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En
entrant au domicile de cheikh Pierre Gemayel à Bickfaya, vous ressentez
l’authenticité du passé proche et lointain, en vous souvenant
de tous ceux qui s’y sont succédé au cours des ans; l’arrière
grand-père Amine Gemayel; puis, cheikh Pierre et cheikh Bachir que
Dieu leur accorde sa miséricorde; enfin, cheikh Amine, père
de Pierre Gemayel, actuel candidat aux législatives pour l’un des
sièges maronites du Metn-Nord.
C’est la continuité dans la politique et le style que les successeurs préservent aussi précieusement qu’une icône. Quant à la résidence ancestrale au toit en brique rouge, le salon, les arcades et le sous-sol bâti en vieilles pierres, elle évoque un passé riche en événements. Puis, les jardins recouverts de gazon bien entretenu, à partir desquels on a une vue magnifique sur certains villages metniotes et sur la mer. Me Pierre A. Gemayel, jeune avocat ayant assumé, précocement, la responsabilité, tant politique que familiale, en l’absence forcée de son père, s’est soucié par-dessus tout de maintenir, en la raffermissant l’unité de la famille et du parti Kataëb. Cette interview a été prise avant la décision de M. Pierre A. Gemayel de se présenter à titre individuel. |
Qu’auriez-vous à dire à propos des rumeurs selon lesquelles
le retour de cheikh Amine approfondirait la discorde au sein de l’opposition
chrétienne?
On peut affirmer, au contraire, que son retour a raffermi la position
de l’opposition, bien qu’il ait coïncidé avec la période
électorale. Comment peut-il y avoir de changement dans notre ligne
politique, du moment qu’aucune concession n’a été accordée
de notre part à n’importe quel niveau ou dans quelque domaine. Nous
défendons toujours la même idéologie dont nous ne dévirons
jamais.
Tout en réclamant la réforme, vous étiez en
faveur de l’accord de Taëf. Pourquoi ne pas faire liste commune avec
M. Nassib Lahoud, face à celle dont le ministre de l’Intérieur
est le chef de file?
Nous n’avons jamais été des supporters de l’accord de
Taëf et ne formulons de réserve à propos de n’importe
quel accord, mais favorisons les décisions et formules qui répondent
à nos principes et aspirations.
Beaucoup de parties politiques ayant souscrit à l’accord de
Taëf, ont été déçues lors de son application;
certaines ont été trahies et n’ont pas manqué de manifester
leur révolte.
L’accord de Taëf devrait être révisé, afin
de mieux répondre aux impératifs de l’heure.
En ce qui concerne mon alliance avec M. Nassib Lahoud, je tiens à
préciser que notre point de vue diffère du sien en ce qui
a trait à l’opposition. D’après le député du
Metn, celle-ci doit être exercée de l’intérieur du
parlement, alors que nous préférons la mener de l’extérieur.
Puis, M. Lahoud a participé aux législatives de 1992
et 96, alors que nous les avions boycottées. Quoi qu’il en soit,
je me préoccupe d’entretenir les meilleurs rapports avec toutes
les parties.
Comment justifiez-vous votre alliance avec le Dr Albert Moukheiber,
alors que les trois ou quatre listes constituées au Metn-Nord sont
pour l’exclusion du président Amine Gemayel?
Je voudrais réaffirmer que le retour de mon père n’a
aucun lien avec les législatives et il l’a réitéré
à maintes reprises depuis sa rentrée. Il se soucie, surtout,
de contribuer à la consolidation de la souveraineté nationale,
ainsi qu’il l’a proclamé lors des visites qu’il a faites aux personnalités
politiques et aux instances spirituelles.
Quant à ma candidature, elle a pour objectif essentiel de manifester
notre présence sur la scène politique et, surtout, d’aider
au raffermissement de la liberté, de la démocratie et de
la souveraineté nationale.
La présence du président Amine Gemayel favorisera-t-elle
la réunification du parti Kataëb?
Probablement. Ce serait le meilleur moyen d’atteindre nos objectifs
et de contribuer à l’édification d’un Etat digne de ce nom.
La candidature du Dr Paul Gemayel au Metn-Nord, influera-t-elle,
négativement, sur la vôtre?
Franchement, je ne le crois pas.
Vos principaux soutiens électoraux se tiennent-ils à
vos côtés dans cette bataille électorale, ou ont-ils
rallié M. Michel Murr?
Bien sûr qu’ils continuent à nous soutenir.
Pensez-vous pouvoir percer la liste Murr?
Ma bataille n’est dirigée contre personne et vise, uniquement,
à honorer les martyrs de la cause libanaise.
Votre décision de participer aux législatives ne risque-t-elle
pas de diviser les parties chrétiennes ayant résolu de boycotter
le scrutin?
Pas du tout, pour la raison que les circonstances ne sont plus les
mêmes, aujourd’hui qu’en 1992 et 96.
Si vous aviez à porter un jugement sur quatre candidats: Emile
Lahoud, Nassib Lahoud, Michel Murr et Albert Moukheiber, que diriez-vous?
J’ai rencontré Emile Lahoud deux fois. Je répète
que ma bataille électorale n’est pas d’ordre personnel et a un but
exclusivement politique. Il a posé sa candidature et c’est son droit.
En ce qui concerne M. Nassib Lahoud, la bataille s’annonce serrée,
parce que deux membres d’une même famille s’y affrontent. Mais elle
fournit aux électeurs la possibilité de se prononcer entre
deux courants et, partant, d’élever la représentation nationale
à un niveau digne.
Quant à M. Michel Murr, il a commis bien des erreurs à
l’égard de la liberté d’opinion au cours des dix dernières
années. Cela touche, en fait, l’essence de notre système
démocratique qui doit garantir notre liberté et notre démocratie.
D’ailleurs, il faudrait blâmer toutes les personnes qui se sont succédé
au Pouvoir.
Le Dr Albert Moukheiber, lui, prône des idées et principes
politiques clairs depuis le temps où il s’adonne à la politique.
Nous souhaitons qu’il persiste dans la même ligne de conduite.
Je précise que ma bataille électorale n’est dirigée
contre aucun des candidats en lice mais contre une situation politique
malsaine, résultat de l’absence d’un gouvernement d’union nationale.
Que promettez-vous aux Libanais et que comptez-vous réaliser
si vous accédez au parlement?
Notre objectif vise moins un siège parlementaire, qu’une action
destinée à rectifier les erreurs du passé. Celle-ci
doit se traduire par un changement au niveau populaire, autant que par
un plan de travail aux lignes bien définies. Le but étant,
en définitive, d’assurer de meilleures conditions de vie aux citoyens,
une fois la paix revenue.