Le président chinois Jiang Zemin accueille
le leader palestinien.
Tout en revendiquant leur droit indéniable de proclamer leur
indépendance le 13 septembre, date à laquelle les négociations
sur le statut final des territoires occupés sont censées
s’achever, plusieurs responsables palestiniens ont laissé entendre,
ces derniers temps, la possibilité d’un report. Evidemment, cette
attitude découle des conseils entendus par M. Arafat au cours de
son long périple régional et international. D’après
certaines sources médiatiques, il aurait lui-même déclaré
à partir d’Oslo: “Beaucoup de nos amis nous ont conseillé
d’ajourner la proclamation de l’Etat.”
Le premier de ces conseils est, sans doute, venu du président
Jacques Chirac, ami de M. Arafat et fervent défenseur de la cause
palestinienne. La France préside l’Union européenne pour
six mois, depuis le premier juillet et déjà avant même
la tenue du sommet de Camp David, lors d’une rencontre avec Abou-Ammar,
le président Chirac avait averti “qu’il ne serait pas chose facile
de convaincre les quatorze autres membres de l’UE de reconnaître
un Etat palestinien, si les Etats-Unis s’opposaient à une telle
initiative”.
Pour le président égyptien, principal interlocuteur entre
Washington et les Palestiniens, la date du 13 septembre “pourrait être
reportée”. “Si, déclare le président Moubarak, une
solution est trouvée juste avant le 13, je pense qu’il n’y aura
pas de problèmes. Sinon, nous devons être très patients
et très pragmatiques”.
Le chef de l’Autorité palestinienne se doit de tenir compte
des conseils de la Russie et de la Chine, alliés traditionnels des
Palestiniens. A Moscou, les dirigeants ont mis en garde M. Arafat contre
la proclamation hâtive d’un Etat.
A Pékin, le président Jiang Zemin devait déclarer,
à l’issue de sa rencontre avec M. Arafat: “Nous pensons que l’Autorité
palestinienne va réfléchir et proclamer l’Etat palestinien
au moment opportun, afin de pouvoir obtenir les meilleurs résultats”.
Rassuré par l’attitude de la communauté internationale
qui conseille la prudence à l’Autorité palestinienne, Israël
table aussi sur un report de la proclamation de l’Etat palestinien. C’est
ce qu’a affirmé, du moins Schlomo Ben Ami, ministre israélien
p.i. des Affaires étrangères, en visite en Italie.
![]() la proclamation de l’Etat palestinien. |
![]() région pour relancer le processus de paix. |
LA DÉCISION REVIENT AU CCOLP
Qui est habilité à décider de ce report? Selon
Zakaria al-Agha, membre du comité exécutif de l’OLP, la décision
revient au Conseil central de l’OLP (CCOLP) qui doit se réunir les
8 et 9 septembre pour examiner la proclamation d’un Etat indépendant.
Qu’est-ce qui justifierait un tel report? Les conseils prodigués
par les pays amis mais, aussi, les menaces israéliennes de répliquer
de façon unilatérale à toute proclamation unilatérale
d’un Etat palestinien le 13 septembre. Une première mesure unilatérale
que pourrait prendre l’Etat hébreu, serait l’annexion de secteurs
de Cisjordanie où sont installés la plupart des 200.000 colons
israéliens.
A partir de ce moment, la confrontation serait imminente et la région
mise à feu et à sang. D’autant plus que les camps d’entraînement
militaires de jeunes Palestiniens s’intensifient à Gaza, comme en
Cisjordanie, alors qu’en face, les colons sont bien armés et déterminés
à défendre leur terre.
NOUVEAU SOMMET EN PERSPECTIVE?
La nécessité de maintenir et de poursuivre le dialogue
demeure, dès lors, un impératif majeur et Washington continue
à tabler là-dessus. Après la tournée régionale
de M. Edward Walker, secrétaire d’Etat adjoint américain
pour le Proche-Orient, qui se dit “optimiste”, M. Dennis Ross coordonnateur
pour le processus de paix, est attendu dans la région pour remettre
sur les rails les pourparlers. Dans ce contexte, une délégation
palestinienne s’est rendue en Egypte pour s’entretenir avec MM. Amr Moussa,
chef de la diplomatie égyptienne et Oussama el-Baz,
conseiller politique du président Moubarak sur la relance des négociations
avec Israël. A partir de la Malaisie, M. Arafat a affirmé que
le sommet pour le Proche-Orient pourrait se tenir à nouveau après
la fin de la Convention démocrate à laquelle participe le
président Clinton. D’ailleurs, selon des sources proches du FDLP,
des contacts secrets se poursuivent entre Palestiniens et Israéliens
dans la perspective d’un nouveau sommet.
Le temps presse et à moins d’un mois de la date-butoir du 13
septembre, la nécessité de parvenir à une solution
devient impérative.