Dans une interview à la CNN et
à la LBCI, le prince Al-Walid Ben Talal na pas écarté
la possibilité daccéder à la présidence
du Conseil au Liban, étant donné quil porte la nationalité
libanaise (sa mère, Mouna Solh, est la fille de lancien Premier
ministre Riad Solh, premier chef du gouvernement libanais de lère
dindépendance). Puis, il sest ravisé et a ajouté:
Même si je démentais linformation, officiellement,
cela porterait-il les gens à ne plus en parler? Cette éventualité
est évoquée par bien des personnes au Liban qui désirent
me voir assumer cette haute charge et je les en remercie. Le prince
Al-Walid a critiqué la politique économique du président
Rafic Hariri et appelé à lélaboration dun
plan quinquennal, en vue de réduire la dette publique qui approche
de trente milliards de dollars.
Dautre part, le prince libano-saoudien a émis le souhait
de voir les Etats-Unis éviter de sembourber dans un nouveau
Vietnam en Irak. Je le dis en ma qualité dami très
rapproché de lAmérique et lun de ses alliés.
De plus, il réfute toutes les accusations dirigées contre
lArabie saoudite qui soppose à toute opération
militaire américaine destinée à renverser le régime
du président Saddam Hussein. Cest la position de la
plupart des Etats arabes et du globe. Aussi, doit-on donner à lIrak
loccasion de souscrire aux résolutions des Nations unies
et non menacer de lattaquer pour changer son système politique
par la force militaire.
Je ne crois pas, ajoute-t-il, que nous avons utilisé toutes
les voies diplomatiques, ni usé de toutes les possibilités
afin damener le président Saddam Hussein à accepter
dappliquer les résolutions du Conseil de sécurité.
Ces propos du prince Al-Walid sont une réplique à une déclaration
de M. Dick Cheney, vice-président des Etats-Unis qui a dit: Il
y a plus de risque à rester inactif face à Saddam Hussein,
que dentreprendre une opération militaire en vue de le renverser.
PAS DE RETRAIT DES DÉPÔTS SAOUDITES DES USA
Par ailleurs, dans une interview accordée à la LBCI, à
bord de son yacht mouillant à Cannes, le prince Al-Walid a démenti
les nouvelles de presse et les rumeurs, qualifiées dinfondées,
annonçant le retrait de 200 milliards de dollars par le royaume
dArabie saoudite des banques américaines.
Il sagit, assure-t-il, dune campagne calomnieuse
déclenchée contre lArabie saoudite.
Et de sexpliquer: Le retrait dun tel montant des banques
américaines ne peut seffectuer en lespace de deux mois,
sans provoquer une secousse économico-financière aux Etats-Unis,
que ce soit à travers la vente dactions ou le retrait de
dépôts.
Puis, durant cette période, en juin-juillet, la Bourse
US était au plus bas niveau. Linvestisseur saoudien pouvait-il,
logiquement, retirer son argent sans courir le risque de perdre des sommes
astronomiques? Est-il possible que près de trente mille Saoudiens
exploitant leur argent en Amérique, décident de les retirer
en même temps? Le gouvernement de Riyad ne peut pas donner des directives
en ce sens.
Une autre preuve de la fausseté de telles rumeurs réside
dans le fait que, selon les conclusions dune enquête opérée
auprès des banques US, le montant des dépôts dans
ces banques a accusé une hausse substantielle durant la même
période et na nullement baissé. Dailleurs, tous
les établissements bancaires américains ont démenti
linformation tendancieuse.
Le prince Al-Walid observe que la campagne insidieuse contre le royaume
dArabie saoudite a commencé après les attentats du
11 septembre 2001, de la part de certaines sociétés, particuliers
et milieux connus pour leurs sentiments inamicaux à notre égard.
Cela a débuté par une campagne contre nos programmes
pédagogiques; puis, contre lIslam et le traitement réservé
à la femme dans notre pays et, à présent, contre
la famille régnante. Tout dernièrement, un rapport préconisait
dattaquer et doccuper les champs pétrolifères
dans la région orientale du royaume, sous prétexte que lArabie
saoudite est devenue un Etat ennemi. Finalement, ils ont inventé
laffaire du retrait des fonds.
DIVERGENCE AVEC WASHINGTON AUTOUR DE LA PALESTINE
De létat des relations saoudo-américaines, le prince
Al-Walid assure que lunique divergence entre Riyad et Washington
concerne la Palestine, le prince Abdallah multipliant les démarches
et les contacts, quotidiennement, avec la capitale fédérale
et tous les pays occidentaux pour tenter de résoudre le conflit
israélo-arabe.
BUSH ET LA PALESTINE
En ce qui a trait à la politique suivie par Washington à
légard du problème palestinien, le prince Al-Walid
précise que Bush est le premier président des Etats-Unis
à se rendre à New York, pour proclamer du haut de la tribune
de lONU la nécessité de créer un Etat palestinien
aux côtés dIsraël.
Il y a eu, par la suite, les dramatiques attentats de New York
et de Washington et le terroriste Ariel Sharon est parvenu à établir
un lien entre ces attentats et les opérations-suicide en Terre
sainte. Ceci a eu pour conséquence de perturber le climat interne
et de compromettre les efforts de paix. Le président Yasser Arafat
avec lequel je suis en contact permanent, ne cesse de désapprouver
ce qui se passe en Cisjordanie.
ÉVITER DE PLACER TOUS LES UFS DANS UN MÊME PANIER
Que conseillez-vous aux hommes daffaires saoudiens et arabes qui
exploitent une partie de leur argent aux Etats-Unis?
Je leur dis davoir confiance et de se montrer vigilants vis-à-vis
des milieux qui cherchent par tous les moyens à attenter aux intérêts
arabes. Je leur recommande, aussi, de ne pas placer tous les ufs
dans un même panier, que ce soit aux Etats-Unis ou en Europe. Cest
ce que je fais moi-même.
Vous attendez-vous à une frappe militaire américaine
contre lIrak?
Franchement, je ne my attends pas. Cependant, lIrak est
soumis à de fortes pressions pour lamener à souscrire
aux résolutions du Conseil de sécurité, spécialement,
celles prévoyant lenvoi dinspecteurs pour sassurer
de labsence darmes de destruction massive en territoire irakien.
Ce qui me porte à penser quil ny aura pas de frappe
militaire américaine contre Bagdad, cest que cette opération
affectera, en premier lieu, léconomie américaine qui
est, actuellement, en plein marasme, son degré de croissance nexcédant
pas un pour cent.
En réponse à une question relative à ses investissements
au Liban, le prince Al-Walid dit: Tout ce qui peut soutenir le Liban
financièrement et économiquement, je suis prêt à
lentreprendre.
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