Sous l'effet de serre, la planète Terre est en danger
180 PAYS RÉUNIS À LA HAYE SE PENCHENT SUR SON SORT

La Terre se réchauffe sous l’effet de serre dû aux concentrations de gaz carbonique dans l’atmosphère. Les scientifiques, notamment les 3.000 chercheurs du Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) qui travaillent en coopération avec les organismes spécialisés de l’ONU et mesurent leur jugement à hauteur de siècles, demeurent très circonspects, mais prévoient un réchauffement de la Terre de 1 à 3 degrés en l’espace de 50 ans, “une augmentation sans précédent depuis 10.000 ans”. De quoi faire frémir les 6 milliards d’habitants de la planète!

photo
Le ministre néerlandais de l’Environnement, Jan Pronk qui préside la conférence, s’adresse aux délégués de 180 pays.
 
photo
150 jeunes de 70 pays ont soumis un projet pour la protection de l’environnement à la conférence de La Haye.

Sans lier directement les catastrophes naturelles à l’effet de serre, les observateurs constatent avec effroi l’accélération de la fonte des glaciers, la multiplication des ouragans, tempêtes, inondations dévastateurs... et leurs conséquences dramatiques sur l’homme, la faune et la flore avec, à l’horizon, la montée des océans qui fera disparaître des pays entiers de la face de la Planète. Le coup d’envoi du mouvement intercontinental pour sauver la planète a été donné en 1992 lors du sommet de la Terre de Rio qui avait adopté la Convention sur les changements climatiques. Une seconde étape décisive fut le sommet de Kyoto dont le protocole, signé en décembre 1997, avait été adopté par 38 pays développés. L’actuel sommet de La Haye (13-25 novembre) placé sous l’égide de l’ONU et tenu au niveau des diplomates; puis, des ministres, devra entériner les modalités d’application du protocole de Kyoto, prévu pour entrer en vigueur en 2002. Dans ce protocole juridiquement contraignant, les 38 pays signataires s’étaient engagés à réduire à l’horizon 2008-2012, en moyenne de 5,2% de leurs émissions de gaz à effet de serre (on y distingue six catégories) par rapport aux niveaux de 1990. En tête, l’UE avec –8%; suivie des Etats-Unis, -7%; du Canada et du Japon, -6%; Russie, 0%, etc... Mais les négociations, mettant en jeu la croissance et d’immenses intérêts économiques, ont été âpres et fastidieuses, dégageant trois approches. C


Intervention du président Chirac à la conférence de La Haye: ne pas arriver au point d’être accusé pour “non-assistance de la planète en danger”.

elle de l’UE qui maintient un profil dur face à d’éventuelles concessions et refusent tout “marchandage”; des Etats-Unis, premiers pollueurs de la planète (ils y contribuent à plus d’un tiers) et du groupe du G77 qui représente 133 pays en développement, ainsi que la Chine. Ceux-ci privilégient, pour leur part, un mécanisme de développement propre et invitent les pays du Nord, riches et pollués, à investir dans les pays du Sud, pauvres et non pollués. Deux grands sujets ont suscité une vaste polémique. D’abord, les “puits de carbone” en faveur desquels plaident les Etats-Unis et qui permettraient de prendre en compte l’effet compensatoire des forêts, lesquelles absorbent le carbone pour le comptabiliser en faveur des pays à vastes étendues forestières. Dans cette perspective, Shell ainsi que des compagnies forestières scandinaves ont investi des millions de dollars en Amérique latine et en Afrique - ce que rejettent les pays de l’UE, peu convaincus de l’approche scientifique du problème. Ensuite, le “permis de polluer” qui permet à un pays pollueur d’acheter des permis d’émission à des pays non pollués, afin de ne pas mettre en danger l’essor de ses industries. Tout se négocie donc. L’incertitude est d’autant plus grande qu’on ne connaît toujours pas le nom du futur locataire de la Maison-Blanche. Al Gore, sensible aux problèmes de l’environnement, donnerait au protocole de Kyoto un crédit différent de celui de Bush, nettement moins coopératif. En tout état de cause, le président Chirac qui a assisté le 20 novembre à l’inauguration officielle de la conférence en présence de la reine Beatrix des Pays-Bas, a invité les pays industrialisés, notamment les Etats-Unis, à appliquer les accords de Kyoto, afin de ne pas se rendre coupables de “non-assistance à personne en danger”.

Editions Speciales Numéros Précédents Contacts Recherche