Bachar Assad prête serment devant le parlement. |
Abdallah d’Arabie saoudite. |
“Je jure par le Dieu tout puissant de respecter...” La main droite posée
sur le Coran, le jeune médecin ophtalmologue a prêté
serment. C’est, peut-être, la première fois que les Syriens
ont pu assister à une telle cérémonie, retransmise
en direct, sur le petit écran.
Longuement ovationné par les députés, Bachar Assad
a prononcé le premier discours de son sexennat, définissant
les grandes lignes de sa politique intérieure et extérieure.
La cérémonie s’est déroulée en présence
des membres du corps diplomatique arabes et étrangers et de la direction
du Baas, le parti au Pouvoir depuis 1963.
Sur le plan intérieur, le nouveau chef d’Etat a dénoncé
la gestion économique de l’ancien gouvernement de Mahmoud Zohbi
et souligné la nécessité “de dynamiser l’économie,
de moderniser les lois selon des normes scientifiques et de supprimer les
obstacles bureaucratiques qui dissuadent les investissements. Il faut,
ajoute-t-il, relancer le secteur privé et donner, en même
temps, au secteur public les moyens d’être compétitif sur
le marché extérieur”.
Il a parlé de la participation de la femme au processus de reconstruction,
réaffirmé sa détermination à poursuivre la
lutte contre la corruption et proposé un modèle de démocratie
issue des données du pays. “Nous ne pouvons pas adopter une démocratie
à l’occidentale, précise-t-il. Il nous faut une démocratie
spécifique à la Syrie prenant sa racine dans notre Histoire,
notre culture et répondant aux besoins de la société”.
PROCESSUS DE PAIX ET RELATIONS AVEC LE LIBAN
Sur le plan de la politique extérieure, deux thèmes majeurs
dominent: le processus de paix et la relation avec le Liban.
Bachar Assad s’engage à adopter la même fermeté
que son père face à Israël, refusant tout compromis
sur le Golan: “Nous voulons libérer la totalité de notre
territoire occupé jusqu’à la ligne du 4 juin 1967 et cet
objectif passe en tête de nos priorités nationales (...) A
ce moment, on pourra s’engager vers une paix juste et globale”.
Le nouveau chef d’Etat accuse, en outre, Israël de mettre des
obstacles sur la voie de la paix et de n’avoir montré aucune volonté
réelle pour y parvenir. Il appelle les Etats-Unis à jouer
leur rôle de parrain du processus de paix, de façon impartiale
et honnête et réclame l’application des résolutions
internationales concernant le conflit israélo-arabe.
La relation avec le Liban occupe une place importante dans le discours
de Bachar Assad qui affirme: “La relation de la Syrie avec le Liban frère
est un modèle de relation entre deux pays arabes.
Mais ce modèle n’a pas encore atteint son achèvement
et a besoin de beaucoup d’efforts et d’attention pour devenir exemplaire
et assurer les intérêts communs tel que les deux pays l’ambitionnent”.
Sur le plan régional, il a plaidé pour un marché arabe
commun, réaffirmant que l’étroite relation entre la Syrie
et le Liban devrait servir de prototype aux relations interarabes. Il conclut,
en s’adressant à son peuple: “Je demeurerai proche de vous, à
l’écoute de vos problèmes et besoins”.
LES FÉLICITATIONS DU CÔTÉ
ARABE ET OCCIDENTAL
Le président Bachar Assad a reçu des messages de félicitations
de nombreux chefs d’Etat arabes et occidentaux, en tête desquels
les présidents français et égyptien Jacques Chirac
et Hosni Moubarak. Le lendemain même de la prestation de serment,
le prince héritier Abdallah d’Arabie saoudite effectuait une visite
à Damas pour féliciter le nouveau président. Les entretiens
ont porté sur les relations entre les deux pays et sur le processus
de paix.
Vingt-quatre heures après, arrivait le roi Abdallah II de Jordanie
qui, on le sait, joue un rôle important pour la relance des négociations
entre Israël et la Syrie, question qui attend toujours une réponse
adéquate. Le discours d’investiture de Bachar Assad portait de grands
titres, des constantes mais, aussi, des promesses de changements et des
engagements majeurs. Un défi qu’il lui faudra relever. Sa tâche
ne sera pas aisée ni sur le plan interne, ni externe.