LA RELATION AVEC LE LIBAN ÉVOQUÉE DANS
LE DISCOURS D’INVESTITURE DE BACHAR ASSAD

Plébiscité par le peuple, le nouveau chef de l’Etat syrien a prêté le serment constitutionnel le 17 juillet, devant le parlement, pour un mandat de sept ans. Agé de 34 ans, il est le 16ème président de la République arabe syrienne depuis l’indépendance du pays en 1946, succédant à son père Hafez Assad décédé le 10 juin à l’âge de 69 ans, après avoir “régné” durant 30 ans en maître absolu.
 

Bachar Assad prête serment devant le parlement.
Première félicitation du prince héritier 
Abdallah d’Arabie saoudite.

“Je jure par le Dieu tout puissant de respecter...” La main droite posée sur le Coran, le jeune médecin ophtalmologue a prêté serment. C’est, peut-être, la première fois que les Syriens ont pu assister à une telle cérémonie, retransmise en direct, sur le petit écran.
Longuement ovationné par les députés, Bachar Assad a prononcé le premier discours de son sexennat, définissant les grandes lignes de sa politique intérieure et extérieure. La cérémonie s’est déroulée en présence des membres du corps diplomatique arabes et étrangers et de la direction du Baas, le parti au Pouvoir depuis 1963.
Sur le plan intérieur, le nouveau chef d’Etat a dénoncé la gestion économique de l’ancien gouvernement de Mahmoud Zohbi et souligné la nécessité “de dynamiser l’économie, de moderniser les lois selon des normes scientifiques et de supprimer les obstacles bureaucratiques qui dissuadent les investissements. Il faut, ajoute-t-il, relancer le secteur privé et donner, en même temps, au secteur public les moyens d’être compétitif sur le marché extérieur”.
Il a parlé de la participation de la femme au processus de reconstruction, réaffirmé sa détermination à poursuivre la lutte contre la corruption et proposé un modèle de démocratie issue des données du pays. “Nous ne pouvons pas adopter une démocratie à l’occidentale, précise-t-il. Il nous faut une démocratie spécifique à la Syrie prenant sa racine dans notre Histoire, notre culture et répondant aux besoins de la société”.

PROCESSUS DE PAIX ET RELATIONS AVEC LE LIBAN
Sur le plan de la politique extérieure, deux thèmes majeurs dominent: le processus de paix et la relation avec le Liban.
Bachar Assad s’engage à adopter la même fermeté que son père face à Israël, refusant tout compromis sur le Golan: “Nous voulons libérer la totalité de notre territoire occupé jusqu’à la ligne du 4 juin 1967 et cet objectif passe en tête de nos priorités nationales (...) A ce moment, on pourra s’engager vers une paix juste et globale”.
Le nouveau chef d’Etat accuse, en outre, Israël de mettre des obstacles sur la voie de la paix et de n’avoir montré aucune volonté réelle pour y parvenir. Il appelle les Etats-Unis à jouer leur rôle de parrain du processus de paix, de façon impartiale et honnête et réclame l’application des résolutions internationales concernant le conflit israélo-arabe.
La relation avec le Liban occupe une place importante dans le discours de Bachar Assad qui affirme: “La relation de la Syrie avec le Liban frère est un modèle de relation entre deux pays arabes.
Mais ce modèle n’a pas encore atteint son achèvement et a besoin de beaucoup d’efforts et d’attention pour devenir exemplaire et assurer les intérêts communs tel que les deux pays l’ambitionnent”. Sur le plan régional, il a plaidé pour un marché arabe commun, réaffirmant que l’étroite relation entre la Syrie et le Liban devrait servir de prototype aux relations interarabes. Il conclut, en s’adressant à son peuple: “Je demeurerai proche de vous, à l’écoute de vos problèmes et besoins”.

LES FÉLICITATIONS DU CÔTÉ ARABE ET OCCIDENTAL
Le président Bachar Assad a reçu des messages de félicitations de nombreux chefs d’Etat arabes et occidentaux, en tête desquels les présidents français et égyptien Jacques Chirac et Hosni Moubarak. Le lendemain même de la prestation de serment, le prince héritier Abdallah d’Arabie saoudite effectuait une visite à Damas pour féliciter le nouveau président. Les entretiens ont porté sur les relations entre les deux pays et sur le processus de paix.
Vingt-quatre heures après, arrivait le roi Abdallah II de Jordanie qui, on le sait, joue un rôle important pour la relance des négociations entre Israël et la Syrie, question qui attend toujours une réponse adéquate. Le discours d’investiture de Bachar Assad portait de grands titres, des constantes mais, aussi, des promesses de changements et des engagements majeurs. Un défi qu’il lui faudra relever. Sa tâche ne sera pas aisée ni sur le plan interne, ni externe.

NELLY HELOU

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