LES JEUNES TALENTS MÉCONNUS
DE NOUVEAUX LANGAGES PLASTIQUES “MORTS DE N’ÊTRE PAS NÉS”

Les conditions de vie des jeunes artistes plasticiens libanais, aux talents prometteurs, sont aujourd’hui, précaires et je dirais même traumatisantes.
 

Langage plastique abouti.

Notion très personnelle de l’espace.

En effet, le “pouvoir culturel”, au sens large du terme - c’est-à-dire, les organismes autant publics que privés, “l’Association des artistes peintres et sculpteurs libanais”, les “Salons” officiels, celui du “Printemps” et celui de “l’Automne”, etc... - méconnaît et, peut-être même, méprise les valeurs de la création artistique actuelle.
Ce qui est encore plus grave, ces mêmes organismes ne sont plus dotés comme par le passé, avant les années 1975, des moyens nécessaires pour soutenir la création des jeunes talents.
Pire, ce sont les mêmes artistes, qui ont été créés et lancés par la critique, durant la période allant de 1950 à 1975, qui continuent, à quelques noms près, à profiter, aujourd’hui, à tort ou à raison, de la sollicitude des organismes, cités plus haut et du peu de moyens dont ils disposent, en ce moment, pour encourager la promotion artistique.
Ce sont, souvent, les mêmes peintres et sculpteurs qui sont sélectionnés pour représenter le Liban à des expositions collectives et à des biennales à l’étranger. Et quand certains ministères disposent d’un budget pour l’acquisition de quelques œuvres, les responsables s’adressent aux “mêmes artistes”. C’est à ce point flagrant, que certaines “Salles de Réunions” dans les administrations publiques sont devenues un “espace d’exposition” réservé aux œuvres “d’un” ou de quelques plasticiens qui ont la faveur des responsables.
Cette conjoncture, si peu favorable à l’essor artistique du Liban d’aujourd’hui, amène l’étiolement de l’esprit de recherche.
On pourrait même dire, à la limite, que les “nouveaux langages plastiques” sont “morts de n’être pas nés”, alors que dans le même temps, les jeunes talents, dans tous les pays arabes, bénéficient d’une véritable mobilisation de tous les organismes concernés par la promotion artistique et culturelle.
 

Une palette vibrante.

Un métier maîtrisé.

 

Et on a beau jeu de prétendre qu’il n’y a pas de nouveaux grands talents, parmi les jeunes plasticiens et qu’ils ne sont pas aussi doués que leurs aînés. C’est parce qu’on ne veut pas croire en eux qu’ils ne parviennent pas à s’affirmer sur la scène artistique. D’autant plus que la critique elle-même ne favorise en rien l’art actuel. Installée dans son confort, forte de son pouvoir, elle n’est nullement disposée à remettre en cause ses jugements et préjugés. Sa politique sert donc davantage les vedettes des années “50”, “60” et “70”, celles qu’elle avait elle-même créées et lancées.
Cette situation, dans son ensemble, est moralement insupportable et au niveau de l’intérêt national, elle est inconcevable. L’art, de nos jours, est l’une des forces vivantes, économiques, financières, aussi bien que culturelles, de toute nation.
Pour que Beyrouth récupère sa prédominance culturelles, des temps d’avant-guerre, il faut faire sauter les blocages et les verrous de l’arbitraire.
La naissance des génies a besoin de la foi collective. Et nul ne peut se permettre de sacrifier le présent au passé et d’aliéner l’avenir.

Par NICOLE MALHAMÉ HARFOUCHE

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