Entretien avec le président du comité exécutif des Forces libanaises
Samir Geagea: “Les chrétiens libanais ne s’unissent
pas parce qu’ils ont des projets différents”

Rien n’a pu entamer sa force d’esprit et de caractère. Ce qui a peut-être changé en lui, c’est la sérénité, aussi pèse-t-il ses mots, avant de répondre aux questions. Toujours égal à lui-même, c’est, comme il le dit, grâce à ce combat qu’il menait chaque jour dans sa petite cellule, où il défiait ses geôliers. Aux Cèdres où il se trouve et qu’il quittera bientôt pour une nouvelle résidence à Mearab au Kesrouan, le Dr Samir Geagea profite du climat sain de cette région libanaise exempte de pollution, pour gérer de nouveau la politique intérieure des Forces libanaises, former les nouveaux cadres et, surtout, bien penser auprès de ses alliés du “14 mars” le futur de l’Etat libanais. Le “Hakim” n’a rien perdu de sa superbe; c’est toujours le même homme mais avec peut-être dans le fond du regard un peu de tristesse. Cette interview a été recueillie avant l’opération “Promesse sincère” du Hezbollah au Liban-Sud.

Quels sont, à votre avis, les réalisations de la conférence du dialogue, certains s’attendant à ce que le 25 juillet soit son dernier round?
Cela me surprend, d’autant qu’au 8ème round, la tendance était en faveur de la poursuite du dialogue. Tous les dialogueurs étaient d’accord sur ce point, car ils sont censés appliquer les décisions prises. J’aimerais évoquer ce que le président Berri a appris de son professeur de droit, feu Youssef Gebran: L’avocat gagne le procès à deux reprises, la première fois à la publication du jugement et, la seconde, lors de son exécution. Il en va de même pour le dialogue. Nous devons gagner à deux reprises. Personnellement, je trouve que le dialogue, contrairement à ce que certains pensent, s’inscrit dans les réalisations accomplies au cours des trois derniers mois. Le seul fait de voir les lea-ders libanais se réunir et discuter leurs problèmes autour d’une table ronde, est préférable que de ne pas se rencontrer du tout. Puis, il y a eu l’entente sur bon nombre de points essentiels concernant des problèmes épineux considérés, désormais, comme des constantes dans la politique libanaise, même si les décisions tardent à être appliquées. Il s’agit des questions relatives aux armes palestiniennes, aux relations diplomatiques avec la Syrie, au tracé des frontières communes et au tribunal international. Lors de son dernier voyage en Egypte, Joe Sarkis, ministre du Tourisme, a rencontré le secrétaire général de la Ligue arabe, M. Amr Moussa qui lui a assuré que les décisions du dialogue libanais seront tôt ou tard appliquées, car pour les Etats membres, ces décisions sont devenues des constantes. D’où l’importance du dialogue, de sa poursuite jusqu’à trouver une solution aux armes du Hezbollah d’une part et, d’autre part, afin d’appliquer les décisions adoptées à l’unanimité.

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photo Avec notre collaboratrice Nadine Farra Zakhem.

Quid de la stratégie de défense?
Vous avez présenté une stratégie de défense concernant les armes du Hezbollah; en quoi consiste-t-elle?
Ma proposition je l’ai faite suite à une intervention de sayyed Hassan Nasrallah, qui a affirmé que nul ne doit croire que nous tenons à garder nos armes juste pour le plaisir. Lorsque l’Etat fera preuve de son sérieux dans sa défense au Sud, le Hezbollah sera prêt à agir en conséquence. Cela signifie que lorsque l’Etat sera prêt à assumer ses responsabilités pour défendre le Sud, personne ne pourra s’arroger le droit de prendre sa place. Il est du devoir de l’Etat d’entreprendre les démarches adéquates afin de tranquilliser les Sudistes. Mais une question se pose: l’Iran et la Syrie n’ont-ils pas leur mot à dire? Or, la politique est un processus pragmatique et dialectique: on ne peut partir de préjugés et s’y cramponner. Il faut essayer, de part et d’autre, d’avancer là où il est possible. De toute manière, l’Etat doit commencer à affirmer sa présence au Sud.

Pour le déploiement de l’Armée au Sud
Le Hezbollah conservera-t-il ses armes jusqu’à parvenir à une stratégie de défense nationale?
Tout le monde est d’accord sur la nécessité de défendre le Sud et le Hezbollah considère que cela ne peut se faire qu’à travers l’Etat. Nous autres, au contraire, considérons que l’état de fait actuel pourrait menacer le Sud. D’ailleurs, les événements de Gaza le prouvent. Il y a un seul moyen pour préserver le Sud et le Liban des agressions israéliennes: le déploiement de l’armée libanaise, en sa qualité de représentante de la légalité. Elle seule jouit d’une force militaire effective sur le terrain, supérieure à celle du Hezbollah, d’une couverture légale intérieure, doublée d’un consensus national et d’une couverture internationale très importante. Ajoutons à cela la présence de la Finul tout au long des frontières libano-israéliennes. Le déploiement de l’armée doit être défensif et non classique.
Commençons, donc, par cette stratégie; si elle réussit, la question des armes du Hezbollah ne constituera plus un problème; les propos de sayyed Hassan Nasrallah vont en ce sens.
Le Hezbollah a-t-il libanisé la résistance après la conférence du dialogue ou bien l’Iran et la Syrie ont-ils encore leur mot à dire?
A mon avis, il semble que les responsables du “Hezb” ne s’opposent plus au réajustement de la situation du Liban, de manière à assurer la stabilité intérieure.
Mais où se trouve donc, la différence avec le document d’entente entre le Hezbollah et le CPL?
Une grande différence apparaît dans ce document sur deux points principaux: d’abord, la poursuite de la résistance jusqu’à instaurer la stabilité dans la région; ensuite, la libération des fermes de Chébaa. La question de ces fermes est très délicate, car elle requiert un accord ratifié par le Liban et la Syrie pour reconnaître la libanité du secteur que les Nations unies devront confirmer. Or, le gouvernement syrien refuse d’envoyer un document écrit en ce sens, sans doute pour entretenir un foyer de tension au Liban.
Etes-vous en faveur du rattachement de la résistance à l’armée dans une étape ultérieure?
Pas nécessairement. La stratégie présentée par les alliés du “14 mars” prévoit le déploiement des forces spéciales au Sud; ainsi, les éléments du Hezbollah redeviendront des réservistes de l’armée.
Dès lors, la décision de guerre ou de paix sera du ressort de l’armée déployée au Sud, laquelle en cas de besoin pourrait être assistée par des unités du “Hezb”.

L’envoi d’une force internationale
Mais le “Hezb” a refusé votre proposition concernant le déploiement de forces internationales arguant que le modèle yougoslave n’a pas été probant.

La seule réponse du “Hezb” à ce sujet a été que les Etats-Unis ne vont pas accepter d’appliquer le modèle yougoslave au Liban.
Pensez-vous que les Etats-Unis et la communauté internationale accepteront d’envoyer des forces internationales?
Oui et j’ai des données affirmant cela. S’ils n’acceptaient pas, nous adopterions une autre stratégie, sachant que celle-ci est la meilleure pour le Liban. Pourquoi, dès à présent, anticiper les choses et dire qu’ils ne vont pas accepter?
Le dialogue autour de la stratégie a tout l’air d’une discussion sur le sexe des anges: le Hezbollah négocie juste pour gagner du temps et, de votre côté, vous négociez avec la logique de ceux qui savent que le “Hezb” ne peut pas présenter de concessions...
Ce n’est pas le climat dans lequel j’agis. Ce ne sont pas non plus mes intentions et celles des autres interlocuteurs.
Pensez-vous parvenir au prochain round à une solution concernant la stratégie de défense?
Il est erroné de croire que de telles questions complexes peuvent être résolues en une, deux ou trois séances.

Le dialogue se poursuivra
Le dialogue se poursuivra-t-il après le 25 juillet?
Pour sûr qu’il poursuivra ses travaux, à moins que quelqu’un veuille en entraver le processus et ce n’est point un dialogue stérile, comme certains l’imaginent.
Quelle est votre lecture du document d’entente signé entre le CPL et le “Hezb”?
Lorsque le “document d’entente” a été signé entre le Hezbollah et le CPL, il a sorti le Hezbollah de son isolement et élargi sa manœuvre politique sans, toutefois, rien assurer au CPL en contrepartie.
Ce document n’a-t-il pas permis au CPL et au Hezb, d’exercer un blocage politique?
Ce n’est pas ce que l’on remarque sur le terrain. Prenons l’exemple du gouvernement. Le CPL réclame sa démission, alors que le Hezb le soutient.
Il ne s’agit donc pas réellement d’une alliance entre les deux partis.
C’est une entente, assurent-ils et non une alliance.
Mais le CPL n’a rien gagné, même par rapport à la présidence de la République. Le Hezbollah ne s’est pas prononcé non plus et n’a pas soutenu le général Aoun.
Cette entente empêche les alliés du “14 mars” d’exercer leur rôle en tant que majorité parlementaire. Puis, certains accusent les Forces libanaises d’avoir réussi à éloigner le général Aoun de la présidence?
Ce n’est pas vrai. Ce ne sont pas les Forces libanaises qui ont empêché le général Aoun d’accéder à la présidence. Je l’ai dit et redit: lorsqu’il manquera au général Aoun cinq voix pour arriver à la magistrature suprême, les F.L. sont prêtes à lui accorder leurs suffrages. Pour ce qui est du blocage exercé par l’entente entre le “Hezb” et le CPL il a réussi sur la présidence, ce qui est la chose la plus néfaste car elle vise à maintenir Emile Lahoud à Baabda.
Doit-on craindre un vide politique si à la fin du mandat du président on n’arrive pas à un consensus autour de son successeur?
Pas du tout, pour une double raison. Primo, le président Nabih Berri a, d’ores et déjà, annoncé, qu’en sa qualité de chef du Législatif, il est de son devoir de convoquer l’Assemblée à élire un nouveau président de la République. Par conséquent, son bloc devra y assister, ce qui assurera le quorum. Secundo, le quorum effectif pour procéder à l’élection présidentielle est la majorité absolue et non celle des deux tiers.
Tout litige sur ce point devra être tranché par la commission parlementaire de l’Administration et de la Justive, ainsi que par le Conseil constitutionnel.
Le président Lahoud poursuivra-t-il son mandat jusqu’en novembre 2007?
En politique, ce qui n’est pas possible aujourd’hui, peut le devenir demain ou un peu plus tard. Certes, les moyens ne sont pas importants actuellement, mais nous allons poursuivre notre recherche de la façon d’écourter le mandat du président Lahoud.
Votre ministre continuera-t-il à boycotter les séances du Conseil des ministres présidées par le chef de l’Etat?
Bien sûr, sauf s’il y a une question épineuse nécessitant notre présence.
La politique suivie par les “forces du 14 mars” à l’encontre du président Emile Lahoud, ne crée-t-elle pas des précédents pareils au sommet francophone?
La seule solution est que le président Emile Lahoud quitte Baabda pour céder sa place à un nouveau locataire du palais présidentiel. Mais s’il y reste, tout le monde sait que nos positions sont dues à la présence d’Emile Lahoud à Baabda. Cela ne concerne pas la magistrature suprême dont les prérogatives existent, la Constitution en étant la garante.
Ne craignez-vous pas avec ces pratiques d’arriver au point de non-retour?
Avons-nous une autre solution? Soit on laisse la Syrie dominer la présidence, soit le non-retour! Pour cela, nous aurions dû tous hâter le départ du président Emile Lahoud.
Les Forces libanaises se sont opposées au fait qu’une invitation au sommet de Bucarest n’ait pas été adressée au chef de l’Etat. Comment justifier cette décision?
Nous voulons veiller à la position de la présidence de la République et redonner à tout prix à ce poste son importance et son éclat. Nous n’avons pas de problème personnel avec le président Lahoud. Mais il est clair, sur le plan international et national, que tant qu’il se trouve à Baabda, ce poste est vidé de son rôle. Or, la force de la magistrature suprême ne relève pas de la présence ou non du président Lahoud qu’il assiste ou non au sommet de la francophonie, mais de la Constitution, laquelle définit ses prérogatives. Il n’y a donc aucune crainte à ce niveau. Quiconque est soucieux de la position de la présidence, discute avec nous des moyens de faire sortir le président Lahoud de Baabda.

RÉTABLIR L’ÉQUILIBRE AU NIVEAU DU POUVOIR
Vous avez appelé à une réunion aux Cèdres pour dénoncer le déséquilibre dans les nominations au sein du Pouvoir et la marginalisation des chrétiens...

Le déséquilibre au niveau du Pouvoir est dû à son exercice durant quinze ans et on ne peut en l’espace de quinze jours y remédier. Ce que nous pouvons dire maintenant, est que nous avons stoppé la marginalisation des chrétiens. Toutes les nominations qui ont lieu actuellement sont équilibrées et nous œuvrons auprès de nos alliés pour réajuster petit à petit l’équilibre. Toutefois, on ne peut en finir qu’à partir de la présidence de la République, car le président signe toutes les nominations. Il ne faut pas procéder à une aproche frontale, car elle serait fatale. Le déséquilibre existant n’est pas dû au gouvernement actuel qui n’a pas encore réellement procédé à des nominations effectives.
Quel est votre candidat à la présidence?
Je le dévoilerai durant le dernier quart d’heure; voire même durant les deux dernières minutes.
Quelle est la position des Forces libanaises concernant le projet de loi électorale?
Les Forces libanaises sont acquises à l’idée que chaque partie libanaise puisse élire ses représentants. Nulle utilité pour le pays qu’une autre partie les choisissent. C’est une logique périmée, les gens devant s’exprimer librement pour éviter la tension sur le plan national.
L’accord de Taëf accorde aux chrétiens 64 députés, lesquels doivent être élus par les chrétiens. Il en va de même pour les 64 députés musulmans. Tel est donc le principe général à suivre. Maintenant sous quelle loi peut-on le réaliser? Nous avons convenu avec nos alliés du 14 mars de ne pas entrer dans les détails avant de les avoir étudiés minutieusement.
Sleiman Frangié a haussé le ton envers vous. Or, vous l’avez ménagé pourquoi?
Nous considérons que la réconciliation a déjà eu lieu. Désormais, notre relation avec Sleiman Frangié s’inscrit dans le cadre politique. Nous ne voulons pas évoquer des sujets excédant ce cadre.
Et que diriez-vous de ses critiques contre Bkerké?
Il faut respecter Bkerké et ne pas l’évoquer de cette manière. Le patriarcat a toujours été notre ultime recours et notre refuge. Tous ces propos sont inutiles et ne servent l’intérêt de personne; tout cela n’a pas de sens.

NOTRE DIFFÉREND AVEC LE CPL
Pourquoi les chrétiens ne s’unissent-ils pas; cela ne serait-il pas plus profitable au pays?

Les chrétiens ne s’unissent pas, car ils ont des projets politiques différents. Avec le CPL, la divergence politique est simple. Notre théorie est la suivante: il faut à tout prix un nouveau président; que ce soit le général Aoun ou un autre. Il n’est pas vrai de dire qu’il n’y a pas de maronites autres que le général Aoun pouvant assumer les responsabilités de la magistrature suprême. On peut s’entendre avec le général Aoun sur une autre personnalité, qui peut faire partie de son bloc; tout est possible. La théorie du CPL est la suivante: si le général Aoun n’accède pas à la présidence, laissons Lahoud poursuivre son mandat. En politique, nous sommes d’accord sur tous les autres points.
Avec les autres parties chrétiennes: les Kataëb, le PNL, le Bloc national, les personnalités indépendantes, le parti du Renouveau et les députés de Zghorta, il existe une entente parfaite et totale à tous les niveaux. Seul Sleiman Frangié a une autre orientation politique complètement différente de la nôtre, sur le plan stratégique nous sommes donc unis en tant que chrétiens.
Mais si Amal, le Hezbollah et le CPL s’alliaient aux Forces libanaises et à leurs alliés chrétiens vous disposeriez de la majorité et pourriez élire le général Aoun à la présidence?
Oui, mais Amal et le “Hezb” n’appuient pas la candidature du Général, sinon, ils auraient proclamé leur soutien à sa candidature et nous leur assurerions les cinq voix restantes.

OUI À UN CABINET D’UNION NATIONALE
Etes-vous prêt à participer à un gouvernement d’union nationale?

Certainement, mais un tel gouvernement ne peut être constitué, actuellement, car on a besoin de la signature du président Lahoud.
Y aurait-il une inimitié entre vous et le président Lahoud?
Pas du tout. La présidence doit recouvrer son aura; un point c’est tout.
Qu’en est-il des dossiers de l’église de Zouk et des assassinats, notamment, celui de Ramzi Irani? Y aurait-il un progrès dans l’enquête?
On attend les nominations de magistrats instructeurs, après la formation du Conseil supérieur de la magistrature.
Croyez-vous qu’un jour on puisse découvrir les auteurs de tels attentats et auriez-vous des données précises sur ces dossiers?
Oui je dispose de certaines données.
Chaque fois qu’on évoque ces affaires dont on vous accusait, que ressentez-vous?
Celui qui n’a pas la conscience tranquille se sent gêné et le contraire est vrai. Je sens en fait que le niveau de l’action politique et éthique chez certains est au plus bas.

LA RESTRUCTURATION DES F.L.
Où en est la réorganisation des Forces libanaises?

Le parti des Forces libanaises a déjà accompli de grands pas et sera le plus grand parti démocrate au Liban.
Seriez-vous élu par la base?
De nombreuses formules se présentent et celle-ci en fait partie.
Le projet du “Grand Moyen-Orient” touchera-t-il le Liban?
Il l’a déjà atteint.
Y aurait-il un régime fédéral à l’instar de l’Irak?
Pas nécessairement.
Votre projet fédéral est-il tombé à l’eau?
Je n’avais pas un projet fédéral en tant que tel. J’appelais simplement à une formule pluraliste qui convient le mieux à notre pays. Actuellement, avec l’accord de Taëf, le pluralisme libanais est pris en considération.
Ce pluralisme pourrait-il devenir un système politique pouvant garantir les droits des minorités au Liban?
L’accord de Taëf protège le Liban et les Libanais, tant les chrétiens que les musulmans.

JE JOUIS À PRÉSENT DE LA SÉRÉNITÉ
Un an après votre sortie de prison, que ressentez-vous?

Beaucoup de choses, dont notamment la sérénité.
Sur le plan politique, quel est votre bilan?
C’est encore trop tôt pour le dire; il y a encore beaucoup à faire.
Lorsque vous pensez aux années de prison, quels souvenirs vous reviennent le plus?
Des souvenirs encore vivaces. Pour moi, il n’y a pas de mauvais souvenirs ou autres. C’était un combat que je menais et je m’attendais à me retrouver en prison, ce qui a constitué pour moi une grande victoire, malgré tout ce qui en a découlé. Même dans ma cellule, je poursui-vais la lutte sans jamais baisser les bras.
Que vous a appris la prison?
Que nous ne sommes que très peu de choses sur cette terre.
La vie aux Cèdres que vous a-t-elle apporté?
Je n’ai jamais perdu ma li-berté et je me suis toujours senti libre.
Qu’appréciez-vous le plus dans cette liberté?
Ma liberté intérieure exempte de foyer infectieux, de tension ou de complexes. Une fois cette liberté acquise, on peut vivre partout même dans un espace de deux mètres carrés.
Vous attendiez-vous à sortir de prison et à retrouver Sethrida, les amis et les parents.
J’étais sûr de cela.
Votre rêve actuel?
Il a la dimension de l’ailleurs.
Une famille, des enfants vous y pensez?
Certes, cela fait partie des lois de la nature.
La femme dans votre vie et quelle place Sethrida y occupe-t-elle?
Une place très importante.
Aux prochaines législatives qui se présentera vous ou elle?
C’est encore trop tôt pour y penser. Mais avant de sortir de prison, j’ai dit à Sethrida, chacun poursuit ce qu’il a entamé. Je n’aime prendre la place de personne.

NADINE FARRA ZAKHEM
Article paru dans "La Revue du Liban" N° 4062 Du 15 Au 22 Juillet 2006
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