) devant consacrer l’accession du Dr Bachar Assad à
la présidence de la République.
En effet, on parle d’un sommet libano-syrien avant fin juillet qui
serait consacré à un tour d’horizon sur la conjoncture régionale
et l’opération de paix, en prévision de l’étape future.