Dans ce contexte, les responsables s’activent aux fins d’assurer le
succès de ces assises et ce qu’il y a lieu de relever c’est ce que
M. Michel Murr, ministre de l’Intérieur, a dit mardi dernier à
M. David Satterfield, ambassadeur des Etats-Unis, lorsque celui-ci lui
a rendu visite à son bureau. “Les Libanais, en général,
a dit M. Murr et, en particulier les chrétiens blâment Washington
pour son refus d’assurer des liquidités au Liban, afin de reconstruire
les régions dévastées par la guerre et l’occupation”.
Le diplomate US s’est montré surpris et a répondu: “Qui
a dit que nous refusons d’aider le Liban?”. Le ministre de l’Intérieur
a répliqué: “On dit que les Etats donateurs: le Japon, l’Allemagne
et d’autres encore, tels certains pays du Golfe arabe sont influencés
par l’Amérique. Preuve en est qu’ils n’ont fourni aucune aide à
notre pays qui en a pourtant bien besoin”.
LES USA ET LES PAYS DONATEURS
“Les Etats-Unis, a enchaîné M. Satterfield, agiront en
vue d’assurer l’assistance financière à votre pays”. De fait,
à l’issue de son entrevue avec M. Murr, le diplomate américain
a déclaré aux reporters de presse: “J’ai assuré au
ministre Murr que les Etats-Unis appuieront le plan d’aide relatif au Liban-Sud.
Aussi, assumeront-ils leur responsabilité dans ce domaine avec sérieux
et détermination.“Nous œuvrerons dans le cadre de la conférence
des pays donateurs, fin juillet, en coopération avec la Banque mondiale
et d’autres institutions internationales, afin d’assurer le succès
de la conférence et d’obtenir les résultats qu’on en escompte,
ce qui contribuera à instaurer la paix, la sécurité,
la stabilité et la prospérité au Liban dans son ensemble”.
La semaine écoulée avait été dominée
par les préparatifs du référendum populaire en vue
de la consécration du Dr Bachar Assad en tant que président
de la République syrienne, ce qui avait relégué au
second plan les problèmes de toute autre nature.
A présent, les contacts ont repris avec intensité entre
Beyrouth et Damas et seront couronnés par une visite que les chefs
de l’Etat, de l’Assemblée et du gouvernement effectueront dans la
capitale syrienne pour féliciter le nouveau chef de l’Etat.
Dans le même temps, ont été entamés les
préparatifs des cérémonies devant marquer le quarantième
du décès du président Hafez Assad.
Par la suite, sera amorcée une nouvelle phase dans les relations
libano-syriennes, à dater du 17 juillet, date à laquelle
le Dr Bachar prêtera le serment constitutionnel devant le Conseil
du Peuple.
LES LÉGISLATIVES DE L’ÉTÉ
Ensuite, les autorités libanaises seront préoccupées
par les élections législatives qui devraient marquer un bond
qualitatif dans la vie politique, le scrutin ayant été fixé
aux 27 août et 3 septembre.
Selon certains indices, la bataille électorale s’annonce dure
dans un certain nombre de circonscriptions, notamment à Beyrouth,
Aley, Baabda et au Liban-Nord. Cependant, le fait pour “Amal” et le “Hezbollah”
d’avoir scellé leur alliance dans toutes les régions, a pour
avantage d’éviter les frictions entre les deux mouvements chiites.
Effectivement, la liste du Sud paraît avoir été
constituée et semble être identique à celle de 1996,
à quelques exceptions près. Ainsi, M. Kassem Ghader remplacerait
M. Ahmed Soueid. De cette manière, Chébaa sera représentée
sous l’hémicycle, cette localité étant la plus grande
agglomération à prédominance sunnite.
On attribue au “Hezbollah”, d’autre part, l’intention de remplacer
M. Nazih Mansour par Ali Fayad, chef du bureau des études au sein
du parti, tous deux étant natifs de Taybé. Un autre nom de
la liste de 96 pourrait être remplacé, ce qui sera fait après
le retour de cheikh Hassan Nasrallah, secrétaire général
de Téhéran, via Damas. La base de “Amal” réclame,
également, des changements parmi les candidats, mais le président
Nabih Berri prend son temps pour se prononcer.
Cela dit, on parle d’une liste “opposante” au Liban-Sud dont feraient
partie le président Kamel el-Assaad, Nadim Salem, Habib Sadek et
des représentants de partis de gauche.
Selon des informations non confirmées, M. Zaher el-Khatib qui
a été écarté de la liste joumblattiste au Chouf,
poserait sa candidature à Beyrouth, dans la Békaa-ouest ou
à Saïda sur une liste de coalition.
A Beyrouth, M. Tammam Salam se propose d’effectuer des contacts avec
la plupart des candidats, car on lui prête l’intention de patronner
des listes dans les trois circonscriptions de la capitale. Dans sa propre
liste à Beyrouth II, M. Salam aura, notamment, pour colistiers:
MM. Mohamed Machnouk (sunnite) et Mohamed Berjaoui (Hezbollah).
QUID DES EMPIÈTEMENTS ISRAÉLIENS?
Sur un autre plan, les responsables suivent de près l’affaire
des empiètements israéliens le long de la ligne bleue, d’autant
plus que cette dernière est en rapport avec la conférence
des pays donateurs, laquelle aura à se prononcer sur le plan de
reconstruction du Liban-Sud.
Israël a reconnu l’existence de neuf violations de la ligne mentionnée,
mais en même temps empiète sur le tracé frontalier
dans d’autres zones, ce qui donne du fil à retordre aux experts
des Nations Unies.
On s’attend que M. Tarjé Roed-Larsen, émissaire spécial
du secrétaire général de l’ONU qui était attendu
hier à Beyrouth venant de Tel-Aviv, parvienne à régler
les violations israéliennes, afin de pouvoir confirmer l’application
de la résolution 425 dans son intégralité.
Un autre sujet a fait l’objet de débats animés dans les
commissions parlementaires, celui en rapport avec la fusion de certains
départements ministériels et organismes étatiques.
Le chef du gouvernement, M. Salim Hoss a dû répliquer à
M. Rafic Hariri qui a qualifié cette opération. “d’hérésie
constitutionnelle”.
M. Hoss a accusé M. Hariri d’exploiter cette question à
des fins politiques et électorales, tout en utilisant la “puissance
de l’argent”, alors que lui-même se contente, uniquement, de l’arme
des principes”. Et d’ajouter: “Ils peuvent induire en erreur l’opinion
publique pendant un certain temps, mais non d’une manière permanente,
car la vérité finira par éclater au grand jour”.
“Ceux qui cherchent à m’assassiner, politiquement, a poursuivi
M. Hoss, n’y parviendront pas, car je continuerai à lutter sans
répit, notre arme étant plus efficace que la leur... Nous
sommes forts par notre foi, la clarté de notre vision et notre transparence.”
M. Michel Murr, ministre de l’Intérieur, s’est mis de la partie
et se portant à la rescousse du président du Conseil, a accusé
l’ancien président du CDR d’avoir enfreint la loi en se pliant aux
directives du président Hariri et en perçant des routes dans
la région de Fakra (Kesrouan) où celui-ci a une résidence
estivale, alors que le réseau routier dans ce caza et d’autres régions
du pays reste délabré.
M. Murr a défendu le projet gouvernemental relatif à
la fusion des organismes étatiques, disant qu’il aura pour avantage
de réaliser d’importantes économies. “De plus, a-t-il observé,
cette opération s’inscrit dans le plan de la réforme que
le régime se propose de mener jusqu’à son terme.”
Le “duel” opposant M. Hoss à M. Hariri paraît appelé
à s’envenimer davantage, au fur et à mesure qu’approchera
la date des élections à Beyrouth. Cependant, le fait pour
la commission parlementaire qualifiée d’avoir confié à
une sous-commission le soin de procéder à une nouvelle étude
du projet de fusion, laisse craindre le gel de ce projet, son examen étant
ainsi laissé à la future législature.
Quoi qu’il en soit, il faut s’attendre à ce que la situation
au plan électoral se décante d’ici au 20 juillet. A ce propos,
on fait état du désappointement de la direction syrienne,
suite aux contacts que certains de ses alliés effectuent avec des
“parties étrangères” en prévision des législatives.
D’autant, que le manifeste de la hiérarchie maronite est interprété
comme un appel indirect au boycottage du scrutin, comme en 1992.
A ce sujet, on signale une prise de position de moyen terme de M. Carlos
Eddé, leader du B.N., en ce sens qu’il se tient à mi-chemin
entre le boycottage et la participation. De son côté, M. Dory
Chamoun (PNL) poursuit ses concertations avant de définir sa position.