![]() Les couleurs des vieux “maîtres” étaient composées “ton sur ton” au moyen du rabattement par des “gris colorés”. |
![]() Modulation d’intensité obtenue par le jeu des glacis. |
Evidemment, un tableau ancien ne se présente pas toujours en
parfait état, mais ceux qui sont en bon état se négocient
à des prix beaucoup plus élevés que les autres, ceux
qui apparaissent, plus ou moins, endommagés par l’humidité,
les mauvais traitements ou l’usure des ans.
La restauration est l’art de remettre en état ces œuvres endommagées,
de les réparer, de leur redonner vie.
D’une façon générale, le nettoyage, l’enlèvement
de la saleté, des vernis jaunissants, des repeints et la réparation
des parties détériorées, conservent et revalorisent
les œuvres d’art, même si parfois on ne parvient pas à retrouver
“les tons du vieux maître”, (qui étaient parfois composés
artificiellement) qu’au moyen d’un vernis teinté, simulant le changement
de coloration dû à l’usure du temps.
Comme toute peinture, en vieillissant, subit des altérations,
plus ou moins naturelles, dans les couleurs et dans les valeurs, le nettoyage
total révèlerait, dans certains cas, des désaccords
qui ne correspondraient pas aux intentions de l’artiste. Si l’état
de santé de la couche picturale, après réparation
des parties endommagées, n’exige pas un nettoyage à fond,
il serait plus sage de laisser subsister une pellicule qui atténue
la crudité des désaccords. Ce serait là, en même
temps, une mesure de prudence, car en poussant le nettoyage jusqu’à
la couche de peinture, on n’est pas sûr de ne pas détruire
une possible patine voulue par l’artiste.
Depuis l’impressionnisme, les peintres traduisent
leurs
visions par des couleurs aussi pures et franches que
possible.
Tout comme, parfois, un nettoyage partiel peut désaccorder l’œuvre,
car il est généralement impossible de maintenir une couche
colorée, d’épaisseur parfaitement égale. Mais ce mal
est toutefois moins grave que le risque d’enlever, sans remède,
une patine, un glacis ou un vernis, par l’application de dissolvants puissants,
dont l’action est difficile à contrôler.
Chaque tableau, chaque partie de tableau, chaque détail, selon
son âge, son état et sa texture, requiert des moyens différents.
C’est pourquoi, la restauration est un art et une technique bien maîtrisée,
non une recette.
Un peintre contemporain, confirmé, ne peut prétendre
maîtriser l’art de la restauration des tableaux anciens, lequel art
requiert une spécialisation pointue.
Car ce qui distingue, précisément, la peinture d’aujourd’hui
de celle du passé, c’est que, depuis l’impressionnisme, le peintre
a essayé de traduire sa vision par des couleurs et des rapports
de couleurs aussi purs que possible, tandis que jadis, on voyait et on
traduisait les visions par valeurs.
La valeur étant une modulation d’intensité de la couleur
et cette modulation est obtenue essentiellement par le jeu subtil des glacis,
dont la transparence nuance au degré voulu le ton sous-jacent.
En conclusion, il ne faut jamais confier la restauration d’un tableau
ancien à un non-spécialiste, au risque de faire subir à
l’œuvre des dommages irréparables.