Quel que soit le motif, beaucoup de Libanais pensent
de plus en plus à l’immigration: fléau social, désastre
économique, troubles politiques ou pure envie d’explorer
de nouveaux horizons. Les candidats à l’immigration affluent
devant les ambassades concernées, en quête d’informations
susceptibles de mener à terme leur résolution ou encore
naviguent sur les sites pour collecter l’information. L’immigration
vers le Canada prend de l’expansion.
Mais, ces fameuses procédures administratives canadiennes semblent
complexes. Vous décidez, alors, d’appeler à l’aide.
Avant de vous engager, sachez, avant tout, que la pratique du droit de
l’immigration au Canada est du ressort exclusif des avocats.
Au Liban, plusieurs personnes se sont constituées, improvisées
et baptisées: “consultants en immigration pour le Canada”!
Ils occupent de luxueux bureaux, engagent de belles secrétaires,
roulent en Mercedes, fument le cigare, donnent des noms abracadabrants
à des entreprises qui leur servent de couverture et promettent
monts et merveilles. Méfiez-vous, ces gens-là ont la parole
facile et la mémoire courte.
QUI GARANTIT LE SUCCÈS DE LA DÉMARCHE?
Qu’il s’appelle Jean, Jacques ou Alfred; qu’il ait vécu
cinq, dix ou quinze ans au Canada, le consultant en immigration n’a
pas d’études particulières à son palmarès.
Il ne connaît rien aux lois. Il se présente à vous
comme un agent de voyages, un homme d’affaires ou un homme à
tout faire, un technicien en la matière. Il n’est membre
d’aucune corporation, n’est régi par aucun ordre professionnel,
mais prétend toujours connaître quelqu’un de bien et
de haut placé aux services gouvernementaux de l’immigration
pour faire avancer votre dossier.
Par contre, l’avocat, en plus d’avoir fait des études
de droit au Canada, est obligatoirement membre d’un Barreau canadien,
un ordre professionnel régi par la loi et le Code des professions.
L’avocat à l’étude du dossier évaluera,
honnêtement, vos chances de succès, vous promettra de prendre
les moyens nécessaires pour atteindre le but fixé sans vous
garantir, toutefois, le résultat des démarches entreprises.
Il n’omettra pas de vous informer, clairement, que vous pouvez entreprendre
seul les démarches d’immigration ou les lui confier... Par
contre, le consultant vous garantira le succès de la démarche
allant jusqu’à jurer, sur la tête de ses enfants que,
dans un proche avenir, il se fera l’immense plaisir de vous rendre
visite, chez vous, dans une province canadienne de votre choix. De plus,
il réussira à vous convaincre que, sans son assistance,
vos démarches seront certainement vouées à un échec
irrémédiable.
S’il est vrai que le consultant vous donne de vagues renseignements
sur l’immigration au Québec ou au Canada et joue à
la perfection son rôle d’expert en la matière, il trouvera
mille et une excuses pour ne pas vous accompagner à l’entrevue
de sélection. Il n’avouera pas que sa présence est
strictement interdite aux entrevues, quelle que soit la marque de sa voiture
et la dimension de son cigare. A l’entrevue de sélection,
seul l’avocat peut de droit vous y accompagner.
ASSURANCE RESPONSABILITÉ PROFESSIONNELLE
L’avocat, membre d’un Barreau canadien, détient une
assurance responsabilité professionnelle. Il ne pourra, en aucun
cas, élucider cette responsabilité en agissant sous le nom
d’une entreprise quelconque. Le consultant n’a pas entendu
parler d’une assurance responsabilité professionnelle, à
quoi lui servira-t-elle. De toute manière, il opère sous
le nom d’une entreprise, il en est tellement fier qu’il vous
mettra sous le nez sa carte de visite pour que vous puissiez apprécier
davantage son sens aigu d’un professionnalisme réinventé.
Fidèle à ses Codes de profession et de déontologie,
l’avocat ne se permettra pas d’erreurs de conduite dans votre
dossier. Le consultant n’a pas de code de déontologie et
n’est pas régi par un ordre professionnel. Vous seriez sa
centième erreur; qu’à cela ne tienne, nous ne sommes
pas à une erreur près. L’avocat est redevable de toutes
les sommes que vous lui confierez. Il est seul autorisé à
facturer des honoraires qui doivent, obligatoirement, être raisonnables.
Le consultant, quant à lui, n’a aucune obligation de rendre
des comptes sur les sommes perçues. Au moment de faire les comptes,
vous pourriez toujours courir.
Statuant sur une cause opposant une partie à un consultant en immigration,
la Cour du Québec, tribunal de première instance rendant
jugement le 18 février 1998, a précisé: “La
pratique du droit de l’immigration est du ressort exclusif des avocats
et le consultant n’a pas le droit de donner des avis et des conseils
juridiques”.
Et la Cour d’ajouter: “Le demandeur peut être représenté
ou assisté par un avocat. Il peut, également, être
représenté par un parent ou un organisme sans but lucratif
voué à la défense ou aux intérêts des
immigrants, s’il ne peut se présenter lui-même du fait
qu’il ne se trouve pas au Québec. Dans ce dernier cas, le
mandataire doit fournir au Bureau de révision un mandat écrit,
signé par la personne qu’il représente, indiquant
la gratuité du mandat”.
Au cours de la conférence donnée à l’hôtel
Monroe à Beyrouth, durant son séjour au Liban, l’Honorable
Denis Coderre, ministre canadien de la Citoyenneté et de l’Immigration
a exposé, en outre, qu’il entend réglementer les activités
des consultants en immigration et ce, dans le but de protéger l’intérêt
public. Il faudrait, selon le ministre empêcher ces marchands de
rêves de tromper les intéressés et d’abuser
de leur confiance!
Alors, à vous d’en juger: avocat en immigration ou consultant?
Faites votre choix...
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