Le
défilé de politiciens libanais à Damas, la veille
et durant les élections législatives, n’a pas manqué
de surprendre et d’intriguer les milieux politiques et populaires qui y
ont vu une immixtion dans l’opération électorale. Contrairement
à ce qu’a prétendu le ministre de l’Intérieur, les
visiteurs de la capitale syrienne s’y sont rendus à l’invitation
du président Bachar Assad. Notre photo le montre recevant le président
Salim Hoss.
L’opinion publique s’est interrogée sur les raisons ayant amené
plusieurs hommes politiques à se rendre sur les bords du Barada
la veille des premier et second rounds des législatives.
Ceci pouvait confirmer les rumeurs selon lesquelles Damas s’immiscerait
dans notre consultation populaire, alors que la capitale syrienne nie une
telle immixtion - non point lors du déroulement du scrutin, mais
au moment de la constitution des listes qu’on dit “préfabriquées”,
des candidats en étant exclus au profit d’autres considérés
plus “dociles”...
Officiellement, ces visites inopinées effectuées par
MM. Elias Hraoui, Nabih Berri, Rafic Hariri, Tammam Salam, Salim Hoss et
d’autres encore, avaient pour but “de calmer le jeu, en mettant un terme
aux échanges d’accusations et d’insultes entre les candidats”. Sans
doute, afin de ne pas envenimer le climat dans lequel les législatives
devraient avoir lieu, ni le ternir.
Les responsables syriens qui avaient entrepris une première
tentative, de loin en loin, pour atteindre cet objectif sans obtenir de
résultat satisfaisant, auraient été contraints d’intervenir
d’une manière directe pour décontracter l’atmosphère.
Et ce, en amenant les différentes parties à observer une
trêve susceptible d’éviter les batailles verbales compromettantes
pour les uns et les autres.
Mais était-ce, vraiment, le but de ces conciliabules à
un tel niveau, auxquels a été mêlé le président
Bachar Assad pour la première fois depuis son accession à
la présidence de la République? On ne saurait le dire!
S’agissait-il de préparer le terrain au choix du nouveau Premier
ministre ou de déterminer la forme et la nature du futur Cabinet,
tâche qui s’avèrerait malaisée, surtout si l’opposition
devait consolider sa position à l’issue du second round du scrutin
et renforcer ses effectifs?
De toute façon, ce défilé sur la route de Damas
a incité S.Em. le cardinal Sfeir à qualifier la situation
de “honteuse”, en ce sens “qu’elle donne l’image d’un pays (le Liban),
dont les fils sont incapables de s’organiser tout seuls et ont toujours
besoin de quelqu’un pour les prendre en charge, les pousser à s’entendre
et les ramener à la raison”.
L’éminent prélat a dit encore: “Les Libanais, dans leur
majorité, rêvent du jour qu’ils souhaitent proche, où
ils pourront assumer leurs propres responsabilités dans un pays
libre, indépendant et souverain”...
Tout cela attriste les Libanais bien pensants: ceux qui se sont expatriés
et voudraient tant réintégrer le pays natal et ceux qui,
désespérant de l’avenir, songent à faire leurs valises,
parce qu’ils se sentent étrangers dans leur propre pays...
Notre peuple qui pâtit encore des séquelles de la guerre,
n’a-t-il donc pas atteint sa maturité politique, pour avoir toujours
besoin d’un guide? |