Dans Cette Rubrique
BKERKÉ NE SERA PAS INFLUENCÉ PAR LE "TERRORISME INTELLECTUEL"
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QUID DU NOUVEAU SYSTÈME DE SÉCURITÉ SOCIALE?
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LIBAN-SYRIE: TOUT RÉGLER PAR LE DIALOGUE. OUI, MAIS...
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ENTRE LE PASSÉ ET L'AVENIR
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Par EDOUARD BASSIL
BKERKÉ NE SERA PAS INFLUENCÉ PAR LE "TERRORISME INTELLECTUEL"
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Après MM. Walid Joumblatt et Nabih Berri, S.Em. le cardinal Sfeir fait de nouveau l’objet d’une cabale déclenchée, cette fois, par des ulémas du Akkar, qui lui conseillent “de se consacrer aux affaires spirituelles”. Ces ulémas appliquent-ils à eux-mêmes le conseil qu’ils prodiguent à l’éminent prélat? Notre photo: Le leader du PSP recevant deux archevêques maronites venus lui transmettre les remerciements de Mgr Sfeir de lui avoir dédicacé un ouvrage intitulé: “Kamal Joumblatt, l’homme-légende” rédigé par un écrivain russe.

Dans son bulletin matinal du lundi 11 décembre, Radio Monte Carlo - annonçait que “cent cinquante ulémas du caza de Akkar (Liban-Nord), avaient signé une pétition par laquelle ils invitent le cardinal Sfeir à cesser de s’immiscer dans les affaires politiques pour se consacrer, exclusivement, aux questions spirituelles et religieuses” (sic). La station radiophonique passait sous silence l’identité des signataires de la pétition et leur affiliation politique. Cela imprime à cette dernière le cachet d’une lettre anonyme n’ayant donc aucune valeur. RMC aurait dû, au moins, spécifier cette double qualification - l’identité et l’affiliation - de ces “ulémas”, afin que l’auditeur sache à quoi s’en tenir... Comme la station radiophoniue s’est abstenue de les mentionner, nous aurions dû, normalement, ignorer cette pétition comme bien de nos concitoyens et coreligionaires ont dû le faire, beaucoup d’entre eux par complaisance, par intérêt ou, la plupart d’entre eux, par couardise. Surtout les opportunistes parmi eux qui n’osent pas mécontenter la partie ayant inspiré la pétition. Car les Libanais bien pensants auront identifié, sans difficulté, l’inspirateur de ce document juste bon pour la poubelle, dont les signataires se réclament, certainement, d’un parti libanais de nom, mais dont le cœur est, ailleurs, qu’au pays des Cèdres. Si beaucoup de nos compatriotes préfèrent ignorer cette pétition, nous nous interdisons de leur emboîter le pas. Nous jugeons de notre devoir de relever la calomnie que distille ce parchemin, dont le but n’échappe à personne. Si le cardinal-patriarche devait se consacrer, uniquement, aux affaires spirituelles et religieuses, qui d’autre que l’éminent prélat élèvera la voix pour dénoncer le “terrorisme intellectuel” pratiqué par des milieux à qui il répugne de voir le Liban recouvrer son indépendance et sa souveraineté? Sans l’homélie dominicale hebdomadaire du chef spirituel des maronites et sans les appels réitérés de l’Assemblée des prélats de cette communauté en faveur de la préservation des valeurs et des principes pour lesquels elle milite avec les autres communautés nationales, ce pays aurait déjà disparu de la carte; on peut en être certain. Pourquoi le patriarche Sfeir “s’immisce-t-il” dans les affaires politiques? Parce que ceux qui devraient les traiter, se confinent dans un mutisme imperturbable, toujours par complaisance, par intérêt et, surtout, par couardise! Ils craignent de perdre leur position et leurs “privilèges”... Puis, ne les a-t-on pas placés là où ils se trouvent pour garder le silence; ne rien entendre et ne rien voir? Non, Bkerké ne se laissera pas influencer par le “terrorisme intellectuel” auquel ont succombé ceux qu’on a soumis à un lavage de cerveau, pour les priver de leur capacité de juger les hommes et les choses, comme de leur libre-arbitre. Et ce, afin de les réduire à des moutons de Panurge accomplissant des actes par esprit d’imitation, sans en mesurer la portée et les conséquences...


QUID DU NOUVEAU SYSTÈME DE SÉCURITÉ SOCIALE?
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Le Pouvoir est, dit-on, continuité. Cette semaine, le ministre du Travail a présidé une réunion tenue en présence des représentants des organismes économiques, à l’effet “de réduire le montant des cotisations du patronat à la CNSS”, ainsi que devait l’annoncer M. Adnan Kassar, président de la CCIB (notre photo). Qu’est devenue la loi mise au point par le Cabinet Hoss, instituant l’assurance-vieillesse et une pension de retraite devant remplacer les indemnités de fin de service?

“Le Pouvoir, dit-on, est continuité”. En ce sens, qu’un nouveau gouvernement est tenu d’appliquer les lois élaborées par le précédent Cabinet, surtout lorsqu’elles ont été ratifiées par l’Assemblée nationale et promulguées par le chef de l’Etat. Or, il nous revient que le ministre du Travail a présidé, lundi, une réunion des représentants des organismes économiques consacrée à l’étude des moyens de réduire le montant des cotisations que les chefs d’entreprises versent à la Caisse nationale de Sécurité sociale, surtout dans ces circonstances difficiles. Pourtant, le Cabinet Hoss a élaboré un nouveau système social, mettant fin aux indemnités de fin de service. Celles-ci ont été remplacées par l’assurance-maladie, dont bénéficieront les personnes âgées de plus de 64 ans que les sociétés privées d’assurance refusent de prendre à leur charge. Dans un second temps, l’assurance-vieillesse devra être instituée prévoyant une pension de retraite au profit des mêmes personnes non couvertes par d’autres formes d’assurance. La Chambre des députés a déjà approuvé la loi sur l’assurance-maladie dont l’application était prévue dans un délai d’un semestre, à compter de la date de sa promulgation. Ce double système constitue un bond qualitatif au plan national. Il s’agit d’en garantir l’application. Cependant, le fait pour le ministre qualifié de se concerter avec les représentants des organismes économiques, porte à croire que le nouveau système a été abandonné... et qu’on revient à l’ancien. On attend un éclairissement, à ce sujet, de la part des responsables. Les Libanais, surtout ceux à revenu limité et de condition modeste n’ayant pas la possibilité matérielle de se faire couvrir par une société d’assurance privée pour passer le reste de leurs jours sans se préoccuper de leurs frais médicaux, s’étaient réjouis de ce que le chef de l’Etat, militaire de formation, ait emboîté le pas à l’un de ses prédécesseurs, en l’occurrence le président Fouad Chéhab, ancien commandant en chef de l’Armée. Se basant sur le rapport de la mission IRFED du père Lebret, il avait hâté la création de la caisse nationale de Sécurité sociale dont des centaines de milliers de citoyens ont bénéficié des prestations au titre de l’allocation familiale et des indemnités de fin de service. A l’actif de ce régime, comme de celui du président Chéhab, s’inscrit en lettres d’or, l’intérêt qu’il accorde aux problèmes sociaux et qu’il a concrétisé par l’institution de système de l’assurance-maladie et, ultérieurement, par la pension de retraite. Le souhait le plus cher des citoyens ayant dépassé l’âge de 64 ans et fait valoir leur droit à la retraite, est que le président de la République veille, scrupuleusement, à l’application du nouveau système social et empêche le retour à l’ancien système dépassé par le temps, parce que ne répondant plus aux impératifs de l’heure.


LIBAN-SYRIE: TOUT RÉGLER PAR LE DIALOGUE. OUI, MAIS...
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La controverse autour du redéploiement des forces syriennes vers la Békaa, prélude à leur rapatriement, a amené les responsables à soutenir la thèse selon laquelle il faut régler par le dialogue, tous les problèmes qui se posent au Liban et à la Syrie. Fort bien. Mais qu’attendent les chefs de gouvernement des deux pays pour s’exécuter et empêcher la polémique de se transposer dans la rue?

La position des Libanais, toutes tendances confondues, est claire envers les relations libano-syriennes: tous veulent entretenir avec le pays voisin des relations privilégiées sur la base du respect mutuel de l’indépendance et de la souveraineté; non de maître à vassal. N’en déplaise aux cent cinquante ulémas sunnites qui renient au patriarche maronite le droit de “s’immiscer” dans les affaires politiques. Comme si eux-mêmes s’abstenaient de s’y ingérer! Tous les problèmes litigieux peuvent et doivent être traités par le dialogue franc et constructif, à commencer par la présence militaire syrienne sur notre territoire. Et même l’envoi de l’Armée libanaise au Sud qui doit concerner les Libanais eux-mêmes et nécessiter une décision de leur part, sans aucune interférence extérieure d’où qu’elle émane... Damas se dit disposé à répondre, positivement, aux revendications de Beyrouth, mais n’est prêt “à faire aucune concession sous la contrainte”, afin de prévenir d’éventuelles dissensions entre Syriens et Libanais. Aussi, le dialogue à ce sujet devrait-il être institué d’Etat à Etat. Les personnalités libanaises ayant conféré, dernièrement, avec le président Bachar Assad, se font l’écho de réflexions émises par le chef de l’Etat syrien, dont il ressort que tous les contentieux peuvent être tranchés dans un esprit de fraternité et d’amitié, loin des provocations susceptibles de porter atteinte aux relations bilatérales. Fort bien, mais lorsque les autorités officielles ne se manifestent pas et se signalent par leur immobilisme, doit-on rester inactifs et passer sous silence les abus, l’arrogance et le cynisme de prétendus porte-parole de Damas? On nous dit que l’Etat (libanais) a tenté durant les dix dernières années de remédier aux problèmes des Libanais détenus en Syrie et à celui du redéploiement des forces syriennes jusqu’à la Békaa, prélude à leur rapatriement. Or, dix années, c’est un peu long pour tout un peuple privé de sa liberté de décision, de son indépendance, de sa souveraineté et, surtout, pour des personnes incarcérées, dont on niait la présence dans le pays voisin. Leurs familles ignoraient même si elles étaient mortes ou vivantes! Les Libanais ont attendu, non sans impatience, le retrait israélien pour soulever ces problèmes revêtant, à leur avis, une certaine urgence. Comble du ridicule et du paradoxe: ceux qui ont eu le courage de les évoquer ont été soupçonnés “d’agir en coordination avec l’entité sioniste” (sic). Tout compte fait, on est réduit à la situation suivante: quand on élève la voix pour réclamer une solution à des problèmes vitaux, des officiels appellent au silence, arguant qu’ils les traitent en toute discrétion et quand on se tait, rien n’est résolu... Drôle de situation autant étrange qu’absurde! C’est ce qu’on appelle tenter d’avoir l’autre à l’usure!


ENTRE LE PASSÉ ET L'AVENIR

A l’occasion de la libération des Libanais détenus dans les prisons syriennes, le chef du gouvernement a appelé les citoyens “à faire preuve de modération; à ne pas rouvrir les cahiers de la guerre, à oublier le passé et à regarder l’avenir”. De plus, il a leur a conseillé “de ne pas raviver les souffrances des familles dont des membres sont portés disparus et, surtout, de ne pas tenter d’en faire matière à surenchères ou de les exploiter à des fins inavouables”. Même ceux parmi eux qui sont sans nouvelles de leurs proches plus de dix ans après leur disparition? “Ceux qui ne peuvent se rappeler le passé, sont condamnés à le répéter”, dit un proverbe chinois. Il faut plutôt s’en souvenir, afin d’en tirer les leçons qui s’imposent et de ne pas retomber dans les mêmes erreurs. Dans l’une de ses célèbres homélies, Bossuet recommandait “de laisser le passé dans l’oubli et l’avenir à la Providence”. C’est-à-dire de s’en remettre à Dieu pour nous guider sur le droit chemin et nous en éviter les écueils. Appeler à la pondération et à la mesure est bien, mais il faut, au préalable, affranchir la mémoire du passé, proche et lointain, de ses vicissitudes et de ses séquelles, pour pouvoir envisager l’avenir avec confiance et sérénité. Il est de bonne politique pour ceux qui détiennent les rênes du Pouvoir de déblayer le terrain des obstacles entravant la processus de l’entente, ce qu’ils s’abstiennent de faire. Car sans les retrouvailles nationales, les Libanais ne pourront pas oublier le passé, tourner la page de la guerre pour s’engager, résolument, sur la voie menant à la réconciliation véritable. A bon entendeur, salut!

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