Les
débordements verbaux en période électorale enveniment
l’atmosphère et plongent le pays dans une atmosphère malsaine
dont il a n’a pas connu de pareille depuis l’avènement de l’ère
d’indépendance. Non seulement les candidats s’invectivent en utilisant
parfois un langage de charretier, les médias officiels, eux aussi,
se mettent de la partie et se sont transformés en autant d’instruments
de diffamation...
Notre photo: Le président Hoss arrivant à un meeting
électoral.
Nous avons fait état du climat, pour le moins étrange,
qui caractérise la campagne électorale en cours, celle-ci
étant marquée par les échanges d’invectives entre
les candidats; du jamais vu ni entendu durant nos consultations populaires
depuis l’avènement de l’ère d’indépendance.
En l’absence de partis dignes de ce nom, les diatribes se limitent
au plan personnel, les candidats en lice s’affrontant au seul domaine de
leurs vies et activités individuelles. Et ils en viennent même
à soutenir un dialogue fielleux où abondent les termes blessants
et même les injures.
Mais souvent les déborde-ments verbaux dépassent la limite
de la décence et on a entendu des candidats à la députation
douter des capacités intellectuelles l’un de l’autre.
Ainsi, le ministe de l’Inté-rieur, candidat au Metn-Nord est
allé jusqu’à dire que l’un de ses concurrents - en l’occurrence
M. Nassib Lahoud - avait besoin de... “thérapie clinique”. Il s’en
est même pris à un collègue du Kesrouan, disant que
celui-ci ne cesse “de délirer, à cause des séquelles
d’une ancienne blessure à la tête”.
Le ministre de l’Intérieur est-il à court d’arguments
poli-tiques, pour décocher des cri-tiques strictement personnelles
contre ses adversaires? Et annoncer, d’ores et déjà, l’échec
de M. Lahoud en demandant à ses partisans de le “sanction-ner” en
lui refusant leurs suffrages, “afin qu’il enregistre le score le plus bas
possible”?
Naturellement, le parlemen-taire metniote contre-attaque en accusant
le ministre de l’Inté-rieur “d’avoir transformé l’Etat en...
ferme” et ravalé au plus bas niveau le débat et le discours
politique avec ses rivaux, en recourant à la diffamation”.
Et de préciser: “Le conflit qui nous oppose n’est pas d’ordre
personnel, mais réside dans la contradiction entre deux styles et
deux conceptiosn différentes de la manière de pratiquer l’action
politico-nationale”.
Parmi ses autres accusations, il lui fait grief “d’avoir casé
ses partisans dans tous les départe-ments étatiques”; d’avoir
commis des abus et exercé des pressions aux législatives
de 96 à Bourj Hammoud et à Bteghrine “où les émigrés
et les morts ont voté”...
De telles invectives sont également échangées
avec autant de virulence dans les circonscriptions du Chouf, d’Aley-Baabda,
entre les chefs de file des listes locales, MM. Walid Joumblatt et Talal
Arslan, ainsi qu’à Tripoli-Zghorta entre MM. Omar Karamé,
d’une part; Sleiman Frangié et Najib Mikati, d’autre part.
Ces philippiques, rappelant les Olyntiennes de Demosthène, mettent
du piquant à la bataille électorale et la sortent de la routine.
Mais il ne faut pas, comme nous l’avons déjà écrit,
que les débordements verbaux dépassent la normale et excèdent
les limites de la décence.
Les médias officiels se sont mis de la partie. Bafouant la loi
et l’éthique, ils s’en prennent à certains candidats - dont
un ancien chef de gouvernement qu’ils traitent de “dictateur” - un tel
procédé n’ayant jamais été utilisé d’une
manière aussi éhontée...
Cette façon d’exploiter les médias officiels est inacceptable
et se retournera, en définitive, contre ceux qui en abusent... |