Clôturant sa visite dans la capitale française
par deux messes célébrées, l’une à Notre-Dame
du Liban; l’autre en la cathédrale Notre-Dame de Paris aux
côtés de Mgr Jean-Marie Lustiger, qui a, en outre, donné
une réception en son honneur, le patriarche maronite Mar Nasrallah
Boutros Sfeir s’est rendu à Marseille pour une visite pastorale,
avant de gagner Monaco.

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LOI FONDAMENTALE ET CODE ÉLECTORAL
Interviewé au cours de ces deux derniers jours en France, Sa Béatitude
a réitéré ses réserves concernant un éventuel
amendement de la Constitution libanaise, portant, notamment sur le renouvellement
du mandat présidentiel. Il a, toutefois, admis que “la modification
de la loi fondamentale peut, parfois, s’avérer nécessaire”,
estimant, à raison, que “nous ne pouvons pas considérer
la Constitution comme une loi ordinaire”.
Il a, à ce sujet, trouvé regrettable le fait que les Libanais
ne puissent élire eux-mêmes leur président, “le
pays ayant besoin d’un leader fort”, a-t-il dit, en niant
s’être entretenu de cela avec ses hôtes français.
Il a encore appelé à l’élaboration, au plus
tôt, d’une loi électorale sur la base de la petite
circonscription, déplorant que le texte n’ait pas été
déjà prêt au lendemain des dernières législatives,
afin que les gens puissent savoir à quoi s’attendre à
la prochaine échéance électorale.
Interrogé sur le point de savoir si le Liban connaît une
crise de pouvoir, il a clairement répondu: “A ce stade, les
gens n’ont pas le sentiment d’être correctement représentés
au Liban, certains députés ayant une autorité qu’ils
ne détiennent pas du peuple; d’autres ne pouvant même
pas traiter avec leurs électeurs”. Il a critiqué,
par ailleurs, “les tiraillements politiques à la tête
de l’Etat” et la crise entre les deux pôles de l’Exécutif.
LE PATRIARCHE À MARSEILLE
Le midi de la France a réservé au patriarche maronite un
accueil aussi chaleureux et courtois que celui qui lui a été
fait dans la capitale. En visite pastorale à Marseille, l’éminent
prélat s’y est rendu en avion, salué à son
départ d’Orly par Mme Sylvie Fadlallah, des religieux et
des proches. Il était accompagné de Mgr Samir Mazloum, visiteur
patriarcal pour l’Europe et du R.P. Khalil Alwane, secrétaire
général de l’Assemblée des patriarches et des
archevêques catholiques au Liban (APECL).
A son atterrissage à l’aéroport de Marignan, le cardinal-patriarche
a été accueilli par le consul général du Liban,
Abdel-Sater Mohamed Issa; l’adjoint du président de la municipalité
d’Istres, M. Delpé, ainsi que par le vicaire maronite de
Marseille, le Père Amine Chahine et de nombreux Libanais.
Première station, la mairie de Marseille sur laquelle flottait
le drapeau patriarcal aux côtés du drapeau français.
Le maire Jean-Claude Gaudin, vice-président du Sénat et
ses collaborateurs ont accueilli Sa Béatitude avec tous les honneurs,
M. Gaudin confiant, par la suite, à la presse ce que le président
Chirac avait dit du patriarche maronite: “Mgr Sfeir est un homme
de religion, un homme politique et un homme de paix. Sa présence
est une nécessité pour le Liban”.
Le patriarche devait, dans son mot de circonstance, remercier le maire
de Marseille de son assistance aux étudiants maronites, rappelant
que beaucoup d’émigrés libanais qui se rendaient au
siècle dernier aux Etats-Unis, avaient fait à Marseille
une escale définitive.
UN LIBANAIS DANS LES BOUCHES-DU-RHÔNE
Au Conseil général des Bouches-du-Rhône, Son Eminence
a été reçu par son président Jean-Noël
Guerrini, qui lui a présenté ses principaux collaborateurs,
dont le Libanais Henri Gebraël, originaire de Jezzine.
Le patriarche a remercié son hôte de son accueil et de l’intérêt
qu’il accorde à la “Maison du Liban” à
Marseille, où logent des étudiants libanais de toutes confessions,
lui demandant de faciliter l’obtention de permis de séjour
à nos jeunes compatriotes.
Longue journée pour le chef de l’Eglise maronite, qui devait
rencontrer dans l’après-midi l’évêque
de la ville, Bernard Panafien, récemment sacré cardinal;
puis, le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte
d’Azur, Michel Vauzelle.
LA MESSE PARTOUT OÙ IL PASSE
Presque partout où il est passé, le patriarche maronite
a célébré la messe. Marseille n’y a pas fait
exception, puisqu’il y a célébré l’office
divin en l’église Notre-Dame du Liban, assisté des
évêques de la ville, en présence d’une foule
de fidèles.
Dans son homélie, Mgr Sfeir a remercié les prélats
français pour “la sollicitude dont ils ne cessent d’entourer
nos enfants dans leur diocèse”. S’adressant aussi à
l’assistance libanaise, il a déclaré: “Des circonstances
déterminées ont poussé la majorité d’entre
vous à s’expatrier, durant les 25 dernières années.
Vous êtes venus rejoindre la communauté maronite et libanaise
déjà installée dans la cité phocéenne
et la région, depuis le début du siècle dernier.
Tout en vous encourageant à bien vous intégrer dans la société
française qui vous a si bien acueillis, à y être des
éléments actifs et positifs, à y témoigner
des valeurs humaines et chrétiennes que vous avez acquises par
votre éducation et votre appartenance à une Eglise orientale,
je vous exhorte à ne pas oublier le pays où vous êtes
nés et où vous avez grandi. Oui, le Liban a besoin de vous.
Il a besoin de tous ses enfants, Si les circonstances actuelles ne vous
encouragent pas à revenir et à vous y installer définitivement,
n’hésitez pas à le visiter souvent, à garder
le contact avec vos familles, vos amis, vos villages et vos villes. Continuez
à prier et à agir pour la paix au Liban et dans la région
du Moyen-Orient si tourmentée”.
Dans une allocution qu’il a prononcée au cours de la réception
donnée en son honneur, plus tard dans la soirée, par le
consul général du Liban, Abdel Satar Mohamed Issa, Mgr Sfeir
a rappelé les “relations historiques entre le Liban et Marseille”,
précisant que cette ville a été une étape
incontournable pour les Libanais qui souhaitaient se rendre aux Etats-Unis
et au Canada. “Mais certains ont préféré s’installer
dans cette ville qui constitue une porte pour l’Orient et l’Occident”,
a-t-il ajouté.
Le chef de l’Eglise maronite a, ensuite, réitéré
son appel à un retour des émigrés. “La colonie
libanaise à Marseille est importante. J’aimerais bien que
ceux qui ont poursuivi leurs études dans cette ville et les autres
aussi, reviennent au Liban. J’espère aussi qu’une paix
totale sera instaurée dans le pays car cette paix a été
jusque-là partielle. Nous sommes confrontés à des
problèmes que nul n’ignore: la dette publique, le climat
politique et les crises régionales qui se répercutent sur
le Liban. Quoi qu’il en soit, il faut s’armer de patience
et prier pour que la paix règne au Liban et dans la région.”
Une délégation des “Etudiants libanais à Marseille”
a remis au patriarche un mémorandum dans lequel elle lui demande
de “maintenir ses prises de position et de continuer de défendre
les libertés dans le pays”.
À NICE ET À MONACO
Mardi matin, le convoi patriarcal a pris le chemin de Monaco. A l’entrée
de la ville de Monte-Carlo, il a été accueilli par l’évêque-adjoint
de la principauté, entouré de nombreuses figures libanaises.
Le patriarche a visité le siège de l’archevêché
de Monaco où il a eu un entretien avec Mgr Bernard Barsi, avant
de se rendre, ensuite, auprès du ministre d’Etat, Patrick
Leclerc, qui a donné un déjeuner en son honneur.
Dans l’après-midi, le patriarche a visité, en compagnie
de Mgr Barsi, la cathédrale de Monaco. Il a quitté la principauté
sans pouvoir rencontrer le prince Rainier, l’entretien ayant été
annulé à cause de l’état de santé du
prince.
Mgr Sfeir devait partir dans l’après-midi pour Nice où
il a eu un entretien avec l’évêque de cette ville,
Mgr Jean Bonfils et en soirée, il a célébré
une messe solennelle en la cathédrale Sainte Jeanne d’Arc.
Coopération et échange
de services entre les Presses libanaise, française et anglaise
En marge des entretiens et rencontres des journalistes couvrant
la visite en France du patriarche maronite Mar Nasrallah Boutros
Sfeir, M. Melhem Karam, président de l’Ordre des journalistes,
a réuni à Paris les membres des délégations
médiatiques française et anglaise, aux fins de renouveler
le contrat de coopération et d’échange d’informations
et de services signé entre l’Ordre des journalistes
libanais et les groupes français et anglais, la reconduction
du contrat devant avoir lieu à Beyrouth à l’invitation
de l’Ordre libanais.
Le Liban avait conclu deux contrats similaires avec la Grande-Bretagne,
il y a six ans et avec la France depuis sept ans. Ces contrats stipulent
que des réunions périodiques doivent avoir lieu entre
les journalistes arabes et européens, afin de renforcer la
coopération entre eux et de faciliter l’accueil et
la coopération entre les journalistes des deux bords.
Leur application est assurée par un responsable permanent
à Londres et un autre à Paris, lesquels sont des correspondants
travaillant pour leur publication dans leurs capitales respectives,
en sus de leur appartenance, en tant que membres, aux deux Ordres.
M. Karam a déclaré: “Ce point sera discuté
lors de la réunion du bureau permanent des journalistes arabes,
du secrétariat général et de la commission
permanente des libertés qui doit se réunir au Caire
les 15, 16 et 17 octobre courant”.
Il a affirmé que cet accord est fait dans l’intérêt
d’une collaboration fructueuse et efficace qui renforce les
liens et l’éthique professionnelle et syndicale entres
les journalistes européens et arabes. |
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