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fêter leur nouveau président. |
Depuis la mort du président Hafez Assad le 10 juin, son fils
cadet et dauphin Bachar a franchi, en l’espace d’un mois, comme une lettre
à la poste, toutes les étapes vers la magistrature suprême,
tel que l’avait voulu et programmé feu son père, sentant
sa fin prochaine. Aucune ombre au tableau et les invectives de Rifaat Assad
sur la chaîne de télévision ANN que dirige son fils,
ne semblent inquiéter personne. Pour l’heure du moins.
Promu général, le Dr Bachar est désigné
commandant en chef des forces armées; puis, secrétaire général
du Baas, parti au Pouvoir depuis 1963.
Le Conseil du Peuple (parlement) approuvait par la suite, à
l’unanimité, la candidature du jeune ophtalmologue de 34 ans à
la présidence de la République.
Le référendum du 10 juillet est venu tout naturellement
“couronner” cette procédure sans faille. D’ailleurs, le peuple avait,
spontanément, plébiscité le “dauphin” le jour même
des funérailles de Hafez Assad qui a “régné” sur la
Syrie durant trente ans.
Pour cela, la presse occidentale a qualifié le référendum
du 10 juillet “d’intronisation”.
ABSENCE D’ISOLOIR ET VOTE SYMBOLIQUE
Les Syriens sont venus par millions cocher le “oui”, à découvert
- les isoloirs étant inexistants - sur le bulletin de référendum
et certains ont tenu à le marquer de leur sang. Ouverts dès
sept heures du matin, les bureaux de vote n’ont pas désempli de
la journée et leur ouverture fut prolongée jusqu’à
22 heures.
Autour de dix heures, Bachar Assad est arrivé au volant de sa
Mercedes devant l’école Bassel Assad pour y déposer son bulletin.
Il affirme avoir choisi, volontairement, ce bureau de vote, car c’est en
cette école dépendant autrefois du Lycée français,
qu’il a fait ses études primaires et secondaires. Accueilli par
le ministre de l’Information, acclamé par la foule, il remercie
les enseignants de l’établissement scolaire leur disant: “J’ai grandi
et étudié dans cette école et je suis venu lui témoigner
ma reconnaissance. La réussite tout comme l’échec dans la
vie proviennent de deux sources: l’école et la famille. Je vous
suis redevable de cet appui et de cette affection que le peuple me témoigne”.
Tous les hauts responsables du pays ont de même fait des déclarations
en déposant leur bulletin. Pour le Premier ministre, Moustapha Miro,
“cette journée a plusieurs significations. Sur le plan politique,
elle confirme l’unité nationale et l’attachement à son nouveau
leader, aux directives et principes du grand disparu, Hafez Assad”.
M. Farouk Chareh, ministre des Affaires étrangères, devait
réaffirmer “l’engagement de la Syrie dans le processus de paix,
selon les principes établis à Madrid. Damas, dit-il, est
décidée à aller de l’avant, conformément aux
résolutions de l’ONU. Le “oui” à Bachar est un choix national
visant à libérer la terre et à recouvrer tous nos
droits”.
Le dépouillement des votes. |
le nouveau président. |
AU LIBAN, EN L’ABSENCE D’UNE CHANCELLERIE
Au Liban, plusieurs bureaux de vote avaient été installés
à Beyrouth et dans les mohafazats pour permettre au million de travailleurs
syriens résidant au pays des Cèdres de remplir leur devoir
national. Cette mesure a suscité des réactions de la part
de certains partis politiques libanais, dont le Parti national libéral
et les Forces Libanaises dissoutes.
Il faut dire que, dans les autres pays, les Syriens ont déposé
leur bulletin dans les représentations diplomatiques de leur pays.
L’absence d’échange diplomatique entre le Liban et la Syrie, est
une faille qu’on ne peut que déplorer une fois de plus et réclamer
qu’elle soit comblée au plus vite, afin de normaliser la situation
entre les deux pays.
Un fait encore plus incompréhensible: les visites rendues par
de nombreux leaders politiques libanais à ces bureaux de vote. Ils
sont venus obtenir la bénédiction de Damas pour les législatives.
Peut-on à ce point perdre le sens de toute dignité nationale?
Dès la fermeture des bureaux de vote à 22 heures, le
dépouillement des bulletins a commencé sur-le-champ. Le mardi
11 juillet en fin de matinée, M. Mohamed Harba, ministre de l’Intérieur,
proclamait les résultats officiels: la participation au référendum
a été de 94,59%, le oui ayant obtenu 97,29%.
Les résultats étaient, ensuite, transmis au Conseil du
Peuple qui s’est réuni le jour même à 18 heures pour
les entériner. M. Abdel-Kader Kaddoura, chef du parlement, proclamait
officiellement Bachar Assad président de la République syrienne.
D’un seul élan, les parlementaires l’ont longuement ovationné,
debout, certains scandant: “Par notre âme, par notre sang, nous nous
sacrifierons pour toi, ô Bachar”.
Le 17 juillet, Bachar Assad prêtera le serment constitutionnel.
Chareh: “Le “oui” à Bachar est un choix national
visant à libérer la terre et à
recouvrer tous nos droits.”
Les résultats:
9.442.054 citoyens étaient appelés à ce référendum. 8.931.623, y ont participé, soit 94,59%. 8.689.871 ont dit “oui”, soit 97,29%. 22.439 ont dit “non”, soit 2,51 pour 1000. 219.313 bulletins ont été déclarés nuls. Sur le plan interne: préserver l’unité des rangs et moderniser le pays. Mettre fin à la lourdeur bureaucratique, lutter contre la corruption, s’orienter vers le secteur privé, afin de donner du tonus à la vie économique du pays. Sur le plan externe: deux dossiers majeurs: 1- Le processus de paix. Même si le nouvel élu reprend pour l’heure les thèses de son père, il n’est pas prisonnier de ces options, tel que l’était devenu Hafez Assad qui ne pouvait entacher son crédit dans son pays et le monde arabe en faisant des concessions. 2- Les relations avec le Liban. Bachar Assad sera-t-il prêt à accepter la thèse des Libanais qui sont pour les relations privilégiées entre les deux pays mais dans le cadre du respect de la souveraineté nationale et des spécificités de chacune des deux nations? Puis, qu’en est-il du retrait des troupes syriennes du Liban? |