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Ce
n’est pas la première fois que nous nous entretenons avec M. Hagop
Pakradouny, puisque c’est lui-même qui est depuis assez longtemps
déjà le chargé de relations avec la presse au sein
du parti Tachnag. Arménien-orthodoxe, né à Beyrouth
en 1956, après des études secondaires au collège Souren
Khanamirian, Hagop Pakradouny, titulaire de deux licences en sciences politiques
des Universités américaine et libanaise de Beyrouth, a poursuivi
des études supérieures dans ce domaine.
Membre actif du parti Tachnag depuis 1976, il est professeur conférencier à l’Institut d’Etudes Arméniennes, membre du conseil national de l’audiovisuel, directeur du collège Souren Khanamirian et a collaboré également dans le domaine de la presse. Dynamique, tout à fait acquis à la cause de son parti, il a cependant créé une certaine surprise chez les électeurs par sa nomination par le comité central du parti en tant que candidat aux prochaines élections législatives de la troisième circonscription de Beyrouth. Notre entretien s’est déroulé dans un des bureaux du parti Tachnag. M. Pakradouny a répondu sans détour, avec conviction, à nos questions et à celles que se pose chaque Arménien en cette période électorale. |
Quelle est la position des partis arméniens actuellement?
Peut-on parler d’entente totale, d’union sacrée...? Ne règne-t-il
pas une certaine confusion? Il y a eu des tiraillements au sein des partis
Ramgavar et Hentchag, au sein-même du parti Tachnag dit-on aussi...
Malheureusement, l’unité des partis arméniens a été
ébranlée ces derniers temps, malgré tous les efforts
effectués en ce sens par le parti Tachnag. Nous voulions, certes,
rassembler les trois partis politiques arméniens afin qu’ils œuvrent
ensemble comme ils l’ont toujours fait... Nos efforts ont été
vains... Lors de nos réunions avec le Hentchag, son chef qui était
alors le Dr Yéghia Jéréjian a déclaré
qu’il passait à la liste de M. Hariri, ce qui a tout de suite entraîné
au sein de ce parti des dissensions. D’après les règles qui
régissent le Hentchag, il est dit que le comité central du
Liban doit, avant de prendre une quelconque décision, en référer
au bureau mondial, ce qui n’a pas été fait... Aussi ce bureau
a immédiatement réagi et a dissous le comité central
affirmant que le Dr Jéréjian ne représentait que sa
personne.
Suite à cette “affaire”, c’est M. Mihran Séférian
qui a été désigné en tant que candidat des
Hentchag.
On n’a pas réussi non plus à nous entendre avec le parti
Ramgavar, surtout sur le point litigieux qui consiste à vouloir
garder le siège évangélique aux Arméniens protes-tants.
Les trois partis arméniens avaient, d’ailleurs, auparavant exigé
de M. Hariri une représentation arménienne à ce siège...
Au sein du Ramgavar, la nomination de M. Hagop Kassardjian dans la
liste formée par M. Hariri et le fait qu’il se soit ainsi démarqué
de la ligne suivie en général par les Arméniens, a
entraîné la démission du comité central de ce
parti en signe de protestation. Quant aux rumeurs de scissions au sein
du parti Tachnag, je peux vous affirmer qu’il n’en est rien. Les rumeurs
courent toujours et restent à prouver... Le parti Tachnag
reste uni et fort comme il l’a toujours été.
Mais le Liban est un pays démocratique. Dans chaque démocratie,
il y a une opposition; alors pourquoi jeter le blâme sur le parti
Ramgavar?
Je veux encore une fois affirmer que le Ramgavar ne s’est pas engagé
dans l’opposition, mais simplement M. Kassardjian. Croyez-moi, nous sommes
convaincus que les membres de ce parti ne sont certainement pas d’accord
sur ce choix politique.
Tout ceci est dommage... Mais on ne pourra pas nous accuser de n’avoir
pas tout entrepris pour réunir les trois partis. A la veille même
de l’annonce de la liste formée par M. Hariri, on s’est encore une
fois concerté afin que le Ramgavar revienne sur sa décision...
Mais ceci dit, le parti est libre de ses décisions. Il a sa propre
vision, il connaît la politique actuelle du pays, les difficultés
qu’il y a actuellement sur le terrain, les intérêts de la
communauté arménienne... Quant à nous, il nous était
impossible d’accepter les conditions posées par l’ancien Premier
ministre, surtout en ce qui concernait le siège évangélique.
De plus, M. Hariri et lui seul voulait désigner un candidat Hentchag
et un autre Ramgavar, nous laissant le siège des Arméniens
orthodoxes et catholiques... En fait, M. Hariri voulait tout simplement
“miner” l’unité des partis arméniens, afin qu’il n’y ait
plus de Bloc de députés Arméniens, ce qui est à
notre point de vue un problème très grave. Supprimer le Bloc
veut tout simplement dire qu’il n’y aura plus à l’avenir d’indépendance
politique arménienne. Aucun Arménien ne pouvait accepter
cela, ni notre rôle politique qui a toujours été lié
à la vie parlementaire libanaise. Nous ne pouvons pas et ne voulons
pas dépendre de la décision politique de telle ou telle personnalité.
Aujourd’hui malgré tout, le Bloc arménien existe. Le Front
de l’Unité arménienne est définitivement formé
et comprend un représentant du parti Hentchag, un membre de l’UGAB,
deux représentants Tachnags et quatre candidats qui ne sont affiliés
à aucun parti.
Vous vous êtes concertés avec l’UGAB qui n’est pourtant
pas, comme chacun le sait, un parti politique, mais une association de
bienfaisance... En fait qui a désigné M. Arthur Nazarian?
L’UGAB n’est pas un parti politique et ne prétend pas l’être.
M. Arthur Nazarian est une personnalité importante qui joue un rôle
politique important sur la scène libanaise et est simplement membre
de l’UGAB. Le fait qu’il soit dans notre liste répond aux aspirations
de nombre de citoyens arméniens qui font aussi partie de cette association...
D’ailleurs, M. Hagop Kassardjian est lui aussi membre de l’UGAB.
Il y a malgré tout une grande confusion dans la communauté
arménienne; qui l’a provoquée d’après vous?
Nous voulions éviter toute forme de confusion... Qui a intérêt
à semer le trouble dans l’esprit des électeurs?
Je répondrai à votre question et espère pouvoir
le faire dès le 4 septembre...
Vous vous êtes certainement réunis avec les chefs spirituels
de la communauté arménienne...
Nous avons rencontré tous les chefs spirituels de la communauté
arménienne du Liban: le prélat des Arméniens orthodoxes,
Mgr Khatchérian, Sa Béatitude le patriarche Tarmouni, les
Révérends Karagueuzian, Haydotzian et Sa Sainteté
Aram I. Tous d’un commun accord ont béni notre désir de renforcer
l’unité arménienne et soutiennent notre droit à préserver
l’indépendance de notre décision politique.
Sa Sainteté Aram I à la veille de son départ pour
l’Iran, a déclaré qu’il lançait un appel à
tous les Arméniens pour sauvegarder de l’unité des rangs,
en ne faisant pas passer les intérêts personnels avant l’intérêt
de la nation, préserver les demandes de la communauté et
continuer à prendre des décisions justes et équitables
pour tous.
Nous croyons que ce Bloc a pu être formé grâce à
cet appel...
Etes-vous satisfait de la formation de cette liste?
Tout à fait, non pas parce que j’en fais partie, mais parce
qu’elle représente la grande majorité des Arméniens.
Je déplore, toutefois, l’absence d’un représentant du Ramgavar...
Je voudrais aussi poser une question à M. Kassardjian: “Comment
peut-il accepter de figurer dans une liste qui cherche à supprimer
un siège revenant aux Arméniens...?”
Avez-vous un message particulier à adresser aux citoyens?
Je veux lancer ici un appel à tous les citoyens, à tous
les Libanais, tous rites et toutes confessions confondus... Le changement
ne peut se faire que par le vote. Il faut que tous les Libanais participent
massivement aux élections. Il faut que chaque citoyen s’exprime.
Boycotter des élections législatives, c’est manquer à
son devoir essentiel envers la patrie.
Nous connaissons les difficultés rencontrées par le peuple.
La crise économique qui agite le pays, le problème que rencontrent
les jeunes pour trouver du travail...
Sous le mandat du président Lahoud, l’Etat a étendu son
autorité à tout le territoire. Le Sud est enfin libéré,
la sécurité des citoyens assurée. Grâce aux
efforts incessants déployés par le chef de l’Etat, notre
patrie saura surmonter la crise économique.