champs pour accueillir le G8. |
les portraits des Huit. |
Le plus motivé sera, sans doute, le Premier ministre japonais,
Yoshiro Mori dont le pays (qui avait déjà accueilli le G7
en 1993) croule sous les dettes et qui voudrait redorer son image qu’il
peine à imposer dans son propre pays depuis son accession à
la tête du gouvernement en avril dernier alors qu’il avait été
désigné à la hâte par le Parti libéral
démocrate (PLD) pour succéder à Keizo Obuchi tombé
dans le coma et décédé deux mois plus tard. Certes,
il a été reconduit dans ses fonctions depuis les élections
du 25 juin, mais le PLD, au Pouvoir depuis pratiquement 55 ans, a perdu
38 sièges à la Diète. C’est donc dans cette grand-messe
annuelle des pays les plus riches qu’il se propose de se trouver une nouvelle
légitimité. Il n’aura rien épargné pour rendre
l’accueil du Japon fastueux et impérial.
La véritable vedette de ce sommet sera, sans contexte, le président
russe Vladimir Poutine qui y fait son entrée auréolé
de la guerre féroce qu’il vient d’engager contre les oligarques,
lesquels se sont appropriés, à la faveur des privatisations,
les principales ressources du pays.
En vertu de la “dictature de la loi”, la Justice russe a engagé
des enquêtes à l’encontre de nombre d’entre eux: Vladimir
Potanine, président d’Interros qui serait redevable à l’Etat
de 140 millions de dollars pour avoir bénéficié de
la privatisation de Norilsk Nickel en 1997; Vladimir Goussinki, patron
de Media Post, dont l’arrestation provisoire avait suscité des remous
dans le monde; Avtovaz, qui aurait dissimulé au fisc la vente de
200.000 voitures; Mikhaïl Fridman, Vaguit Alekperov, etc... et même
le tout-puissant Anatoli Tchoubaïs, Saint-Pétersbourgeois comme
Poutine qui fut à l’origine de son ascension en le faisant venir
à Moscou en 1996 pour l’introduire au Kremlin. Prenant les devants,
le milliardaire Boris Berezovski a annoncé sa démission de
son mandat de député, protestant contre les “attaques totalement
destructrices” du président Poutine concernant les gouverneurs régionaux
et les milieux d’affaires.
5.000 manifestants anti-US protestant contre
la présence, à la base de Ginowan à
Okinawa,
de 25.000 soldats américains.
Le président russe qui entend arrêter la fuite des capitaux
et le blanchiment d’argent, pour continuer à mettre de l’ordre chez
lui et gagner la confiance des Occidentaux et des grands organismes internationaux,
entend discuter à Okinawa avec ses pairs occidentaux “des problèmes
mondiaux sur un pied d’égalité” et engager une coopération
“tous azimuts” avec ses partenaires japonais, désireux de régler
le contentieux qui oppose leurs deux pays depuis la Seconde Guerre mondiale
au sujet des îles Kouriles. Il s’entretiendra entre autres de ce
sujet avec Yoshiro Mori, lors de son passage à Tokyo le 20 juillet.
Auparavant, il se sera arrêté à Pékin “véritable
partenaire stratégique” de Moscou, aura rencontré Jiang Zemin,
faisant même un détour par la Corée du Nord.
Une autre grande vedette d’Okinawa, le président Bill Clinton
qui arrivera avec les espoirs déçus ou comblés de
Camp David et a fait trembler les Japonais qui craignaient son abstention
en dernière minute.
Egalement en vue, le président Jacques Chirac qui a annoncé
la couleur, lors de son intervention télévisée du
14 juillet, en abordant le sujet de “la mondialisation (qui) exige qu’on
la maîtrise et ne peut être maîtrisée que par
un accord international que tout le monde accepte. Faire des progrès,
a-t-il observé, est tout à fait légitime, mais cela
n’autorise pas tout et cela sera un des thèmes de mes interventions
la semaine prochaine à Okinawa”.
Les Huit (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie,
Japon et Russie) aborderont, également, le désarmement, la
non-prolifération nucléaire et la crise dans les Balkans...
Leurs ministres des Finances et des Affaires étrangères ont
déjà planché sur une multitude de sujets à
Fukuoka et à Kyushu, balisant la voie des compromis et même
des initiatives en faveur des pays les plus pauvres.