Le
Dr Michel Moussa, ministre du Travail et des Affaires sociales, est venu
à la politique à travers le monde médical. Aussi,
pousse-t-il au plus haut point son souci de la chose publique et se préoccupe
des problèmes qui se posent aux citoyens, surtout ceux du Liban-Sud.
Il se réjouit de l’alliance passée entre “Amal” et le “Hezbollah”, au plan électoral, “ceci étant de nature à reposer la scène sudiste où les forces antagonistes avaient l’habitude de s’affronter, surtout en période électorale”. |
Comment, en tant que Sudiste, a-t-il ressenti le retrait israélien?
Naturellement, répond-il, nous sommes déterminés
à tout mettre en œuvre pour permettre aux régions libérées
de se relever après leur longue épreuve et compenser les
privations dont elles ont pâti durant vingt-deux ans.
Justement, quel est le plan élaboré, à cet effet,
par votre département ministériel et le gouvernement?
Notre action s’insère dans le plan gouvernemental. Quinze de
nos centres sociaux existaient déjà sur place et assuraient
aux habitants, même durant l’occupation, les services nécessaires,
en coopération avec des institutions internationales, le CICR en
tête.
Nous avons donné des instructions à nos fonctionnaires
pour réactiver ces centres et nous informer de leurs besoins.
Attendez-vous des résultats concrets de la conférence
des pays donateurs devant tenir ses assises le 27 juillet?
Nous souhaitons que cette conférence se réunisse le plus
rapidement possible, car nous devons faire face à bien des échéances.
Notre souhait est que rien n’entrave l’application des recommandations
qui seront prises, celles-ci devant hâter le développement
des régions libérées.
Quelle serait la nature des entraves susceptibles de torpiller les
décisions de la conférence?
Elles pourraient être de nature politique et se manifester sous
forme de pressions destinées à dissuader les Etats donateurs
désireux de fournir une assistance substantielle pour réaliser
les projets d’équipement et de développement.
Par quels moyens votre ministère se propose-t-il d’encourager
les investissements, spécialement dans les secteurs relevant de
son domaine?
Ceci relève du gouvernement qui a décidé de faire
bénéficier les investisseurs d’exemptions fiscales et d’autres
avantages, en plus d’un climat sécuritaire favorable.
Il va sans dire que la création de nouveaux emplois est liée
aux investissements. C’est pourquoi, des efforts seront déployés
à l’effet de favoriser l’exécution de projets d’utilité
publique pouvant assurer du travail à la main-d’œuvre locale.
QUID DE L’ASSURANCE-VIEILLESSE?
Où en est le projet relatif à l’assurance-vieillesse?
Cette question qui préoccupe au plus haut point le régime,
a fait l’objet d’une étude approfondie, surtout par ce temps de
crise. Nous l’avons répartie en deux tranches: d’abord, l’assurance-maladie;
puis, la pension mensuelle (de retraite).
La première tranche a été approuvée par
le Conseil des ministres et transmise, pour étude, aux commissions
parlementaires qualifiées, avant que l’Assemblée en soit
saisie en séance plénière.
Qu’en est-il du chômage et du nombre élevé des
salariés de nationalité étrangère, alors que
nos jeunes s’expatrient?
Le chômage ne se limite pas au Liban. Le directeur de l’O.I.T.,
en visite à Beyrouth, le mois dernier, nous a appris que 12 millions
de chômeurs ont été recensés dans le monde arabe.
Ce problème se pose, également, avec acuité à
tous les pays du globe, à commencer par ceux d’Europe.
Chez nous, il est aggravé par la crise économique. Nous
espérons qu’après le retrait israélien du Sud, un
climat propice à la relance économique nous aidera à
sortir de l’épreuve.
En ce qui concerne la main-d’œuvre étrangère, nous nous
préoccupons d’en limiter le nombre et avons réussi dans ce
domaine. Cependant, il nous est difficile d’empêcher les ouvriers
clandestins, la Sûreté générale étant
tenue de les refouler.
LA CRISE ÉCONOMIQUE ET SES RÉPERCUSSIONS
Comment expliquez-vous le fait que l’Etat procède à
assurer des opportunités de travail, à l’heure où
certaines institutions licencient des employés et l’Etat parle d’un
surplus de fonctionnaires?
La situation économique pèse lourdement sur toutes les
institutions, les contraignant à réduire leur personnel,
à fermer certaines de leurs filiales ou à arrêter de
travailler définitivement. Ce qui crée une crise. Le ministère
du Travail tente, dans le cadre de ses fonctions et des lois en vigueur,
de trouver des solutions qui satisfont toutes les parties.
Il y a un surplus de fonctionnaires. Aussi, certaines mesures ont-elles
été prises par le gouvernement. L’interdiction du recrutement,
sauf en cas d’autorisation particulière du Conseil des ministres,
a été efficace. La saturation de certains secteurs est liée
à la situation sociale. D’autre part, le coût du transport
entre les régions est élevé par rapport aux salaires.
Cette question doit être traitée, le gouvernement ayant d’ailleurs
pris des mesures à cet effet.
LES CAS DES VAGABONDS ET DES HANDICAPÉS
Vous avez œuvré en vue de régler quelques problèmes
sociaux tels le travail des enfants, les cas des vagabonds et des handicapés.
Où en êtes-vous arrivés?
Ces dossiers devaient être traités en priorité,
puisqu’ils concernent les droits du citoyen et le développement
social. Nous avons modernisé des lois régissant le travail
des enfants et sensibilisé la société envers ce problème,
à travers des débats et conférences. Des experts ont
été chargés du suivi de cette question. Nous avons
signé un contrat avec l’OMT, auquel peuvent adhérer l’Unicef
et l’Unesco, afin de compléter le plan élaboré par
le ministère du Travail avec le concours d’institutions publiques
et sociales.
Notre projet concernant les vagabonds s’est heurté à
des obstacles, bien que nous étions déterminés à
l’appliquer dans le cadre de la charte des droits de l’enfant, afin d’épargner
tout acte de violence ou châtiment envers les mineurs délinquants.
Mais nous y avons réussi et en dépit de quelques infractions,
ceux-ci sont confiés à des centres de réhabilitation.
Nous avons, aussi, élaboré la loi sur les handicapés
qui vise à les intégrer au sein de la société
et à leur accorder des droits dans tous les domaines. Elle a été
approuvée par le Conseil des ministres et ratifiée par l’Assemblée
nationale. Des décrets relatifs à l’organisation de l’organisme
national des handicapés seront aussi élaborés.
Etes-vous candidat aux prochaines législatives?
En principe, je suis candidat, afin de poursuivre mon action.
Le président Berri a déclaré que, jusqu’à
présent, rien n’est décisif en ce qui concerne les candidats
de sa liste...
Beaucoup de commentaires sont faits. Je poursuivrai la même ligne
politique que j’ai adoptée par conviction.