“Le requin et la mouette”, de Dominique de Villepin
Un dialogue toujours possible

photo“Nous voici à ce point crucial où s’entrevoit la possibilité d’une réconciliation entre la puissance et la grâce, entre le ciel et la mer, entre le requin et la mouette, parfaite alliance des contraires célébrée par les philosophes et les poètes. Oui, une nouvelle fraternité est possible. Un sens est possible. Des valeurs existent, qui méritent d’être défendues. Ce livre n’a pas d’autre objet que d’évoquer notre parcours commun pour progresser d’un pas plus sûr dans la voie de demain”, écrit Dominique de Villepin, ancien ministre français des Affaires étrangères, actuel ministre de l’Intérieur, dans son ouvrage intitulé: “Le requin et la mouette”, publié aux éditions PLON-Albin Michel. L’auteur a, par ailleurs, adressé à M. Melhem Karam, président de l’Ordre des journalistes et notre rédacteur en chef, un exemplaire dédicacé de son ouvrage.

Un titre poétique pour un livre de politique, d’histoire, d’avenir et de devenir qui se veut un message d’espoir, d’ouverture, de solidarité et de tolérance, dans un univers qui se mondialise rapidement, tout en se recroquevillant paradoxalement, sur lui-même.
Convaincu du rôle pionnier qui a toujours été celui de la France en matière de liberté, de fraternité, de laïcité et de démocratie, l’auteur affirme: “Notre pays a un message d’espoir à délivrer. Il est capable d’apaiser le tumulte de la peur et de la haine, en ouvrant une perspective de justice”.
De l’extérieur (les Affaires étrangères) à l’Intérieur, De Villepin s’est rendu compte que “tout ce qui se passe en dehors de nos frontières a, désormais, une répercussion sur nos vies quotidiennes, d’où la nécessité, pour lui, de se tourner vers le grand large, d’emprunter les voies de l’étranger et d’apprendre à mieux connaître le monde alentour”.

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D’ailleurs, c’est sans hésiter qu’il s’embarque, confiant, ramant à contre-courant, sans peur ni préjugés, pour prouver qu’on peut redonner un sens au monde; que l’Autre peut et doit être objet d’étonnement “qui est, aussi, une forme d’accueil”; jamais de rejet; que la solidarité entre les peuples et les nations devient une exigence ressentie par tous, dans un monde qui s’ouvre et se referme sur lui-même comme un pauvre coquillage égaré; un univers qui perd son unité et des peuples leur identité, dans une mutation continue et inquiétante.
“La tâche la plus urgente consiste à regagner la maîtrise d’un monde qui change, estime De Villepin, faire intervenir la conscience pour faire pencher le fléau de la balance du côté de la justice. Elle seule nous permettra de retrouver le chemin de la paix...
“Si nous ne sommes pas capables de choisir une direction, d’autres le feront à notre place. Ce sont les plus volontaires, les plus convaincus, les plus audacieux d’entre nous qui fixeront le cap du monde”.
Dominique de Villepin est, certes, de ceux-ci qui continuent à croire que “tout est encore possible, à condition que l’homme se réconcilie avec lui-même en sauvegardant sa culture et sa mémoire; et se réconcilie avec l’autre, qui provoque, trop souvent la peur et le soupçon. Chacun se recroqueville sur lui-même dans la crainte d’une atteinte à ses droits ou à son identité...” dénonce M. De Villepin. Il estime que “le choc des religions et des cultures n’a pourtant rien d’inéluctable”. Enfin, que l’homme se réconcilie avec son environnement en évitant sa destruction, en le protégeant au lieu de l’exploiter.
Utopie, diriez-vous? Non, jamais car l’auteur est tout à fait conscient que “là est la difficulté de notre époque: nous travaillons une matière en fusion qui n’attend pas. Et pourtant rien ne serait pire que de renoncer”.
Sans hypocrisie, l’auteur met le doigt sur la plaie, appelle les choses par leur nom dans un souci quasi médical de diagnostiquer le mal, de le dire au patient, afin qu’il participe avec le médecin à sa guérison. Car si le mal est là, le traitement est là aussi et si en médecine hélas! il est encore des maux incurables, en politique, si on sait, si on veut, bien s’y prendre, rien n’est jamais perdu. A condition d’en prendre conscience. D’avoir un reste de conscience.
Avant d’être un homme d’Etat, De Villepin s’avère être un homme dans toute la plénitude de sa nature humaine et humaniste, un citoyen du monde avide de paix, de véritable ouverture et de compréhension de l’autre. En se fondant sur l’Histoire et l’actualité, il nous donne l’espoir d’un avenir meilleur.
“La meilleure façon de parler d’un livre, c’est d’en citer des extraits”, disait un écrivain.
Je l’ai fait, afin que l’on comprenne mieux l’homme et son message.

Nicole EL-KAREH-NAÏM
Article paru dans "La Revue du Liban" N° 3968 - Du 25 Septembre Au 2 Octobre 2004
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