La
bataille électorale touchant à sa fin, une autre non moins
féroce est, d’ores et déjà déclenchée,
dont l’enjeu est la présidence du Conseil. A partir de Dimane où
il s’est rendu pour la première fois cet été, M. Sleiman
Frangié, ministre de l’Agriculture, a pris position sans ambage
en faveur de M. Rafic Hariri. A Moukhtara, M. Walid Joumblatt s’est prononcé
dans le même sens...
Les nouveaux élus et les chefs de file de la nouvelle législature
commencent à dévoiler leurs cartes, en prévision de
la bataille pour la présidence du Conseil.
Le premier parmi eux, M. Sleiman Frangié, a pris position à
ce sujet, à l’issue de la visite qu’il fit, mardi à S.Em.
le cardinal Sfeir, au siège estival du patriarche maronite. Fait
étrange: M. Frangié se rendait pour la première fois
à Dimane cet été, alors que l’éminent prélat
s’y trouve depuis près d’un mois et demi, alors qu’il en est éloigné
de moins d’une demi-heure en voiture... Et que presque toutes les personnalités
et notabilités nordistes y ont défilé depuis plusieurs
semaines. Mais passons!
En quittant Dimane, le député de Zghorta, n’a pas caché
en réponse aux questions des reporters de presse, sa préférence
en ce qui concerne la personne du futur président du Conseil citant,
nommément, M. Rafic Hariri, dont il fut membre de ses Cabinets.
Cette prise de position de sa part pêche par une certaine indécence
pour une double raison: d’abord, en tant que membre du “Cabinet des 16”,
il aurait dû se montrer plus discret, par égard au président
Salim Hoss, étant donné qu’il assume les charges de ministre
de l’Agriculture dans son équipe gouvernementale. D’ailleurs, M.
Frangié avait multiplié les contacts avec Koraytem au cours
des derniers mois et chaque fois il avait décoché des flèches
empoisonnées en direction de M. Hoss, critiquant sa gestion de la
chose publique. Dans ce cas, n’aurait-il pas été plus seyant
pour lui de présenter sa dé-mission et rallier l’opposition?
Puis, le nom d’un de ses collègues colistiers, en l’occurrence
M. Najib Mikati, ministre des Travaux publics et des Transports, est fréquemment
cité parmi les candidats à la troisième présidence.
Pour cela, il aurait été mieux inspiré en restant
dans le vague ou, tout au moins, en ne se prononçant pas sur la
question avant de se concerter avec les membres de la liste. A moins qu’il
s’agisse pour ces derniers d’une alliance purement électorale -
et non politique - uniquement valable pour les législatives.
Une autre voix s’est élevée dans le même temps
au Chouf où M. Walid Joumblatt après avoir tiré à
boulets rouges sur le Pouvoir, a donné le coup d’envoi de la “bataille
pour le Sérail”, en révélant de quel côté
bat son cœur. On sait que Walid bey est un Haririen passionné et
il n’a manqué jusqu’ici aucune occasion pour manifester ses sentiments
à l’égard de l’ancien Premier ministre.
Par ailleurs, à Majdalioun (caza de Saïda) et au cours
d’un dîner offert par Mme Bahia Hariri (en présence de M.
Rafic Hariri), pour sceller son alliance électorale au Sud, le président
Nabih Berri et l’ancien chef du gouvernement se sont lancé des fleurs,
en des termes si chaleureux qu’ils ont surpris leurs propres partisans.
Ainsi, dès la fermeture des bureaux de vote dimanche prochain,
la nouvelle bataille (présidentielle) sera déclenchée
ouvertement. Et quels que seront les résultats du scrutin à
Beyrouth, le président Hoss a déclaré qu’il n’y est
pas concerné. Et qu’en tout cas, il ne fera rien pour se succéder
à lui-même, car jusqu’ici et durant les quatre fois qu’il
a été chargé de former l’équipe ministérielle,
la présidence du Conseil lui a échu sur un plateau d’argent... |