ART DE LA RESTAURATION ET TABLEAUX ANCIENS

Au début du IIIème millénaire, le goût prononcé du public libanais pour les tableaux anciens, est toujours aussi vivace.
 

Les couleurs des vieux “maîtres” étaient 
composées “ton sur ton” au moyen 
du rabattement par des “gris colorés”.

Modulation d’intensité obtenue 
par le jeu des glacis.

Evidemment, un tableau ancien ne se présente pas toujours en parfait état, mais ceux qui sont en bon état se négocient à des prix beaucoup plus élevés que les autres, ceux qui apparaissent, plus ou moins, endommagés par l’humidité, les mauvais traitements ou l’usure des ans.
La restauration est l’art de remettre en état ces œuvres endommagées, de les réparer, de leur redonner vie.
D’une façon générale, le nettoyage, l’enlèvement de la saleté, des vernis jaunissants, des repeints et la réparation des parties détériorées, conservent et revalorisent les œuvres d’art, même si parfois on ne parvient pas à retrouver “les tons du vieux maître”, (qui étaient parfois composés artificiellement) qu’au moyen d’un vernis teinté, simulant le changement de coloration dû à l’usure du temps.
Comme toute peinture, en vieillissant, subit des altérations, plus ou moins naturelles, dans les couleurs et dans les valeurs, le nettoyage total révèlerait, dans certains cas, des désaccords qui ne correspondraient pas aux intentions de l’artiste. Si l’état de santé de la couche picturale, après réparation des parties endommagées, n’exige pas un nettoyage à fond, il serait plus sage de laisser subsister une pellicule qui atténue la crudité des désaccords. Ce serait là, en même temps, une mesure de prudence, car en poussant le nettoyage jusqu’à la couche de peinture, on n’est pas sûr de ne pas détruire une possible patine voulue par l’artiste.


Depuis l’impressionnisme, les peintres traduisent leurs
visions par des couleurs aussi pures et franches que possible.

Tout comme, parfois, un nettoyage partiel peut désaccorder l’œuvre, car il est généralement impossible de maintenir une couche colorée, d’épaisseur parfaitement égale. Mais ce mal est toutefois moins grave que le risque d’enlever, sans remède, une patine, un glacis ou un vernis, par l’application de dissolvants puissants, dont l’action est difficile à contrôler.
Chaque tableau, chaque partie de tableau, chaque détail, selon son âge, son état et sa texture, requiert des moyens différents. C’est pourquoi, la restauration est un art et une technique bien maîtrisée, non une recette.
Un peintre contemporain, confirmé, ne peut prétendre maîtriser l’art de la restauration des tableaux anciens, lequel art requiert une spécialisation pointue.
Car ce qui distingue, précisément, la peinture d’aujourd’hui de celle du passé, c’est que, depuis l’impressionnisme, le peintre a essayé de traduire sa vision par des couleurs et des rapports de couleurs aussi purs que possible, tandis que jadis, on voyait et on traduisait les visions par valeurs.
La valeur étant une modulation d’intensité de la couleur et cette modulation est obtenue essentiellement par le jeu subtil des glacis, dont la transparence nuance au degré voulu le ton sous-jacent.
En conclusion, il ne faut jamais confier la restauration d’un tableau ancien à un non-spécialiste, au risque de faire subir à l’œuvre des dommages irréparables.

Par NICOLE MALHAMÉ HARFOUCHE

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