Un véritable acte de foi dans le pays du Cèdre
Au Mexique, les fils de la diaspora célèbrent
le 64ème anniversaire de l’Indépendance
Nelly Hélou - Mexico

Au Liban, on vivait une situation de tension à nulle autre pareille. Au même moment, la communauté libanaise du Mexique, célébrait par différentes manifestations, le 64ème anniversaire de l’Indépendance du pays du Cèdre. L’initiative revenait, conjointement, à Mgr Georges Saad Abi Younes, archevêque maronite du Mexique, à Antonio Trabulse Kaim, directeur général de l’Institut culturel mexicano-libanais, (Instituto cultural mexicano libanés), au Centre libanais de Mexico (Centro libanés) présidé par José Luis Nacif Karam et à l’Association d’amitié libano-mexicaine présidée par le Dr Georges Hayek. Du 20 au 25 novembre, Mexico city et d’autres villes du Mexique ont vécu au rythme de ces manifestations. Un groupe folklorique libanais avait fait le voyage pour la circonstance: “le Bailando group” (école et groupe de danse), dirigé par Rania Kazan, ayant pour chorégraphe Shant Anserlian.
Au Mexique, le cœur des émigrés a vibré pour le Liban et la nécessité de renforcer les liens historiques et socioculturels avec la terre des aïeux; des vœux ont été formulés pour que la mère-patrie retrouve la paix et la prospérité.

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G.-D.: Malek Saadi, Rania Kazan, Firas Halabi, Dania Ghannam et Walid Bou Imad.

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G.-D.: Zarnig Sousani, Koharig Demerdjian et Dania Ghannam dans une dabké-salsa.

La première soirée a eu lieu le 20 novembre à l’unité Hermes du Centre libanais. Les émigrés libanais et leurs amis mexicains, se sont retrouvés nombreux pour vivre à l’heure du folklore national.
Par la même occasion, le “Centro Libanés” de Mexico fêtait le 45ème anniversaire de son inauguration.
Dans une brève allocution venue du cœur, Antonio Trabulse Kaim a souhaité la bienvenue à l’assistance et évoqué l’importance “de préserver les traditions et coutumes libanaises et de renforcer les liens avec la mère-patrie”. C’est à lui, d’ailleurs, que revient le mérite de l’organisation de ces manifestations et de l’accueil du groupe libanais.
Place, ensuite, à la représentation folklorique. Sur scène cinq jeunes gens et six jeunes filles vont donner le meilleur d’eux-mêmes pour faire honneur au Liban. Les applaudissements accompagnent chaque tableau, qu’il s’agisse de la danse des épées, de Dabket Lebnan de Fairuz, de Zafet el Arous, de la techno dabké, de la danse du ventre et d’une salsa libano-mexicaine… L’émotion gagne l’assistance avec, en clôture, “Raje’ yetammar Lebnan” (le Liban sera reconstruit).

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José Luis Nacif Karam, l’ambassadeur Nohad Mahmoud, le Dr Georges Hayek et Mgr Georges Saad Abi Younes écoutant l’hymne national.

Le coup d’envoi des manifestations pour le 64ème anniversaire de l’indépendance du Liban était lancé. Quelques jours auparavant, un concert de gala avait été donné par l’Orchestre de chambre de la ville de Mexico en la salle Baalbeck du Centro libanés, pour célébrer à la fois l’indépendance et lancer les manifestations pour le 125ème anniversaire de la naissance de Gebran Khalil Gebran (1883-2008). Antonio Trabulse Kaim, initiateur de cette soirée a donné lecture d’une anthologie de l’œuvre du grand écrivain libanais.

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G.-D.: Le R.P. Louis Ferkh, Antonio Trabulse Kaim,
Viviane Cherfane et Martha Trabulse.

Deuxième journée: À Guadalajara
Le 21 au matin, nous prenons l’avion pour Guadalajara, la deuxième ville du Mexique où la communauté libanaise a une présence et une influence remarquables. Enrique Dau Flores, président du centre mexicano-libanais, nous réserve un accueil des plus chaleureux dans la plus pure tradition de la mère-patrie. Il envoie nous accueillir à notre descente d’avion et nous sommes conduits directement en sa vaste et belle résidence. Avec son épouse Ermila et leurs enfants, ils ont invité des membres influents du club, dont Lorenza Dipp de Torres, une femme de grande culture, ainsi que des personnalités mexicaines et ont organisé dans les jardins de leur résidence un véritable festin à la mexicaine, arrosé de Tequila. Le contact s’établit très vite; les conversations vont bon train en espagnol, en anglais, en français et un peu en libanais. La rencontre se déroule en présence du consul du Liban à Guadalajara, Antoine Gresati Hakim et son épouse Aline.
Le soir, 400 personnes se retrouvent dans les jardins de l’un des clubs les plus sélects de la ville pour célébrer l’Indépendance du Liban. La consule générale du Liban à Mexico, Aline Younès évoque l’importance de cette rencontre et des liens indéfectibles entre les Libanais du Mexique et le pays du Cèdre. Au menu du dîner, des plats exclusivement libanais. Place, alors, à la représentation folklorique et à la fin du spectacle, la troupe descend de la scène pour entraî-ner le public en une véritable farandole de dabké. Au cours de cette rencontre, Enrique Flores nous fait part de l’ambitieux projet de construction de la casa libano (la Maison du Liban) en 2008 à Guadalajara.
En fin de soirée, le Centre mexicano-libanais de Guadalajara a remis des certificats de reconnaissance aux danseurs venus du Liban et à la signataire de ces lignes. Un beau geste.
A l’hôtel al-Bosqué, appartenant aussi à des Libanais, nous passons une nuit dans cette belle ville accueillante que nous aurions souhaité connaître davantage.

photo Enrique et Ermila Dau Flores.

photo Wafa’ Irani de Trabulse et Nelly Hélou.

Le 22 novembre à Mexico: une leçon de patriotisme
Le 22 novembre, retour à Mexico pour la célébration de 64ème anniversaire de l’Indépendance du Liban, qui s’est déroulée au salon “Beirut” à l’unité “Fredy Atala” du Centro libanés. Quoique se trouvant à des milliers de km de Beyrouth, chacun de nous ressentait, ce soir-là, au plus profond de soi, la tension que vivaient sur place les Libanais à l’heure de l’échéance présidentielle et des problèmes politiques inextricables qui continuent de martyriser ce petit pays.
Mais la foi et l’attachement indéfectibles des fils de la diaspora en la mère-patrie qui, pour la grande majorité d’entre eux, sont nés au Mexique, ne sont jamais venus au Liban et ne connaissent pas la langue maternelle, faisaient chaud au cœur. Ils nous donnaient là une belle leçon de patriotisme à nous Libanais qui sommes incapables de préserver ce beau pays, d’en faire un havre de paix et de prospérité.
L’émotion était vive en cette soirée, surtout lorsque Antonio Trabulse, un passionné du Liban, a évoqué l’importance de cette manifestation et la nécessité de préserver les valeurs, l’héritage historique et culturel du pays du Cèdre, lançant du plus profond de son être “Viva libano”. En écoutant l’hymne national, une profonde émotion a envahi l’assistance.
Nouhad Mahmoud, ambassadeur du Liban au Mexique, a salué la présence à cette rencontre, du corps diplomatique, des représentants du gouvernement mexicain, de l’Eglise, du secteur académique et de la presse. Dans une brève allocution, il a rappelé l’importance du moment: “Chers compatriotes et amis, dit-il, votre présence à tous en cette soirée est un acte de foi et d’amour à notre pays, le Liban, dont nous célébrons aujourd’hui le 64ème anniversaire de l’Indépendance. Nous suivons tous avec intérêt et préoccupation quoti-dienne les nouvelles de ce grand pays, petit par sa superficie mais tellement important, hélas! victime des conflits et intérêts régionaux (…) Les temps sont difficiles, mais le Liban, a connu des conditions similaires au cours des dernières décades, a toujours survécu et prouvé sa capacité extraordinaire de surmonter les difficultés, montrant au monde son énergie intérieure, son amour pour la vie (…). La présence libanaise sur tous les continents et la contribution constructive de nos émigrés au développement, à la prospérité et au progrès de nombreux pays sont la preuve de notre engagement pour le bien-être et l’évolution de l’humanité (…) Nous avons l’espoir en des jours meilleurs et avons foi dans le Liban, son Indépendance, sa diversité, sa particularité et sa mission dans le monde.”. La troupe libanaise du “Bailando group” s’est surpassée, ce soir-là et à la fin de la représentation, chacun fredonnait de tout cœur avec Zaki Nassif: Raje’ yetammar Lebnan.

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Dina Kazan.

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Shant Anserlian.

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Julieta Baissari.

Le Mahrallan ou Mahrajan
La clôture des festivités a eu lieu le dimanche 25 novembre. Au Liban, avec l’échéance présidentielle le palais de Baabda était vide et le pays n’avait plus de président de la République. On avait, toutefois, ressenti un certain soulagement du fait que ce cap dangereux se soit déroulé sans heurts, car ce que l’on crai-gnait le plus était de voir le pays plonger dans une guerre civile. On gardait l’espoir qu’une solution sera trouvée.
A Mexico, dans les jardins du centre libanais espace “Fredy Atala”, ce fut la fête durant toute la journée, un véritable “Mahrallan” ou Mahrajan, comme ils l’appellent. Ce Festival de l’Indépendance initié, il y a une quinzaine d’années sous l’impulsion, notamment, des émigrés arrivés au Mexique avec la guerre qui a meurtri le Liban dès 1975, est une véritable fête de la joie. Plus d’un millier de Libanais participent à cette rencontre à caractère familial. Des 11 heures du matin, les émigrés arrivent en grand nombre pour déjeuner sur place et assister ensuite aux représentations. Au menu, des plats libanais, ainsi que le narguilé, l’arak et le café oriental. A partir de 4 heures de l’après-midi, place aux spectacles. On a eu l’agréable surprise d’assister à une excellente représentation de plusieurs tableaux de dabké et de danses orientales donnée par la troupe du Centre libanais de Mexico. Ces jeunes filles et garçons, ayant entre 5 et 18 ans, à majorité de souche mexicaine, sont formés et entraînés par une charmante personne, passionnée du Liban, Wadad el- Kadi de Saab, qui a su leur insuffler son amour du pays et du folklore. Ils ont été admirables sur scène.
La troupe libanaise a, aussi, présenté son propre spectacle avec ferveur. Il y a eu, ensuite, des jeux sportifs et la fête s’est achevée autour d’un immense gâteau aux couleurs du drapeau libanais. La nuit est tombée, “le mahrallan” a pris fin et l’on s’est donné rendez-vous en 2008 dans l’espoir que la fête sera unanime au Liban, au Mexique et aux quatre coins du globe où vivent des Libanais.

Article paru dans "La Revue du Liban" N° 4136 Du 15 Au 22 Decembre 2007
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