EN PRÉVISION DES LÉGISLATIVES

La bataille électorale commence à battre son plein au point d’éclipser tous les autres sujets, même la conférence des pays donateurs prévue pour le 27 juillet, qui devra examiner les projets de développement et d’équipement à réaliser dans les régions libérées.

Dans ce contexte, les responsables s’activent aux fins d’assurer le succès de ces assises et ce qu’il y a lieu de relever c’est ce que M. Michel Murr, ministre de l’Intérieur, a dit mardi dernier à M. David Satterfield, ambassadeur des Etats-Unis, lorsque celui-ci lui a rendu visite à son bureau. “Les Libanais, en général, a dit M. Murr et, en particulier les chrétiens blâment Washington pour son refus d’assurer des liquidités au Liban, afin de reconstruire les régions dévastées par la guerre et l’occupation”.
Le diplomate US s’est montré surpris et a répondu: “Qui a dit que nous refusons d’aider le Liban?”. Le ministre de l’Intérieur a répliqué: “On dit que les Etats donateurs: le Japon, l’Allemagne et d’autres encore, tels certains pays du Golfe arabe sont influencés par l’Amérique. Preuve en est qu’ils n’ont fourni aucune aide à notre pays qui en a pourtant bien besoin”.

LES USA ET LES PAYS DONATEURS
“Les Etats-Unis, a enchaîné M. Satterfield, agiront en vue d’assurer l’assistance financière à votre pays”. De fait, à l’issue de son entrevue avec M. Murr, le diplomate américain a déclaré aux reporters de presse: “J’ai assuré au ministre Murr que les Etats-Unis appuieront le plan d’aide relatif au Liban-Sud. Aussi, assumeront-ils leur responsabilité dans ce domaine avec sérieux et détermination.“Nous œuvrerons dans le cadre de la conférence des pays donateurs, fin juillet, en coopération avec la Banque mondiale et d’autres institutions internationales, afin d’assurer le succès de la conférence et d’obtenir les résultats qu’on en escompte, ce qui contribuera à instaurer la paix, la sécurité, la stabilité et la prospérité au Liban dans son ensemble”.
La semaine écoulée avait été dominée par les préparatifs du référendum populaire en vue de la consécration du Dr Bachar Assad en tant que président de la République syrienne, ce qui avait relégué au second plan les problèmes de toute autre nature.
A présent, les contacts ont repris avec intensité entre Beyrouth et Damas et seront couronnés par une visite que les chefs de l’Etat, de l’Assemblée et du gouvernement effectueront dans la capitale syrienne pour féliciter le nouveau chef de l’Etat.
Dans le même temps, ont été entamés les préparatifs des cérémonies devant marquer le quarantième du décès du président Hafez Assad.
Par la suite, sera amorcée une nouvelle phase dans les relations libano-syriennes, à dater du 17 juillet, date à laquelle le Dr Bachar prêtera le serment constitutionnel devant le Conseil du Peuple.

LES LÉGISLATIVES DE L’ÉTÉ
Ensuite, les autorités libanaises seront préoccupées par les élections législatives qui devraient marquer un bond qualitatif dans la vie politique, le scrutin ayant été fixé aux 27 août et 3 septembre.
Selon certains indices, la bataille électorale s’annonce dure dans un certain nombre de circonscriptions, notamment à Beyrouth, Aley, Baabda et au Liban-Nord. Cependant, le fait pour “Amal” et le “Hezbollah” d’avoir scellé leur alliance dans toutes les régions, a pour avantage d’éviter les frictions entre les deux mouvements chiites.
Effectivement, la liste du Sud paraît avoir été constituée et semble être identique à celle de 1996, à quelques exceptions près. Ainsi, M. Kassem Ghader remplacerait M. Ahmed Soueid. De cette manière, Chébaa sera représentée sous l’hémicycle, cette localité étant la plus grande agglomération à prédominance sunnite.
On attribue au “Hezbollah”, d’autre part, l’intention de remplacer M. Nazih Mansour par Ali Fayad, chef du bureau des études au sein du parti, tous deux étant natifs de Taybé. Un autre nom de la liste de 96 pourrait être remplacé, ce qui sera fait après le retour de cheikh Hassan Nasrallah, secrétaire général de Téhéran, via Damas. La base de “Amal” réclame, également, des changements parmi les candidats, mais le président Nabih Berri prend son temps pour se prononcer.
Cela dit, on parle d’une liste “opposante” au Liban-Sud dont feraient partie le président Kamel el-Assaad, Nadim Salem, Habib Sadek et des représentants de partis de gauche.
Selon des informations non confirmées, M. Zaher el-Khatib qui a été écarté de la liste joumblattiste au Chouf, poserait sa candidature à Beyrouth, dans la Békaa-ouest ou à Saïda sur une liste de coalition.
A Beyrouth, M. Tammam Salam se propose d’effectuer des contacts avec la plupart des candidats, car on lui prête l’intention de patronner des listes dans les trois circonscriptions de la capitale. Dans sa propre liste à Beyrouth II, M. Salam aura, notamment, pour colistiers: MM. Mohamed Machnouk (sunnite) et Mohamed Berjaoui (Hezbollah).

QUID DES EMPIÈTEMENTS ISRAÉLIENS?
Sur un autre plan, les responsables suivent de près l’affaire des empiètements israéliens le long de la ligne bleue, d’autant plus que cette dernière est en rapport avec la conférence des pays donateurs, laquelle aura à se prononcer sur le plan de reconstruction du Liban-Sud.
Israël a reconnu l’existence de neuf violations de la ligne mentionnée, mais en même temps empiète sur le tracé frontalier dans d’autres zones, ce qui donne du fil à retordre aux experts des Nations Unies.
On s’attend que M. Tarjé Roed-Larsen, émissaire spécial du secrétaire général de l’ONU qui était attendu hier à Beyrouth venant de Tel-Aviv, parvienne à régler les violations israéliennes, afin de pouvoir confirmer l’application de la résolution 425 dans son intégralité.
Un autre sujet a fait l’objet de débats animés dans les commissions parlementaires, celui en rapport avec la fusion de certains départements ministériels et organismes étatiques. Le chef du gouvernement, M. Salim Hoss a dû répliquer à M. Rafic Hariri qui a qualifié cette opération. “d’hérésie constitutionnelle”.
M. Hoss a accusé M. Hariri d’exploiter cette question à des fins politiques et électorales, tout en utilisant la “puissance de l’argent”, alors que lui-même se contente, uniquement, de l’arme des principes”. Et d’ajouter: “Ils peuvent induire en erreur l’opinion publique pendant un certain temps, mais non d’une manière permanente, car la vérité finira par éclater au grand jour”.
“Ceux qui cherchent à m’assassiner, politiquement, a poursuivi M. Hoss, n’y parviendront pas, car je continuerai à lutter sans répit, notre arme étant plus efficace que la leur... Nous sommes forts par notre foi, la clarté de notre vision et notre transparence.”
M. Michel Murr, ministre de l’Intérieur, s’est mis de la partie et se portant à la rescousse du président du Conseil, a accusé l’ancien président du CDR d’avoir enfreint la loi en se pliant aux directives du président Hariri et en perçant des routes dans la région de Fakra (Kesrouan) où celui-ci a une résidence estivale, alors que le réseau routier dans ce caza et d’autres régions du pays reste délabré.
M. Murr a défendu le projet gouvernemental relatif à la fusion des organismes étatiques, disant qu’il aura pour avantage de réaliser d’importantes économies. “De plus, a-t-il observé, cette opération s’inscrit dans le plan de la réforme que le régime se propose de mener jusqu’à son terme.”
Le “duel” opposant M. Hoss à M. Hariri paraît appelé à s’envenimer davantage, au fur et à mesure qu’approchera la date des élections à Beyrouth. Cependant, le fait pour la commission parlementaire qualifiée d’avoir confié à une sous-commission le soin de procéder à une nouvelle étude du projet de fusion, laisse craindre le gel de ce projet, son examen étant ainsi laissé à la future législature.
Quoi qu’il en soit, il faut s’attendre à ce que la situation au plan électoral se décante d’ici au 20 juillet. A ce propos, on fait état du désappointement de la direction syrienne, suite aux contacts que certains de ses alliés effectuent avec des “parties étrangères” en prévision des législatives. D’autant, que le manifeste de la hiérarchie maronite est interprété comme un appel indirect au boycottage du scrutin, comme en 1992.
A ce sujet, on signale une prise de position de moyen terme de M. Carlos Eddé, leader du B.N., en ce sens qu’il se tient à mi-chemin entre le boycottage et la participation. De son côté, M. Dory Chamoun (PNL) poursuit ses concertations avant de définir sa position.

NADIM EL-HACHEM

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