Le
cataclysme électoral à Beyrouth n’a pas fini de faire couler
beaucoup d’encre et de salive. D’autant que le raz-de-marée haririen
a provoqué l’échec du chef du gouvernement et de deux de
ses ministres. Les Haririens soutiennent que l’électorat beyrouthin
a, par son vote, désapprouvé la politique du “Cabinet des
16” dont six membres ont pourtant été élus... M. Hoss
attribue sa déconfiture à la “puissance de l’argent”.
Les résultats du scrutin du 3 septembre à Beyrouth ont
produit l’effet d’un véritable cataclysme.
On ne s’attendait pas à l’échec du président Salim
Hoss, de trois de ses ministres-colistiers et, aussi, de M. Tammam Salam,
député, président des Makassed, dont l’association
a tant donné à la capitale et aux autres régions libanaises
dans les domaines médical, social, pédagogique et, dans ce
dernier secteur, autant sinon plus que la Fondation Hariri.
M. Hoss dont la modestie et la discrétion, autant que la probité
sont connues de tous, n’a cessé de répéter ces derniers
temps, qu’il n’a jamais convoité la présidence du Conseil,
les cinq fois où cette haute charge lui a été confiée
- la première fois sous le mandat du président Sarkis - il
ne l’avait pas sollicitée et n’avait rien fait pour s’installer
au Grand Sérail.
Les Libanais bien pensants déplorent d’autant plus sa
défaite qu’elle sanctionne un homme politique qui s’est distingué
par sa transparence et son souci de la chose publique.
Tout compte fait, le “triomphe” de M. Hariri et des listes qu’il a
parrainées dans les trois circonscriptions de la capitale, s’explique
par les dissensions ayant divisé les partis arméniens - le
Tachnag n’étant plus représenté au parlement - et,
aussi, par la défection de l’électorat chrétien, alors
que les sunnites ont accordé en bloc leurs suffrages aux candidats
haririens.
Les partisans de M. Hariri soutiennent que, par leur vote, les Beyrouthins
ont voulu manifester leur réprobation d’une loi électorale
inique et des “politiques” instaurées par le “Cabinet des 16”.
S’il en était ainsi, comment expliquer l’élection de
six membres du gouvernement au Liban-Nord, au Sud et dans la Békaa?
Il ne faut pas perdre de vue la part importante prise par les espèces
sonnantes, surtout en cette période de crise socio-économique
dont le Cabinet Hoss n’est pas responsable, les citoyens étant devenus
très vulnérables, surtout ceux qui ne parviennent plus à
joindre les deux bouts.
M. Hoss a bien déclaré, maintes fois, qu’il se trouvait
face à une “montagne d’argent” et usait d’un moyen, qu’il jugeait
efficace, celle de la prise de position et des principes pour la combattre!
Cela dit, il importe à présent de tourner la page et
d’en ouvrir une nouvelle dont le chef de l’Etat a, d’ores et déjà,
déterminé la nature. Dans une déclaration faite dimanche
dès la fermeture des bureaux de vote, le président Lahoud
a félicité tous les candidats élus et les a invités
“à travailler la main dans la main et à coopérer pour
favoriser le relèvement économique”.
De plus, il a assuré que les consultations parlementaires en
vue de la désignation d’un nouveau Premier ministre, se dérouleront
selon la Constitution.
Soucieux de s’acquitter de son rôle d’arbitre et de respecter
les institutions, le Premier libanais se tient à égale distance
de toutes les parties qu’il appelle à s’unir à l’effet de
faire face, avantageusement, aux prochaines échéances tant
locales que régionales.
Conclusion pratique: Un Cabinet d’union s’impose d’urgence, seul capable
d’instituer un dialogue et de réaliser un consensus au plan national,
en vue d’une réconciliation et d’une entente que les citoyens attendent
impatiemment depuis l’accord de Taëf, dont l’application a été
effectuée jusqu’ici d’une manière sélective... |