Dix neuf ans après l’accord de Taëf, le Liban s’engage dans une ère gérée par un nouvel accord, celui de Doha et, espérons-le, dans la voie de la normalisation et de la stabilité. La première conséquence a consisté en la levée du sit-in du centre-ville qui en était à son dix-huitième mois, phénomène pour le moins étrange et absurde, n’ayant eu son pareil nulle part au monde.
Après donc un immobilisme ayant duré des mois, le pays tourne une page com-bien noire et déprimante, pour se remettre à l’heure de l’action productive et, partant essayer de compenser le manque à gagner qui a ramené notre économie et nos secteurs productifs au stade le plus bas.
L’accord de Doha a, naturellement, suscité des réactions autant favorables qu’il a été approuvé in extremis, au terme d’une journée chargée de crispations, doublées d’un secpticisme qui a été balayé par la ferme détermination de l’émir du Qatar de parvenir à une solution sans plus de retard.
De Washington à Paris et jusqu’aux capitales d’Est et d’Ouest, l’accord mentionné - ou le compromis comme certains préfèrent le qualifier - a été accueilli comme un premier pas sur un chemin non encore tout à fait libéré d’embûches.
Même Damas, par la voix du chef de sa diplomatie, s’en est réjoui, alors que le secrétaire général de la Ligue arabe a parlé d’une “journée historique, car elle nous a conduits vers une formule basée sur le principe de ni vainqueur ni vaincu idéale pour le Liban”.
Emile Lahoud: “Merci à l’émir du Qatar”.
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Omar Karamé: “Tournons la page”.
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Mikati: “Le Liban ne peut s’édifier que sur
le partenariat véritable”.
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BERRI ET SANIOURA REMERCIENT le QATAR
Le chef du Législatif a observé que “les 10.452 km2 n’ont pu nous contenir, alors qu’un établissement hôtelier à Doha a restauré l’unité nationale libanaise”. Ce pourquoi, il a remercié le Qatar, son émir et son Premier ministre, ainsi que la mission arabe chargée d’aider au règlement de notre crise. M. Berri n’a pas manqué de rappeler que “cheikh Hamad al-Thani avait été l’un des premiers responsables arabes à visiter la banlieue-sud après la guerre de juillet 2006 et à fournir une aide substantielle pour alléger les souffrances des populations sinistrées”.
De son côté, le président Fouad Sanioura a exprimé sa profonde gratitude à l’émir du Qatar, au Premier ministre de la principauté et à la mission ministérielle arabe qui n’ont épargné aucun effort pour raccommoder les Libanais. “Le dialogue de Doha, dit-il, a accompli une grande réalisation. Nous sommes venus ici, non pour arracher nos droits les uns des autres, mais pour restituer leurs droits aux Libanais, avec leur liberté, leur entente et leur dignité. Ce dialogue est un pas fondamental important sur la voie de la solidarité, qui permettra à l’Etat d’étendre sa souveraineté à l’ensemble du territoire national et de récupérer les fermes de Chebaa”.
Le chef du gouvernement a mis l’accent, d’autre part, sur la nécessité de renforcer les équipements de l’Armée et des FSI pour qu’elles s’acquittent de leur devoir national de la meilleure façon possible.
M. Sanioura a, d’autre part, évoqué le souvenir des martyrs “tombés en un temps et un lieu inadéquats” et invite tous les Libanais à tirer les leçons des douloureux événements pour renforcer notre unité et notre solidarité face à l’ennemi israélien.
GEMAYEL: UNE LONGUE TRÊVE
Le président Amine Gemayel parle “d’une longue trêve consolidée” qu’il nous faut renforcer chaque jour davantage, afin de pouvoir édifier un Etat à la dimension de nos rêves.
Après avoir exprimé sa gratitude à l’émir et au Premier ministre du Qatar, ainsi qu’à la mission ministérielle arabe, le chef supérieur des Kataëb ajoute: “Ce qui s’est passé à Doha est le début de la solution. Nous devons tourner la page du passé avec courage pour vivre ensemble dans un pays enfin pacifié. Chacun doit tendre vers l’autre pour rechercher ensemble les moyens de mener le Liban vers une position digne de ses fils”.
M. Saad Hariri a constaté qu’une nouvelle page s’est ouverte et une nouvelle voie qui nous mènera loin des voies périlleuses... “La blessure est profonde, mais nous sommes tenus de dépasser cette étape triste et difficile de notre Histoire et nous réconcilier les uns avec les autres, car sans cela le pays ne pourra pas assurer sa survie et sa pérennité”.
Le chef du Courant du futur a remercié les responsables du Qatar et les ministres arabes des Affaires étrangères de leur soutien.
M. Hariri qui a reçu des communications téléphoniques du président Hosni Moubarak, du général Michel Sleimane et de M. Ahmed Aboul-Gaith, ministre égyptien des Affaires étrangères, a gagné Riyad pour des entretiens avec les responsables saoudiens avant de rentrer à Beyrouth pour participer à l’élection du président de la République.
GEAGEA: L’ACCORD DU POSSIBLE
Le Dr Samir Geagea a qualifié l’accord de Doha de “l’accord du possible, le meilleur qu’on aurait pu adopter”.
Puis, il a insisté sur la nécessité de procéder à l’élection présidentielle dans les 48 heures; puis, de former un Cabinet d’union nationale à qui incombera la tâche d’élaborer un nouveau code électoral.
Le chef des Forces libanaises a été invité par l’émir Al-Thani à visiter le Qatar et reçu un appel téléphonique du chef de la diplomatie égyptienne.
D’autre part, le bureau médiatique des F.L. a démenti une information de presse selon laquelle les Forces libanaises montreraient quelque réserve par rapport à la candidature du général Sleimane, ajoutant “qu’elles continuent à le considérer comme un candidat consensuel”.
Le président Emile Lahoud n’a pas caché sa satisfaction de la teneur de l’accord de Doha. Aussi, a-t-il rendu hommage aux efforts déployés par l’émir du Qatar et son Premier ministre qui ont été couronnés de succès.
Puis, l’ancien chef de l’Etat a salué le général Michel Aoun “pour les sacrifices qu’il a consentis au double plan personnel et national. Sans ces sacrifices, l’accord de Doha n’aurait pu être réalisé”.
M. Najib Mikati a exprimé, également, sa joie des résultats obtenus au Qatar, avant d’ajouter: “Puisse l’heureux épilogue con-vaincre les parties antagonistes du fait que le Liban ne peut s’édifier sur le principe du vainqueur et du vaincu, mais sur la modération et le partenariat véritable, habilitant tous les Libanais à assumer leur responsabilité dans la gestion des affaires publiques et le sauvetage de la patrie”.
Karamé: “Tournons la page”
Le président Omar Karamé a jugé que “l’accord de Doha pave la voie à une nouvelle étape” et engage les Libanais “à tourner la page du passé”.
Et d’ajouter: “Attendons à présent les prochaines élections législatives dont les résultats aideront à consolider la paix civile qui était sérieusement menacée.”
Quant à cheikh Malek Chaar, mufti de Tripoli, il a réaffirmé que “le dialogue est l’unique moyen dont disposent les Libanais pour vider leurs querelles et préserver, en la renforçant, leur unité nationale”.
M. Mohamed Raad, chef du Bloc de fidé-lité à la Résistance, qui a représenté Sayyed Hassan Nasrallah à la conférence de Doha, a changé de ton, comme on devait s’y attendre. Se faisant conciliant, il a dit: “Notre main est tendue à tous, en vue d’une action commune destinée à instaurer une ère de quiétude et de coopération dans l’intérêt commun, sans laquelle il n’est pas possible d’assurer la stabilité au Liban”.
M. Marwan Hamadé, ministre des Télécoms, soutient que l’accord de Doha a prévenu la guerre civile. “Quant au futur Cabinet, précise-t-il, il sera chargé de prépa-rer les législatives de 2009 et pourra être un gouvernement de transition”.
M. Hussein el-Hajj Hassan, député du Hezbollah, assure que “les armes de la Résistance ne seront pas utilisées à l’intérieur. Cela n’est nullement posé et ne figure pas dans notre manière de concevoir la lutte contre l’ennemi. L’utilisation des armes à l’intérieur et la violence ne sont pas tolérées”.
Le Dr Mohamed Khalifé, ministre démissionnaire de la Santé, après avoir reçu la visite de Mme Michelle Sisson, chargée d’affaires US, pense que “l’accord de Doha ne vise pas à régler la crise, uniquement, mais à renforcer les institutions pour les habiliter à s’acquitter à la perfection des tâches qui leur incombent”.
Cheikh Abdel-Amir Kabalan, vice-président du Conseil supérieur chiite, s’est félicité de l’accord de Doha et a remercié l’Etat et le Premier ministre du Qatar, ainsi que la mission ministérielle arabe, de leurs efforts qui ont rendu possible le règlement de la crise. Enfin, il a adressé à l’avance ses félicitations au général Michel Sleimane avant son élection à la magistrature suprême.
Aoun: “Une victoire pour le Liban”
Le général Michel Aoun, chef du Bloc de la réforme et du changement, a qualifié l’heureux épilogue du dialogue de Doha, de “grande victoire pour le Liban”.
Interrogé sur le point de savoir comment il conçoit le futur Cabinet, il s’est limité à dire: “Notre bloc y compterait cinq ministres, le portefeuille de l’Intérieur devant échoir à l’un des représentants du chef de l’Etat au sein de l’équipe gouvernementale”.
M. Michel Murr, député du Metn-Nord, considère l’accord de Doha comme “le début de la réconciliation nationale... Aussi, le Liban est-il maintenant supposé revenir à la normale, ce qui assurera le bon fonctionnement des institutions constitutionnelles”. |