LE RÊVE DE CLINTON TOURNE COURT
LE BOUCLIER ANTIMISSILE AMÉRICAIN NMD REMIS EN QUESTION
Un projet ambitieux de 36 milliards de dollars dans les vingt prochaines années assurant la couverture nucléaire totale des Etats-Unis, pourrait ne pas porter le label de Bill Clinton qui espérait l’introduire lui-même dans l’Histoire. Au départ pourtant, ce n’était pas le sien, mais une version revue à la baisse de “Star Wars” lancé en 1983 par le président Reagan.


Lancement du missile à la base de Vandenberg.

Il y a près d’un an seulement que le président américain signait le National Defense Missile Act (NMD) que les Républicains soutenaient au Congrès et tentait depuis de leur ravir la vedette auprès des Américains dont la majorité était favorable au projet. Passage à l’acte le 3 octobre 1999 avec un premier essai réussi. Les espoirs sont déçus avec l’échec du deuxième essai le 18 janvier 2000. Le troisième test s’avérait crucial, il devait déterminer la décision de Clinton en vue de la poursuite ou de l’arrêt de ces essais. Il pouvait même changer le cours de la campagne électorale enlisée dans l’ennui avant la convention des Républicains prévue à Philadelphie le 29 juillet et celle des Démocrates qui se tiendra le 14 août à Los Angeles. Il était en mesure de redonner du souffle au candidat démocrate Al Gore qui semble en perte de vitesse.
Mais le test du 8 juillet a marqué une nouvelle déception pour l’administration Clinton. Le missile intercepteur tiré de l’atoll de Kwajalein dans les îles Marshall du Pacifique, muni d’un “véhicule tueur extra-atmosphérique EVK” de 65 kilos sans charge nucléaire, a raté sa cible, un missile intercontinental lancé 21 minutes plus tôt à 8.000 km, de la base militaire de Vandenberg en Californie. L’arme destructrice ne s’est pas détachée de son support à la grande consternation des responsables de la défense américaine. 100 millions de dollars partaient en fumée et rendaient problématique un quatrième essai prévu pour septembre dans le cadre des 19 tests devant expérimenter la “faisabilité” et l’efficacité du bouclier antimissile américain destiné à protéger le continent de ses ennemis potentiels la Corée du Nord, l’Irak et l’Iran.
Le système NMD serait opérationnel en 2005 depuis une base en Alaska et comprendrait 20 missiles intercepteurs qui passeraient à 100 en 2007. Coopératif, le Congrès américain avait avancé le chiffre de 60 milliards de dollars pour la réalisation de ce projet que Clinton pourrait léguer à son successeur.
 
Membres de Greenpeace protestant 
devant la Maison-Blanche avec une 
réplique d’un missile.
Un peu partout, Greenpeace a fait 
entendre sa voix. A Hongkong, elle 
a installé l’effigie de Clinton portant un missile.

En fait, le projet avait été rejeté par la majorité des scientifiques américains dont 55 prix Nobel ont réclamé la suspension arguant de son inefficacité. Il avait été dénoncé par la Russie qui y voyait une violation au traité bilatéral anti-balistique ABM de 1972 et menaçait de suspendre tous les traités de désarmement signés avec les Etats-Unis. Se faisant plus conciliant, le président Poutine annonçait être porteur d’un plan à proposer à son homologue américain au sommet d’Okinawa. Selon ce plan, la Russie serait prête à réduire son arsenal nucléaire en contrepartie de l’abandon du projet NMD américain.
La Chine s’oppose tout autant au bouclier antimissile et y voit un danger vers la reprise de la course à l’armement nucléaire. Les pays de l’Union européenne partagent ses craintes.


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En revanche, les Républicains et leur candidat George Bush ambitionnent pour les Etats-Unis et leurs alliés un système de défense plus poussé et plus coûteux. Ils avaient toujours reproché à Clinton sa tiédeur à ce sujet.
Tout en ne s’estimant pas battu, le secrétaire à la Défense William Cohen a précisé que l’échec du troisième essai ne signifie pas qu’il s’opposera à la poursuite des tests. Cependant, plusieurs membres du Congrès américain, républicains et démocrates confondus, ont conseillé au président Clinton de laisser la décision de la poursuite ou de l’abandon du projet NMD au nouveau locataire de la Maison-Blanche qui sera élu en novembre prochain et entrera en fonctions en janvier 2001.


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