Dans le contexte particulièrement préoccupant
résultant de l’occupation américaine de l’Irak,
du blocage du processus de paix israélo-arabe et de la détérioration
de la situation au Proche-Orient, les relations franco-arabes restent
l’une des meilleures bases pour rendre à la région
plus de stabilité.
Le président Lahoud s’entretenant avec M. Charles Saint-Prot.
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Autour de ce thème et des perspectives d’avenir offertes
par les relations franco-arabes, des chercheurs français et libanais
se sont réunis à Beyrouth, les 17 et 18 octobre, à
l’occasion d’un colloque organisé sous l’égide
de la Fondation Issam Farès, par l’Association des universitaires
libanais diplômés des universités françaises
(Auluf), avec le concours de l’Académie internationale de
Géopolitique de Paris. Cette académie est présidée
par le professeur Jacques Soppelsa, président d’honneur de
l’Université Paris I Panthéon-la Sorbonne et l’un
des principaux maîtres de la nouvelle science géopolitique.
Le colloque de Beyrouth a été inauguré par M. Marwan
Hamadé, représentant le vice-premier ministre Issam Fares
et l’ambassadeur de France au Liban, M. Philippe Lecourtier. Il
a donné lieu à des interventions de très hauts niveaux
ayant traité de tous les aspects des relations franco-arabes. Le
professeur Walid Arbid, président de l’Auluf, a insisté
sur l’intérêt d’une réflexion d’envergure
entre chercheurs français et arabes, dans une période où
il convient de faire face à de nombreuses menaces.
Relations économiques franco-arabes
M. Serge Boidevaix, président de la Chambre de commerce franco-arabe,
a fait un exposé magistral des relations économiques entre
la France et le monde arabe. Il a insisté sur le fait que la qualité
des relations économiques et commerciales, traduit la vitalité
d’une vision politique. Ainsi, il a mis en exergue le fait que le
volume global des échanges commerciaux entre les Etats-Unis et
Israël, est deux fois supérieur aux échanges entre
les Etats-Unis et les neuf principaux Etats arabes.
En revanche, M. Boidevaix a noté que les relations économiques
franco-arabes ne cessent de progresser et que la France représente,
pour les pays arabes un partenaire privilégié, y compris
dans le domaine de l’aide financière aux pays les moins favorisés.
M. Salah Bouraad, directeur de Cellis, a déclaré: “Les
Français et les Arabes doivent coopérer pour relever les
défis des nouvelles technologies de l’information”.
Pour sa part, le professeur Harbulot, directeur de l’Ecole de guerre
économique à Paris, a mis en valeur les rapports de force
géo-économiques nés de l’interaction du militaire,
du culturel, du politique et des nouvelles technologies. “C’est,
dit-il, un défi que le monde arabe et la France se doivent de relever
en renforçant leur coopération”.
Au premier rang de l’assistance, on reconnaît le président
Rachid Solh,
MM. Philippe Lecourtier, Marwan Hamadé et Fouad Saad.
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Indispensable politique arabe de la France
Sur le plan politique, l’importance des relations franco-arabes
a été soulignée par de nombreux intervenants.
Outre M. Marwan Farès, député, le professeur Jacques
Tobbie et l’universitaire syrien Georges Jabbour, le géopoliticien
Aymeric Chauprade ont exposé avec pertinence les grands axes de
la stratégie de domination mondiale des Etats-Unis et expliqué
que les relations franco-arabes peuvent déjouer la stratégie
américaine au Proche-Orient.
Pour sa part, Florence Kuntz, député français au
parlement européen, a constaté que l’Union européenne
n’a aucune politique internationale, la plupart des Etats européens
étant alignés sur les Etats-Unis, seule la France jouant
un rôle effectif sur la scène internationale et proche- orientale.
M. Charles Saint - Prot, vice-président de l’Académie
Internationale de Géopolitique, a mis en valeur l’importance
de la politique arabe de la France. Selon lui, les Etats-Unis et la France
sont les deux puissances qui ont une politique au Proche-Orient: la politique
des Etats-Unis est anti arabe et l’axe américano-israélien
est une menace pour la stabilité régionale, alors que la
politique de la France est équilibrée et concourt à
une paix juste et durable.
Il a insisté sur les positions courageuses et lucides prises par
le président Jacques Chirac lors de la guerre contre l’Irak
et dans le dossier palestinien. Et de rappeler que la politique arabe
de la France, qui s’inscrit dans la grande vision historique du
général de Gaulle, est un facteur essentiel pour rendre
la stabilité au Proche-Orient et conduire à un monde plus
équilibré qui ne soit pas dominé par un empire hégémonique.
“C’est pourquoi, la politique arabe de la France, qui part
du postulat que le monde arabe représente un ensemble cohérent
doté d’un fort potentiel, est plus indispensable que jamais”.
Le professeur Nassif Hitti, ambassadeur de la Ligue arabe à Paris,
a également affirmé que les relations franco-arabes n’ont
pas seulement un passé, mais un avenir de plus en plus indispensable,
d’autant mieux que le monde arabe dispose d’un potentiel qu’il
lui appartient de mettre en valeur.
Sur le plan culturel, le professeur Antoine Courban, a démontré
que le monde arabe et la France, héritiers de deux grandes civilisations,
ont la mission de construire un dialogue solide pour défendre ensemble
la cause de l’humanisme contre l’empire américain,
matérialiste et uniformisateur des cultures.
Dans le prolongement du colloque, la délégation française
a été reçue par M. Marwan Farès dans sa circonscription
de Kaa. Au cours d’un déjeuner en présence de tous
les notables de la région, M. Farès, l’ambassadeur
Serge Boidevaix et M. Walid el-Tibi, représentant de l’Ordre
de la Presse libanaise, ont exposé aux participants l’importance
des relations franco-arabes face aux menaces régionales.
Enfin, le président de la République, le général
Emile Lahoud, a reçu M. Charles Saint-Prot, pour un large tour
d’horizon sur la situation géopolitique de la région,
la francophonie et les relations franco-libanaises “exemple remarquable
de dialogue entre les deux rives de la Méditerranée.” |