Histoire de la photographie au Liban 1840-1944
Ouvrage de Michel Fani
Par Nicole MALHAMÉ HARFOUCHE

L’ouvrage illustre l’histoire des modes de représentation et des usages de la photographie, en noir et blanc, telle qu’on l’a pratiquée au Liban, depuis les premiers essais ponctuels, jusqu’aux activités, plus suivies, des professionnels et amateurs libanais ou étrangers, des ateliers commerciaux et, surtout, ceux des pères jésuites de Ghazir et de Beyrouth de l’Imprimerie Catholique, dont l’apport à la culture libanaise s’est avéré fondamental

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A travers l’ensemble des photographies présentées dans l’album, Michel Fani a tenté de montrer la plupart des techniques utilisées le long de l’époque s’étendant de 1840 à 1914. Pour lui, la photographie est une rhétorique de la représentation, non par ce qu’on représente, mais comme on le représente, car elle est le partenaire privilégié de trois facteurs essentiels: le visible, le temps et l’espace. Et si cette série de photographies est insurpassable par sa valeur documentaire, la plupart d’entre elles, œuvres de professionnels ou d’amateurs, étrangers ou libanais, enregistrent le choc émotionnel ressenti à un moment précis, pour exprimer une impression personnelle. Les images illustrent, clairement, comment le talent et la sensibilité peuvent s’appliquer à la représentation de sujets très différents tels des: sites archéologiques, paysages, espaces urbains, lieux divers, intérieurs, personnages, ainsi que des événements et moments de la vie sociopolitique, religieuse et culturelle; alors qu’une parfaite maîtrise des techniques a permis, elle, la production d’une grande variété d’images “voulues”.

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Souvent, les éléments des compositions ont permis aux photographes d’exprimer une atmosphère, de traduire une certaine structure picturale, ou encore d’illustrer l’aspect vivant d’une scène de rue. On est assez sensible à la manière dont le motif principal trouve sa place dans un environnement, en faisant naître l’ambiance souhaitée. Afin d’y parvenir, il a fallu, à chaque fois, mettre en valeur au moyen d’un bon cadrage les éléments dominants, en donnant à chacun l’importance qu’il mérite dans la composition, afin de conférer à l’image un caractère particulier. Certains clichés ont pu prendre encore plus de valeur par le recadrage et par la mise en relief de qualités insoupçonnées lors de la prise de vue, tels certains effets spéciaux ou des contrastes très accusés de lumière et d’ombres. L’intérêt tout particulier de la série des portraits s’explique par le pouvoir qu’ils ont d’évoquer, mieux que les mots et à la fois l’apparence, l’esprit et le caractère spécifique des personnages.

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L’ouvrage offre au lecteur une promenade visuelle à travers le Liban d’hier. On y retrouve des vues de la montagne, de la côte, des villages, des images de villes, de Beyrouth... tout comme des images illustrant des temps forts de l’Histoire et d’autres témoins de la simplicité de la vie passante. Ses photos, réalisées par des maîtres d’hier, ont le mérite de nous faire participer au jeu subtil des modes des influences de l’art photographique de 1840 à 1944 et nous aident à comprendre et imaginer ce que fut le Liban à cette époque, à saisir le charme qui s’en dégage, à découvrir son âme.

Article paru dans "La Revue du Liban" N° 4033 Du 24 Au 31 Decembre 2005
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