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Il
s’est fait le “chantre de la concorde” en période électorale,
dans l’intention d’éviter à Beyrouth une bataille acharnée
dont nul ne tirera profit.
M. Tammam Salam a prôné la constitution d’une liste de coalition et, à cet effet, a multiplié les concertations avec les présidents Salim Hoss et Rafic Hariri. Mais ceux-ci n’ont pas manifesté de l’enthousiasme: le chef du gouvernement n’a rien fait pour concrétiser la proposition salamiste, alors que le président Hariri s’y est montré réfractaire. Aussi, préconise-t-il une bataille dans le plus pur esprit sportif car, à son avis, l’émulation dans ce domaine doit intervenir à travers l’orientation politique et les projets d’utilité publique. “En 1992 et 96, rappelle M. Salam, j’avais tenté une action intensive à l’effet de rapprocher les candidats en présence, surtout les chefs de liste, répondant ainsi au souhait manifesté par l’électorat beyrouthin. Mes efforts n’avaient pas porté leur fruit. Je suis revenu à la charge à l’occasion des législatives 2000, mais dès le début, le président Hariri s’est empressé de constituer une liste pour me mettre au pied du mur. Le retard que nous avons mis à proclamer notre liste, avait pour motif mon souci de prévenir une bataille féroce dans la capitale.” |
On dit que M. Hariri s’est comporté de la sorte, afin de conserver
toutes ses chances en tant que prétendant à la troisième
présidence?
Je souhaite que cela ne soit pas la cause de son attitude négative,
car l’émulation doit avoir pour enjeu principal le service public
et non des charges à assumer et des postes honorifiques.
Quelle est la nature de vos rapports avec le président Salim
Hoss et avez-vous essayé de le convaincre de former une liste de
coalition?
Le chef du gouvernement n’était pas enthousiaste à mon
idée. Puis, une distance qui s’est élargie nous sépare,
car depuis près d’un an et demi, la gestion gouvernementale laisse
à désirer et ceci ne me place pas dans une position proche,
politiquement, du Premier ministre.
Votre nom est souvent cité parmi les candidats à la
présidence du Conseil après les législatives...
Ceci dépend des résultats du scrutin et du climat politique
qui en résultera.
QUID DE LA RÉGULARITÉ DU SCRUTIN?
D’aucuns doutent de la régularité de l’opération
électorale. Qu’en pensez-vous?
Des rumeurs sont propagées dans ce sens et ce n’est pas nouveau.
Naturellement, le scrutin peut ne pas être parfait et sa régularité
dépend de maints facteurs dont la garantie est du ressort du Cabinet.
Or, jusqu’ici, le gouvernement n’a pas pris toutes les mesures requises,
afin d’assurer une consultation populaire parfaite. Ainsi, il n’a pas garanti
avec la célérité voulue l’octroi de la carte électorale
à tous les citoyens en âge de voter.
Pour le moment, on ne peut parler de fraude et j’espère qu’on
n’aura pas à la déplorer le jour des élections ou
après la proclamation des résultats.
On fait état de “listes préfabriquées”. Quel
est votre avis à ce sujet?
Ceci est en relation fondamentale avec la loi électorale, en
ce sens que le découpage des circonscriptions a provoqué
une certaine confusion, surtout à Beyrouth. Ceci a favorisé
la tendance en faveur de la formation de pareilles listes.
D’autant que les conditions économiques des citoyens les engagent
à se prêter à pareille formule. Cependant, les électeurs
peuvent contribuer à enjoliver cette image très peu édifiante,
en participant en masse au scrutin.
PRIORITÉ À LA RÉFORME
ADMINISTRATIVE
Pourquoi avez-vous laissé la place vacante dans votre liste
au candidat grec-orthodoxe?
Nous avions convenu avec le président Hariri de ne pas désigner
de candidat grec-orthodoxe, afin qu’il ne soit pas une entrave à
la mise sur pied d’une liste de coalition.
Comment voyez-vous l’avenir de l’étape politique au Liban?
J’espère que la réforme administrative figurera en tête
de l’ordre des priorités, car sans elle aucun changement sérieux
ne peut se réaliser aux plans social, économique, financier,
industriel, touristique et des investissements. Car c’est à l’Administration,
une fois rénovée, de réactiver les divers secteurs
productifs.
Comment jugez-vous le retour au pays du président Amine Gemayel?
Je crois que son retour était envisagé depuis un certain
temps. L’ancien chef de l’Etat participera de nouveau à l’action
politique, à travers laquelle il réoccupera la place qui
lui revient au plan national.
MES GRIEFS CONTRE LE “CABINET DES 16”
Que reprochez-vous au gouvernement?
En premier lieu, mes griefs portent sur la gestion du gouvernement.
Qui est responsable de sa faiblesse? Sa position ne s’explique pas par
quelques décisions ou mesures administratives, mais par une présence
morale, chose qui était assurée, alors que le président
Hariri était au Sérail. J’espère que la concurrence
électorale sera menée d’une façon morale, quoique
ma relation personnelle avec le président Hariri soit bonne, nos
conceptions des législatives diffèrent.
LIBAN-SYRIE
Comment voyez-vous l’avenir des relations libano-syriennes?
Sur le plan politique, elles se poursuivront telles qu’elles étaient
par le passé, basées sur les intérêts communs,
en particulier en ce qui concerne la concomitance des volets libanais et
syrien dans les négociations de paix.
La politique d’ouverture et de développement adoptée
par le président Bachar Assad pour répondre aux impératifs
de l’heure, se répercutera sur les relations libano-syriennes.
Vous paraissez optimiste quant à la situation économique
au Liban?
Je le suis, puisque je crois que la situation socio-économique
ne diffère pas de celle des pays du monde durant une période
déterminée. L’amélioration de la conjoncture régionale,
au niveau de la paix, aura ses répercussions positives au Liban
et en Syrie.
La crise financière des “Makassed” est-elle en voie d’être
réglée?
Tout le monde sait que l’Association des Makassed est une des plus
grandes institutions de bienfaisance au Liban. Son action sociale à
différents niveaux remonte à 122 ans et nécessite
l’appui financier pour assurer sa continuité. A l’heure actuelle,
où les institutions productives et commerciales pâtissent
de la crise économique, il est normal que les associations de bienfaisance
soient en butte à des difficultés financières.
Nous œuvrons en vue de régler la crise. Durant plusieurs années,
nous avons bénéficié de l’assistance financière
des pays arabes, en particulier, de l’Arabie saoudite. Nous maintenons
nos bonnes relations avec nos frères arabes et considérons
que l’acte de bienfaisance ne dépend pas, uniquement, des particuliers,
mais se situe dans le cadre d’une institution œuvrant au service de la
société.