Evénements de la semaine
S’ACHEMINE-T-ON VERS UNE COHABITATION À LA FRANÇAISE?
La consultation populaire du 27 août et du 3 septembre a fait accéder au parlement quarante-sept nouveaux visages, soit près du tiers des effectifs de l’Assemblée nationale. Ceci pourrait avoir pour conséquence de modifier l’équilibre des forces en présence et, partant, déstabiliser la vie politique, pour peu qu’une opposition quelque peu musclée venait à se former sous l’hémicycle. Le président Berri (notre photo) se succèderait à lui-même.
 
 

Au cours d’un talk show consacré aux résultats du second round des élections législatives, surtout à Beyrouth, une station de télévision locale (MTV) a organisé un sondage d’opinion sur le point de savoir si M. Rafic Hariri serait chargé de former le futur gouvernement, après avoir raflé tous les sièges dans les trois circonscriptions de la capitale.
Vingt-quatre pour cent des participants à ce sondage ont répondu à la question par la négative, contre soixante-seize pour cent qui considèrent le “maître de Koraytem” comme le... “sauveur de la République, seul capable de changer la situation de fond en comble”.
Cependant, l’homme a été vu à l’œuvre durant de longues années. Ses promesses mirifiques ont été reportées d’un printemps à l’autre et le régime hraouiste s’est terminé avec une dette publique particulièrement pesante, dont le pays ne cesse de pâtir... M. Hariri devrait, en tout cas, s’il retournait au Sérail, reconsidérer sa stratégie et tirer les leçons de sa première expérience au Pouvoir qui n’a pas été toujours heureuse. N’a-t-on pas dit qu’il agissait en homme d’affaires soucieux de ses affaires, plutôt qu’en homme d’Etat préoccupé de relever le standing de vie de ses concitoyens? Puis, il lui faudra s’entourer d’un groupe de travail composé d’éléments capables d’étudier les projets d’utilité publique relevant de leur compétence et de leur spécialisation. On se rappelle qu’il avait limogé des ministres et des conseillers qui ne partageaient pas sa façon de concevoir les problèmes et la manière de les résoudre...
Il importe, cette fois, de ne pas bercer le citoyen d’illusions, en lui promettant monts et merveilles, au risque de le décevoir et de le porter à désespérer, définitivement, de sa patrie. Il faudra établir un ordre des priorités, afin de ne pas réaliser les projets à la va-vite, sans tenir compte de leur impact sur l’économie nationale et élaborer un plan de redressement - ou adopter le plan quinquennal établi par le “Cabinet des 16” s’il est jugé valable , sans alourdir davantage la dette publique.
L’ordre des priorités doit être rationnel et répondre aux ambitions de notre peuple, prévoyant des réalisations à accomplir dans toutes les régions, surtout les plus défavorisées parmi elles, sur la base du principe du développement équilibré.
On est en droit de se demander si la nouvelle législature sera en mesure d’opérer le changement que tout le monde souhaite et attend avec impatience.
Il est prématuré de répondre à cette question, pour la simple raison qu’on ne connaît pas encore la tendance et la position des représentants de la Nation nouvellement élus. Ceci étant, on peut être prudemment optimiste quant à l’étape future devant marquer un tournant particulièrement important et délicat dans notre vie nationale.
Cela dit, on se perd en conjectures autour des rapports qui seraient établis entre Baabda et le Sérail, si M. Hariri était appelé à occuper la troisième présidence. Dans ce cas et bien qu’aucun conflit d’ordre personnel n’oppose le chef de l’Etat à l’ancien Premier ministre et étant donné le caractère et la personnalité des deux hommes, il serait possible que le pays s’achemine vers une “cohabitation à la française”.
Mais si cette formule a relativement réussi en France, il n’est pas dit qu’elle sera facilement applicable chez nous, ce qui laisse présager une période de tension et d’instabilité politique... 


Home
Home