LAMENTO FINAL
Ils sont venus en gémissant; ils quittent la scène en
geignant encore plus!
Ce ministère sera connu comme celui du LAMENTO. Dès son
premier jour au Pouvoir, le Libanais a eu droit à la rengaine du
lourd héritage qui était le sien.
Dans ce lourd héritage, il y avait un passif et un actif. Ces
ministres se sont concentrés sur le passif et ont ignoré
l’actif, parmi lequel des indemnités faramineuses et de nombreux
bonus en sus. Or, on ne peut être sélectif dans une succession!
Pourtant, aucun d’eux n’a songé à démissionner
ou à refuser les indemnités.
Le temps a passé, les semaines; puis, les mois, enfin plus que
vingt mois. Ils vivaient dans le passé et agissaient en hommes du
passé, sans construire le présent.
A force de se lamenter, ils ont érodé le capital de sympathie
dont ils ont bénéficié à leur entrée
en scène.
Et, surtout, de ce passé, messieurs les ministres ne tiraient
pas des leçons pour construire l’avenir, mais plutôt un appel
au “Haïssez-vous les uns les autres”, qui a trouvé son crescendo
dans la campagne indigne, ubuesque infâme, livrée à
travers la soi-disant télévision officielle contre tout ce
qui n’était pas “eux”.
Que c’est triste, un départ comme le leur!
***
MANQUE D’ARGENT OU MANQUE DE PSYCHOLOGIE?
Au lieu d’accuser l’argent d’avoir été l’outil de la
défaite, les responsables (pour si peu de temps encore) devraient,
en toute honnêteté, accuser la loi électorale, le “gerrymandering”
pratiqué à outrance qui est la véritable raison de
leur défaite.
Cette loi a été le boomerang qui les a anéantis.
Car il ne s’agit pas seulement d’un échec, mais bien d’une motion
de censure du peuple libanais.
Ce qui a manqué le plus à ce ministère et à
leurs amis, c’est une absence totale de la psychologie des foules. Ils
ont oublié le bon sens populaire. Ils se sont gargarisés
de mots, ont ennuyé ou assommé des Libanais de leurs tirades
sur l’Etat de Droit, alors qu’ils ont pratiqué à outrance
les vengeances personnelles, ont cultivé les contradictions, ont
fait courber le peuple sous le poids des taxes tout en promettant aux Libanais
avec leurs sourires de circonstances un radieux avenir. En conclusion,
jamais le pauvre Libanais n’a été aussi pauvre, jamais les
jeunes n’ont tant émigré, même pendant la guerre. (On
parle des jeunes). En semblant déclarer la guerre à la corruption,
ils ont en profité pour se débarrasser de leurs ennemis politiques.
En conclusion, ils se sont tant démenés, que jamais de
mémoire de Libanais, une telle pagaille, avec une telle immixtion
des “services” de tous les “services” ne se sont vus au Liban!
Et surtout, ils ont pris les Libanais pour des imbéciles, des
débiles mentaux, avec leurs vidéo-clips où on entend
parler des responsables débitant leurs sottises.
Ces responsables ont oublié, ou peut-être n’ont-ils jamais
connu le principe cher à Abraham Lincoln:
“On peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple
une partie du temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le
temps”.
Telle est la véritable raison de cette débâcle,
de cette déroute, de cette déconfiture, de ce véritable
dimanche noir pour le gouvernement.
***
NASSIB LAHOUD OU NASSIB “CHRYSOSTOME”
“Chrysostome” veut dire, en grec, “Bouche d’Or”. Or, nul mieux que
Nassib Lahoud ne mérite ce surnom au Liban.
Provoqué, calomnié, dénigré, combattu,
il a su tout en se défendant, rester digne et parfaitement maître
de ses nerfs... d’acier, certainement.
Futur ministre des Affaires étrangères?
On le souhaite de tout cœur, non pas tant pour lui que pour les Libanais
qui méritent de se retrouver sur l’échiquier mondial.
L’essence des interviews données, des discours prononcés
par Nassib Lahoud, c’est que le plus souvent, alors qu’on se croit divisés
par des différences irrémédiables de situations sociales,
d’intérêts, d’opinions, de croyances, on s’aperçoit
qu’il n’y a là que des étiquettes factices, des malentendus
et qu’il suffit de causer, de s’entendre en pleine lumière pour
s’apercevoir qu’on est d’accord sur les points essentiels.
Nassib Lahoud croit qu’il existe entre les hommes, bien plus souvent
qu’on ne le pense, un dénominateur commun.
Il semble que dans toutes les choses qui divisent, il doit être
facile de trouver ce dénominateur. Surtout quand on se sait d’avance,
d’accord sur les points essentiels, qu’on est de bons Libanais et de loyaux
serviteurs de la République.
Le pire mal vient de cette méconnaissance que les hommes ont
les uns des autres.
Nassib Lahoud lance un appel à une véritable réconciliation
nationale, à fermer le dossier du passé, tout en en tirant
des leçons.
En l’écoutant, on ne peut que constater, que c’est consolant
et beau l’intelligence et le self-control!
***
“INFORTUNIOS”
Très attristée par l’absence dans le nouveau parlement de personnalités telles que Nadim Salem, Fouad Turk, Massoud Achkar, Habib Zoghbi, Habib Sadek, Riad el-Assaad et bien d’autres. Un brin de nostalgie, aussi, pour Salim Hoss et Tammam Salam! |