Lancement du missile à la base de Vandenberg.
Il y a près d’un an seulement que le président américain
signait le National Defense Missile Act (NMD) que les Républicains
soutenaient au Congrès et tentait depuis de leur ravir la vedette
auprès des Américains dont la majorité était
favorable au projet. Passage à l’acte le 3 octobre 1999 avec un
premier essai réussi. Les espoirs sont déçus avec
l’échec du deuxième essai le 18 janvier 2000. Le troisième
test s’avérait crucial, il devait déterminer la décision
de Clinton en vue de la poursuite ou de l’arrêt de ces essais. Il
pouvait même changer le cours de la campagne électorale enlisée
dans l’ennui avant la convention des Républicains prévue
à Philadelphie le 29 juillet et celle des Démocrates qui
se tiendra le 14 août à Los Angeles. Il était en mesure
de redonner du souffle au candidat démocrate Al Gore qui semble
en perte de vitesse.
Mais le test du 8 juillet a marqué une nouvelle déception
pour l’administration Clinton. Le missile intercepteur tiré de l’atoll
de Kwajalein dans les îles Marshall du Pacifique, muni d’un “véhicule
tueur extra-atmosphérique EVK” de 65 kilos sans charge nucléaire,
a raté sa cible, un missile intercontinental lancé 21 minutes
plus tôt à 8.000 km, de la base militaire de Vandenberg en
Californie. L’arme destructrice ne s’est pas détachée de
son support à la grande consternation des responsables de la défense
américaine. 100 millions de dollars partaient en fumée et
rendaient problématique un quatrième essai prévu pour
septembre dans le cadre des 19 tests devant expérimenter la “faisabilité”
et l’efficacité du bouclier antimissile américain destiné
à protéger le continent de ses ennemis potentiels la Corée
du Nord, l’Irak et l’Iran.
Le système NMD serait opérationnel en 2005 depuis une
base en Alaska et comprendrait 20 missiles intercepteurs qui passeraient
à 100 en 2007. Coopératif, le Congrès américain
avait avancé le chiffre de 60 milliards de dollars pour la réalisation
de ce projet que Clinton pourrait léguer à son successeur.
devant la Maison-Blanche avec une réplique d’un missile. |
entendre sa voix. A Hongkong, elle a installé l’effigie de Clinton portant un missile. |
En fait, le projet avait été rejeté par la majorité
des scientifiques américains dont 55 prix Nobel ont réclamé
la suspension arguant de son inefficacité. Il avait été
dénoncé par la Russie qui y voyait une violation au traité
bilatéral anti-balistique ABM de 1972 et menaçait de suspendre
tous les traités de désarmement signés avec les Etats-Unis.
Se faisant plus conciliant, le président Poutine annonçait
être porteur d’un plan à proposer à son homologue américain
au sommet d’Okinawa. Selon ce plan, la Russie serait prête à
réduire son arsenal nucléaire en contrepartie de l’abandon
du projet NMD américain.
La Chine s’oppose tout autant au bouclier antimissile et y voit un
danger vers la reprise de la course à l’armement nucléaire.
Les pays de l’Union européenne partagent ses craintes.
En revanche, les Républicains et leur candidat George Bush ambitionnent
pour les Etats-Unis et leurs alliés un système de défense
plus poussé et plus coûteux. Ils avaient toujours reproché
à Clinton sa tiédeur à ce sujet.
Tout en ne s’estimant pas battu, le secrétaire à la Défense
William Cohen a précisé que l’échec du troisième
essai ne signifie pas qu’il s’opposera à la poursuite des tests.
Cependant, plusieurs membres du Congrès américain, républicains
et démocrates confondus, ont conseillé au président
Clinton de laisser la décision de la poursuite ou de l’abandon du
projet NMD au nouveau locataire de la Maison-Blanche qui sera élu
en novembre prochain et entrera en fonctions en janvier 2001.