RENCONTRE AVEC LE CANDIDAT RAMGAVAR DE LA LISTE HARIRI
M. HAGOP KASSARJIAN:
“IL EST TEMPS POUR NOUS D’AGIR EN VRAIS CITOYENS DE CE PAYS”

Hagop Kassarjian, président du Comité Central Mondial du parti Ramgavar fait partie de la liste formée par M. Rafic Hariri.

Cet industriel de 53 ans a créé la surprise par son engagement dans une liste d’opposition, quand on sait que depuis toujours, les Arméniens sont des loyalistes inconditionnels formant un Bloc uni au parlement.
M. Kassarjian tout au long de son entretien, a insisté sur le fait qu’“il regrettait la désunion au sein du parti Tachnag” et nous a affirmé qu’en contrepartie, “cette cassure donnait aux Arméniens la chance de réagir comme des citoyens à part entière dans leur choix politique sur la scène parlementaire”.
M. Kassarjian a voulu, également, rassurer l’électorat arménien en affirmant, qu’il était prêt “au lendemain même des élections à pratiquer la politique de la main tendue pour reformer un bloc arménien uni, afin de répondre aux demandes de la communauté et défendre ses valeurs...”

Pourquoi le Ramgavar n’a pas fait partie de l’union des Arméniens et a voulu se démarquer d’une ligne politique suivie pourtant par les trois partis depuis toujours?
On n’a jamais cherché à “casser” l’unité arménienne. Depuis des mois, les trois partis se consultaient, se réunissaient régulièrement et nous pensions sincèrement arriver à un accord. Ce qu’il faut savoir aussi, c’est que dans l’histoire de la politique libanaise, on a toujours subi une dominance du parti Tachnag à qui revenaient en fin de compte les décisions. On avait accepté cette sorte de “mainmise” justement afin de sauvegarder l’union... Cette fois encore, nous n’avons pas épargné nos efforts pour trouver un modus vivendi... Sans grand succès.
Depuis des années, le parti Ramgavar collabore avec M. Rafic Hariri étant convaincu de ses actions politiques et sociales. Les Tachnag et les Hentchag savaient aussi que j’étais le candidat arménien-orthodoxe sur cette liste et étaient entièrement d’accord sur ma candidature. Mais prenant le prétexte de vouloir à tout prix récupérer le siège évangélique de Beyrouth, ils se sont écartés de nous.
Il faut que tout le monde sache que ce siège est aussi important à nos yeux. Le Ramgavar aussi voulait le garder. Mais rappelez-vous, lorsque Beyrouth a été divisé en trois circonscriptions, les autorités ont décidé de donner ce siège de la première circonscription à un protestant non-arménien et un vote au parlement a eu lieu où le Bloc des députés arméniens s’est prononcé en votant pour... Dès lors, on savait pertinemment qu’il ne restait plus aucune chance de le récupérer, d’autant plus que la Constitution libanaise ne précise pas que le siège évangélique soit uniquement réservé aux Arméniens.
Le problème posé par le Tachnag est faux. Je nie et tiens à préciser, malgré les accusations lancées par ce parti, que le Ramgavar à aucun moment n’a désiré cette scission. Les Ramgavar ont toujours fait des concessions au nom de l’union... Jamais les Tachnag...
Deuxièmement, j’affirme qu’à aucun moment M. Hariri n’a cherché à diviser les rangs arméniens. Au contraire. Jusqu’à la veille de l’annonce de sa liste, il espérait encore leur arracher un accord.
Depuis, le parti Hentchag se ralliant au Ramgavar, s’est décidé à suivre la politique proposée par l’ancien Premier ministre.

Mais sur la liste des Tachnag, il y a un représentant Hentchag. Le comité de ce parti a été dissous suite à des dissensions et on a pu lire dans la presse la déclaration officielle selon laquelle “le Dr Yeghig Jéréjian ne représente que sa personne... Actuellement, n’est–ce pas M. Mihran Séférian qui est le candidat légal?
Vous parlez là des Hentchag qui ont fait sécession... C’est vrai, des heurts ont secoué ce parti lorsque le Dr Jéréjian a posé sa candidature. Le Comité Central a eu quelques problèmes, fomentés de l’extérieur. Le Comité central sécessionniste a désigné un candidat pour faire alliance avec le Tachnag et dire qu’un Front uni existait. Ce qui est totalement erroné.
Malheureusement, le Bloc des députés arméniens n’est plus... Mais la grande majorité Hentchag s’est rangée aux côtés du Dr Jéréjian.

On dit aussi qu’à l’annonce de votre candidature, le comité régional du parti Ramgavar a présenté sa démission en signe de protestation
C’est absolument faux. Ce sont des rumeurs dénuées de tout fondement. Je suis le président du Comité central mondial Ramgavar et j’affirme ici, que tous les membres de mon parti sont unis. Le Comité régional du Liban a toujours été solidaire du comité central mondial.
Les dirigeants ont toujours été vigilants et ont su surmonter leurs petites dissensions...

Le Bloc des députés arméniens n’existe plus, dites-vous. Mais il existe aujourd’hui un front de l’Unité Arménienne...
Allez donc savoir si c’est véritablement un front uni comme ils le prétendent... Les Tachnag ont utilisé en plus le nom de M. Arthur Nazarian qui est membre de l’UGAB dont je fais moi-même partie. J’ai d’ailleurs occupé en France comme au Liban, des postes de responsabilités au sein de cette association apolitique.
Le fait que M. Nazarian et moi-même soyons candidats ne force pas les membres de cette union à prendre position. Utiliser le nom de l’UGAB et celui du Hentchag, est une manœuvre purement politique menée par le Tachnag, qui ne veut pas avouer qu’il n’y a plus, de bloc arménien.
Je tiens à dire que nous sommes prêts aux lendemains mêmes des législatives à reformer un bloc qui représentera les tendances des trois partis politiques arméniens, ce qui jusqu’à présent était l’apanage du Tachnag.
Nous n’acceptons plus la domination. Plus de mainmise politique!

Toutes ces crises qui agitent la communauté ne la desservent-elles pas?
Je ne le pense pas. Enfin, la communauté arménienne aura la possibilité de voter à sa guise.
Le Liban est un pays démocrate; agissons en tant que tel. Conduisons-nous en citoyens libanais, ce qui ne veut pas dire qu’il nous faudra oublier nos valeurs ancestrales.

Alors vous ne vous sentez pas isolé de la communauté?
Nullement. Le parti Ramgavar est un parti respecté de tous. Il fallait un changement A chaque chose, malheur est bon.

Que pensez-vous de la coalition Tachnag-Hentchag à Beyrouth, au Metn et dans la Békaa?
J’ai ici une question à poser. Comment les Tachnag pensent-ils à une union et accusent le parti Ramgavar d’avoir brisé cette alliance sacrée, alors qu’ils ont annoncé que dans la Békaa, leur candidat se présentait dans la liste de M. Skaff?
Si les dirigeants Tachnag étaient vraiment sincères, ils auraient tout mis en œuvre pour réussir une union partout au Liban. Ils n’ont pensé qu’aux sièges de Beyrouth; je vous laisse alors le soin de juger de leur façon de penser alliance, union, front uni...

Vous êtes président du Ramgavar Mondial, membre à l’UGAB et au RPR français dit-on... Comment allez-vous concilier ce cumul d’appartenances?
Je n’ai jamais fait partie du RPR. Etant le président du parti Ramgavar en France et partageant les idées du RPR, nous avons entretenu d’excellentes relations avec ce parti. D’ailleurs, les Tachnag ne collaborent-ils pas avec les Socialistes de France? Mais de là à dire que j’en fais partie, c’est totalement faux!

Avez-vous rencontré les chefs religieux de la communauté arménienne?
Je me suis entretenu à plusieurs reprises avec tous les chefs spirituels de la communauté du Liban, qui avaient à cœur de voir se concrétiser l’union arménienne. Toutes les autorités religieuses souhaitent que les élections se déroulent dans un esprit démocratique et que les futurs députés s’unissent à nouveau. Je tiens à ajouter ici que les chefs religieux se tiennent à égale distance de tous les partis.

Avez-vous quelque chose de particulier à dire au peuple libanais et aux Arméniens en particulier?
Les Libanais doivent massivement voter.
Les élections seront justes et il n’y aura aucune interférence comme a promis le chef de l’Etat, le général Emile Lahoud. Nous lui faisons entièrement confiance.
Cette bataille électorale doit se dérouler dans un esprit libanais. Ce ne sont pas des élections arméniennes.

Si vous êtes élu, promettez-vous des changements qui pourraient améliorer le sort des Libanais?
Changer de politique, avoir un gouvernement fort avec un Premier ministre ayant des relations régionales et internationales redonnera confiance aux étrangers et aux Libanais établis à l’étranger à réinvestir au Liban.
C’est en opérant un changement qu’on insufflera une nouvelle dynamique à l’économie; ceci réduira aussi le chômage qui a atteint le chiffre record des 35%...

PROPOS RECUEILLIS PAR
SONIA NIGOLIAN

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