BATAILLE ÉLECTORALE EN L’ABSENCE DE VÉRITABLES ENJEUX
Le dimanche 27 août, les électeurs du Mont-Liban et du Liban-Nord iront aux urnes pour élire 63 des 128 membres de l’Assemblée.
Après les valses-hésitations, les contacts, les pressions de tous genres, les listes ont été formées, les alliances se sont faites, quoique contre nature, dans la majorité des cas et la bataille s’annonce serrée dans les six circonscriptions. Dans chacune deux, trois et même, parfois, quatre listes vont s’affronter, sans compter les candidats individuels sans que le citoyen sache, réellement, quel est le véritable enjeu de cette confrontation, entre des listes dites “loyalistes” ou “d’opposition”! Où sont les grands thèmes politiques sur lesquels devrait se “brancher” une campagne électorale pour mobiliser la population? Dans la présente, on a davantage l’impression qu’il s’agit plutôt d’une lutte pour le pouvoir (“ôte-toi de là que je m’y mette”), que d’un combat en faveur d’objectifs nationaux dans un pays confronté à tant de problèmes.
Seul peut-être de tous les groupes qui participent aux législatives 2000, le “Hezbollah” a présenté dans le cadre d’une conférence de presse, ses douze candidats dans les différentes circonscriptions et son programme électoral axé sur le rôle de la Résistance, la libération du territoire, la politique étrangère, les problèmes socio-économiques et éducatifs.
N’empêche que la fièvre électorale est omniprésente supplantant toute activité politique, à de rares exceptions. Sur le petit écran, les interviews des candidats se suivent sans relâche et un même soir, on a pu voir sur trois chaînes privées le Premier ministre, Salim Hoss; l’ancien président du Conseil, Omar Karamé et le député “frondeur”, Najah Wakim qui a choisi, cette fois, de se retirer de la bataille.
Dans la presse écrite et à la radio, même scénario, à tel point que le citoyen a un certain “dégoût” en raison de la tournure prise par les interventions des uns et des autres.
Dans les bureaux électoraux, l’animation est à son comble. On s’active pour assurer les cartes électorales, nommer les délégués, assurer les moyens de transport pour les électeurs, etc... Quant aux “pauvres” candidats ils sont encore jusqu’au jour du scrutin, obligés de subir: mariages, funérailles, dîners de clubs et d’associations, meetings électoraux. L’argent, lui, dit-on, coule à flots...
 

Najib Mikati: Serait-ce le futur 
Premier ministre?

Walid Joumblatt: Un nouveau 
discours politique.

Issam Farès: Leadership 
incontesté au Akkar?

Le Mont-Liban découpé en quatre circonscriptions, est représenté au parlement par 35 députés appartenant à différentes communautés, dont une majorité de maronites.
Dans la circonscription de Kesrouan-Jbeil, les candidats ont longtemps hésité avant de se décider à abattre leurs cartes. Finalement, quatre listes sont en lice. L’ancien ministre Georges Frem a été le premier à annoncer, officiellement, la sienne. Les trois autres ont été proclamées lors du dernier week-end. L’une est présidée par Farès Bouez, député et ancien ministre; une autre par Youssef Khalil avec pour Jbeil deux membres du Bloc national. La quatrième, présidée par Henri Sfeir, a été annoncée à partir de la maison du président Fouad Chéhab.
A noter que deux frères: Joseph et Maroun Abou-Charaf sont sur deux listes concurrentes, celle de M. Bouez, comptant une femme, Gilberte Zouein.
Au Metn-Nord, le souhait d’un grand nombre de citoyens de voir Nassib Lahoud, le Dr Albert Moukheiber et M. Pierre Amine Gemayel former une liste commune, ne s’est pas réalisé. M. Lahoud a annoncé sa liste avec un siège maronite vacant. Le Dr Moukheiber se présente avec un seul colistier et Pierre Gemayel fait cavalier seul.
Au cours d’un conférence de presse, Michel Murr, ministre de l’Intérieur a proclamé de son domicile à Bteghrine, sa liste ou l’un des deux sièges grecs-orthodoxes est libre. Est-il destiné au Dr Moukheiber?
Dans cette circonscription, la “guerre verbale” et des portraits entre MM. Michel Murr et Nassib Lahoud se poursuit avec virulence.
A Baabda-Aley, deux listes principales s’affrontent, l’une présidée par Hélou-Arslane; l’autre, patronnée par Walid Joumblatt. A signaler, aussi, deux autres formations incomplètes et des candidats indépendants, dont notre confrère Tanios Daïbess.
Pour tous, les ultimes préparatifs vont bon train et M. Joumblatt s’est mis en campagne dans cette circonscription comme au Chouf pour mobiliser ses partisans. De son côté, M. Talal Arslane multiplie les meetings électoraux pour affirmer son leadership druze.
Au Chouf, deux listes se font face: celle présidée par M. Joumblatt et celle du tandem Naji Boustany-Zaher el-Khatib, appuyée par M. Arslane.

PLACE AU PANACHAGE
Evidemment, on s’attend dans les circonscriptions du Mont-Liban et du Nord à un panachage de la part des électeurs. Mais y aura-t-il de grandes surprises dans les résultats? Les avis sont partagés. Pour les uns, les listes dites “loyalistes” ou “principales” sont quasi-sûres de passer à quelques exceptions près. Pour d’autres, l’électorat dans certaines régions est assez éveillé pour faire un choix.
Mais qu’en est-il du pouvoir de l’argent? De la pression de ce que tout le monde qualifie de “services” sans qu’on parvienne à mettre un nom sur cette force “occulte”. Il y a, aussi, la désaffectation d’une partie de l’électorat, surtout chrétien.
Quoi qu’il en soit, les élections au Mont-Liban et au Nord serviront de test pour le scrutin dans la capitale, les mohafazats de la Békaa et du Sud.
 

Pierre Hélou fait figure de 
“rassembleur”.

Nayla Moawad: La femme 
et la politique.

AU LIBAN-NORD:
158 CANDIDATS POUR 28 SIÈGES
Le Liban-Nord compte deux circonscriptions électorales et son découpage a été vivement contesté en ce qui concerne la région de Bécharré qui a été rattachée, aux cazas de Akkar et Denniyé géographiquement éloignés d’elle. Les protestations sont restées vaines, la loi électorale a été adoptée et les nordistes sont appelés aux urnes pour élire 28 députés.
Dans la formation des listes, il y a eu certains renversements d’alliances. Au Akkar, par exemple, M. Michaël Daher, ancien député est, cette fois, sur la liste dite “principale” présidée par M. Issam Farès, alors que le député Faouzi Hobeiche est sur la liste adverse.
A Tripoli, MM. Omar Karamé et Sleiman Frangié sont sur deux listes différentes, alors qu’ils avaient scellé lors des deux précédents scrutins (1992 et 1996) une alliance indéfectible. Nayla Moawad a choisi le camp Karamé et, Boutros Harb, celui de Frangié.
Une bataille serrée s’annonce pour le leadership de la capitale nordiste, entre M. Omar Karamé et l’actuel ministre Najib Mikati qui fait figure de futur Premier ministre.
Toujours dans cette même circonscription, les candidats de la “Jamaa islamiya” n’ont pas rejoint la liste karamiste suite à un désaccord sur le choix de certains candidats. Les islamistes feront cavaliers seuls. Idem pour Misbah el-Ahdab qui se lance dans la bataille avec assurance.
Un peu partout dans le pays, les meetings électoraux s’intensifient les candidats étant tous en campagne. Concernant la capitale, les mohafazats du Sud et de la Békaa où le scrutin aura lieu le 3 septembre, les contours de la bataille se précisent, les listes se mettant en place.

AU MONT-LIBAN ET AU NORD:
319 CANDIDATS POUR 63 SIÈGES
Les élections législatives dans les quatre circonscriptions du Mont-Liban et les deux du Liban-Nord auront lieu le dimanche 27 août. Selon la liste officielle des candidatures, rendue publique par le ministère de l’Intérieur, à l’expiration du délai légal, 319 candidats se disputeront les 63 sièges dans ces deux mohafazats.
Au Mont-Liban, on compte 161 candidats pour 35 sièges répartis comme suit:
Première circonscription (cazas de Jbeil et du Kesrouan): 57 candidats pour 8 sièges.
Jbeil: 21 candidats pour trois sièges. Un siège chiite: 7 candidats, deux sièges maronites: 14 candidats.
Kesrouan: 36 candidats pour cinq sièges maronites.
Deuxième circonscription (caza du Metn-Nord): 29 candidats pour 8 sièges. Quatre sièges maronites: 18 candidats, un siège grec-catholique: 2 candidats, 2 sièges grecs-orthodoxes: 6 candidats, un siège arménien-orthodoxe: 3 candidats.
Troisième circonscription (cazas de Baabda et d’Aley): 48 candidats pour 11 sièges.
Baabda: 24 candidats pour 6 sièges. Trois sièges maronites: 13 candidats, deux sièges chiites: 8 candidats, un siège druze: 3 candidats.
Aley: 24 candidats pour cinq sièges. Deux sièges druzes: 10 candidats, deux sièges maronites: 8 candidats, un siège grec-orthodoxe: 6 candidats.
Quatrième circonscription (caza du Chouf): 27 candidats pour 8 sièges. Trois sièges maronites: 10 candidats, deux sièges druzes: 6 candidats, deux sièges sunnites: 8 candidats, un siège grec-catholique: 3 candidats.

AU LIBAN-NORD
158 candidats se présentent pour 28 sièges, répartis comme suit sur deux circonscriptions électorales.
Première circonscription (cazas de Akkar, Denniyé et Bécharré): 59 candidats pour 11 sièges.
Akkar: 37 candidats pour 7 sièges. Trois sièges sunnites: 18 candidats, un siège alaouite: 4 candidats, un siège maronite: 6 candidats, deux sièges grecs-orthodoxes: 9 candidats.
Denniyé: 14 candidats pour deux sièges sunnites.
Bécharré: 8 candidats pour deux sièges maronites.
Deuxième circonscription (cazas de Tripoli, Minié, Zghorta, Batroun et Koura): 99 candidats pour 17 sièges.
Tripoli: 55 candidats pour 8 sièges. Cinq sièges sunnites: 35 candidats, un siège maronite: 7 candidats, un siège alaouite: 9 candidats, un siège grec-orthodoxe: 4 candidats.
Minié: 8 candidats pour un siège sunnite.
Zghorta: 9 candidats pour trois sièges maronites.
Batroun: 13 candidats pour deux sièges maronites.
Koura: 14 candidats pour trois sièges grecs-orthodoxes.
 
SUR INTERNET
Certains candidats ont choisi de mener une campagne moderne en créant un site sur internet. Pour M. Pierre Hélou, l’innovation a été d’inscrire le code de son site sur ses photos: www.pierrehelou.com. Il est intéressant de le visiter. 

NELLY HELOU

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