AMBASSADEUR DU MEXIQUE À BEYROUTH VICTOR SOLANO:
 “MA NOMINATION AU LIBAN ME PERMETTRA D’ENRICHIR MON EXPÉRIENCE PROFESSIONNELLE”

. Licencié en relations internationales de la Faculté des sciences politiques et sociales de l’UNAM, M. Victor Solano, nouvel ambassadeur du Mexique à Beyrouth, a parachevé sa formation politique, juridique, sociale et économique à l’Institut des hautes études internationales à Genève, en Suisse et à l’Académie internationale d’arbitrage commercial.
Admis au secrétariat des relations extérieures en février 1968, il y a assumé les charges de chef du département de comptabilité jusqu’en 1970, avant d’être nommé chancelier du service extérieur mexicain, délégué auprès du consulat général du Mexique à Chicago (USA).
Il a occupé plusieurs postes avant d’être muté en Autriche en qualité de ministre d’ambassade; puis, de représentant auprès des organismes internationaux ayant leur siège à Vienne. Il a été en poste au Venezuela (1987-1990); puis, ambassadeur au Zimbabwe (1990-94), à Belize (1994-96) et a représenté son pays dans plusieurs conférences internationales ou régionales. Jusqu’en mai 2000, il a été le conseiller pour les affaires politiques du sous-secrétaire pour l’Amérique latine, l’Asie et le Pacifique.

Il se dit heureux de son affectation au Liban. Ce premier poste au Proche-Orient, dit-il, me permettra d’enrichir mon expérience au plan professionnel et de compléter mes connaissances sur cette région du globe.
A mon arrivée à Beyrouth le 24 mai, ajoute-t-il, le Liban-Sud était libéré et j’ai réalisé à quel point le peuple libanais est dynamique et productif. Mon objectif prioritaire est de renforcer davantage les liens entre nos deux pays et leur coopération dans tous les domaines.

RELATIONS BILAT?RALES REPOSANT SUR LE RESPECT MUTUEL
Y aurait-il un contentieux entre le Liban et le Mexique et quelle est la nature des relations entre votre pays, d’une part, le Liban et le monde arabe, d’autre part?
Lors de l’établissement de relations diplomatiques, en 1945, entre le Liban et le Mexique, les deux pays ont toujours développé des relations politiques excellentes basées sur le respect et l’amitié. Du fait, qu’il a toujours appuyé la cause libanaise auprès des Nations Unies, le Mexique a tout le temps plaidé en faveur de la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance du Liban. En outre, nous avons eu une clause d’amitié, vu l’influence de la communauté libanaise au Mexique, non seulement par le nombre, mais par la qualité de leur participation aux divers aspects de notre société: le commerce, le secteur culturel et politique. Cette communauté libanaise est fort importante et influente dans notre vie sociale. Il est important de noter que, malheureusement, jusqu’à maintenant, les échanges commerciaux entre les deux pays ne répondent pas à l’ambition et aux bonnes relations bilatérales existantes, c’est pourquoi la tâche prioritaire de mon programme est d’intensifier les rapports commerciaux et économiques entre nos deux pays.
La communauté libanaise au Mexique a un important rôle à jouer, car elle doit participer à la reconstruction et au développement du pays. De plus, nous entretenons de bonnes relations avec le monde arabe et croyons que le processus de paix dans la région est une priorité. Nous avons toujours appuyé les résolutions des Nations Unies pour la paix, croyons en la souveraineté et l’intégrité territoriale de chaque pays dans la région. Quant aux échanges commerciaux avec le monde arabe, notre participation n’est pas suffisante.

Dans son rapport annuel, Amnesty International dénonce les abus commis au nom des droits de l’homme et appelle la communauté internationale à mettre en place la Cour pénale internationale. Quelle est la position du gouvernement mexicain à ce sujet?
Nous prônons le respect des droits humains sous ses divers aspects, comme le stipule notre Constitution. Dans notre pays, nous essayons de faire de notre mieux aussi à travers les Nations Unies pour la garantie de ces droits.

Si le Conseil de Sécurité se prononçait en faveur de l’augmentation des effectifs de la FINUL stationnés au Liban-Sud, le Mexique enverrait-il un contingent, si on le lui demandait?
C’est une situation assez difficile pour notre gouvernement. Constitutionnellement, l’armée mexicaine doit rester dans le pays, pour assurer la protection du peuple. Historiquement, le Mexique n’a jamais déployé une force militaire hors du territoire national.

RENFORCER NOTRE PROCESSUS D?MOCRATIQUE
A quels problèmes exigeant des solutions urgentes, le Mexique est-il actuellement confronté?
Il faudrait remarquer ici, que la pauvreté extrême que nous avons encore en différentes parties de notre territoire, est un premier but à attaquer. Après le grand succès du développement macroéconomique, nous devons promouvoir le développement social pour redistribuer nos ressources. Le plus grave problème à résoudre et le dossier important dans ce contexte, est de consolider notre processus démocratique, car pour la première fois, le parti d’opposition a gagné les élections générales au Mexique, alors qu’un seul parti s’était maintenu au Pouvoir durant soixante-dix ans.

Vingt-sept Etats membres ont ratifié la convention de l’Organisation internationale du Travail (OIT) interdisant les pires formes de travail des enfants. Le Mexique l’a-t-il signée ou dispose-t-il d’une législation régissant ce domaine?
Nous participons à cette convention en accord avec nos lois internes. Selon la Constitution, chaque traité que le Mexique signe, devient une loi interne. De toute façon, même avant la signature de cette convention, notre Constitution a toujours protégé les enfants contre les exploitations du travail.

Quelle est la position de Mexico envers le conflit israélo-arabe? Votre pays peut-il contribuer à son règlement, en favorisant le processus de paix?
Le Mexique a toujours appuyé et soutenu la cause libanaise. Il a plaidé en faveur de la souveraineté et l’indépendance du Liban, ainsi qu’au retrait des troupes israéliennes des régions arabes occupées.

NON-IMMIXTION DANS LES AFFAIRES DES AUTRES PAYS
L’Organisation des Etats américains (OEA) a décidé d’envoyer une mission de haut niveau au Pérou, en vue de renforcer la démocratie dans ce pays après la récente réélection controversée du président Fujimori. Quelle est l’attitude de Mexico envers la crise chilienne?
Tout au long de notre Histoire, nous avons été très rigoureux en ce qui concerne le respect des principes de non-intervention dans les affaires internes des autres pays. Le Pérou ou le Chili ont leurs propres lois, cadres juridiques et institutionnels, capables de résoudre leurs problèmes, sans intervention étrangère.

Qu’en est-il de la loi sur l’immigration au Mexique et le gouvernement mexicain compte-t-il l’assouplir?
Nous sommes un peuple généreux ayant reçu différentes personnes de tous les coins du globe. Le meilleur exemple est celui de la présence libanaise au Mexique. Les Libanais sont arrivés dans notre pays vers la fin du XIXème siècle; nous n’allons pas changer maintenant notre attitude ni notre loi sur l’immigration, qui n’est pas dure. Nous prenons, juste, les mesures nécessaires pour éviter les problèmes au Mexique et aux pays voisins, étant toujours ouverts pour recevoir les émigrés de toutes les nationalités. Chaque homme ou femme venu (e) au Mexique, jouit de la protection totale en contrepartie de son respect des lois en vigueur.

SIGNATURE DE TROIS ACCORDS LIBANO-MEXICAINS
Pour la première fois, un responsable mexicain de ce rang vient à Beyrouth. Qu’est-ce qui a motivé la visite de Mme Rosario Green, chef de la diplomatie mexicaine et en quoi consistent les trois accords qu’elle a signés dans la capitale libanaise?
La présence de la secrétaire des Affaires étrangères répond à la volonté politique de deux pays de fortifier le haut niveau de consultations politiques pour de meilleures relations bilatérales à tous les niveaux. Elle est venue au Liban pour inviter M. Emile Lahoud, président de la République, à visiter le Mexique.
Au cours de son séjour ici, elle a signé avec le gouvernement libanais trois accords: le premier portant sur des consultations politiques; le second sur la coopération au niveau de l’éducation et de la culture; le troisième est d’ordre scientifique et technique.
Elle a, également, mis l’accent sur la nécessité de renforcer les échanges commerciaux et économiques.

Quel est votre meilleur souvenir de diplomate?
J’ai eu une grande variété d’activités diplomatiques au ministrère des Affaires étrangères. En 1968, quand j’ai débuté dans le service consulaire, j’avais une grande satisfaction de protéger les intérêts et les droits des Mexicains à l’étranger, en particulier ceux des Etats-Unis qui avaient des difficultés et des problèmes à résoudre. Dans un autre aspect de ma carrière, je peux citer ma participation à la troisième conférence sur le droit de la mer. C’est une excellente expérience que celle de défendre et de protéger les droits de souveraineté des pays côtiers autour des ressources maritimes naturelles au profit de leurs peuples.

JEANNE MASSAAD

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