Durant deux jours consécutifs, les 17 et 18 octobre, effervescence au centre de Beyrouth. Mesures de sécurité intensives, trafic détourné, embouteillage et pour cause: c’était l’inauguration de la mosquée Al-Amine. Des personnalités politiques et religieuses du Liban et du monde arabe étaient venues participer au couronnement de la reconstruction du centre-ville de Beyrouth, la matérialisation du rêve du martyr Rafic Hariri par l’édification de la mosquée Al-Amine.
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Le mufti Kabbani, MM. Saad Hariri, Fouad Sanioura et Ali Khreiss, député au cours de la prière du vendredi.
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C’est en 2002 que le président Hariri a posé la première pierre de ce lieu de culte, véritable joyau architectural. L’édifice qui couvre plus de 10.000 m2 et peut accueillir 5.000 fidèles, est doté d’un espace réservé aux rencontres culturelles et religieuses, ainsi qu’aux conférences.
Vendredi 17 octobre, des milliers de fidèles étaient rassemblés autour de la mosquée et sur la place des Martyrs. M. Saad Hariri accompagné du mufti de la République et du président Fouad Sanioura, ont lu la “Fatiha” sur le mosolée du président-martyr avant de gagner la mosquée pour accueillir les personnalités venues assister à son inauguration et au dévoilement de la plaque commémorative. Puis, ce fut la première prière du vendredi où le mufti Joumaa d’Egypte a prononcé le premier prêche.
Le samedi 18 octobre était le jour de l’inauguration officielle. Rarement événement devait grouper un si grand nombre de personnalités religieuses et politiques du Liban et du monde arabe. Etaient présents:
- Le président de la Chambre M. Nabih Berri, le Premier ministre, M. Fouad Sanioura, le président Amine Gemayel, MM. Najib Mikati, Rachid Solh, Farid Makari, Walid Joumblatt, Mgr Roland Abou Jaoudeh, représentant le patriarche maronite Mgr N.B. Sfeir; le mufti de la République cheikh Mohamed Rachid Kabbani; le cheikh d’Al-Azhar le grand imam Tantawi.
Le vice-président du CSC, cheikh Abdel Amir Kabalan; le cheikh Akl druze Naïm Hassan; Mgr Elias Audeh, métropolite de Beyrouth représentant le patriarche Hazim; Mgr Youhana Haddad, représentant le patriarche Laham; Mgr Ohanian représentant le patriarche Aram Premier; Mgr Georges Masri, représentant le patriarche Abdel Ahad; le président de la communauté copte au Liban et en Syrie, le R.P. Anba Bichouri; le député Hajj Hassan, représentant le Hezbollah; Leila Solh Hamadé, représentant l’émir Walid Ben Talal, ainsi qu’un grand nombre de dignitaires religieux, sans oublier les ambassadeurs, ministres, députés et officiers supérieurs de l’Armée et des FSI.
Cet événement a eu lieu dans la grande salle de conférence portant le nom de Rafic Hariri. Au programme: dévoiler la plaque commémorative, prière, hymne national, lecture de versets du Coran par M. Salah Jomaa et film documentaire retraçant les différentes étapes de l’édification. M. Mohamed Sammak a présenté les orateurs: le mufti de la République cheikh Mohamed Kabbani; le ministre d’Arabie des wakfs cheikh Al Cheikh; le grand mufti d’Al-Azhar, cheikh Tantawi; Mgr Roland Abou Jaoudé, représentant le patriarche Sfeir; cheikh Abdel-Amir Kabalan, de la communauté chiite; Mgr Audeh, métropolite de Beyrouth; cheikh Akl druze Naïm Hassan; Mgr Haddad, représentant le patriarche Laham et cheikh Mohamed Hassan, mufti de Jérusalem.
Les paroles portaient surtout sur les réalisations accomplies par le président Hariri, sur la coexistence, la fraternité, le dialogue, la tolérance, la paix et l’amour propre à toutes les religions.
M. Saad Hariri a clôturé les allocutions en déclarant que la mosquée Al-Amine représente le couronnement de la reconstruction de Beyrouth, le rêve de son père devenu réalité. “Cette mosquée, dit-il, construite sur la Place des Martyrs qui a été la scène sanglante de la guerre civile, représente un message de réconciliation des Libanais chrétiens et musulmans. C’est un message de coexistence, de dialogue des religions et des cultures. Ainsi, Beyrouth restera toujours la capitale de la rencontre des civilisations. En ce sens, nous voulons promouvoir la modération afin que le Liban soit un exemple de la rencontre des religions”. Et de citer un verset du Coran prêchant la fraternité.
Affluence de personnalités officielles à l’inauguration de la mosquée Al-Amine.
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M. Saad Hariri, le mufti Mohamed Kabbani et M. Nabih Berri lisant la Fatiha.
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Historique et architecture
L’histoire relate que durant l’empire ottoman, les chrétiens maronites fuyant la montagne durant la guerre civile au XIXème siècle, ont été très bien accueillis par les musulmans sunnites de Beyrouth. Pour sceller cette entente, le sultan ottoman Abdel Majid Premier a fait don aux habitants de Beyrouth de deux terrains juxtaposés. Sur le premier fut édifiée la cathédrale maronite St Georges construite d’après le modèle de l’église Ste Marie Majore de Rome. Quant au terrain attribué aux musulmans, il fut enregistré au nom du cheikh Mohamed Abou Nasr. Ce dernier y construit une petite mosquée et des magasins qui devaient porter le nom de souk Abi Nasr à Bourj et qui fut détruit durant la guerre. Ce n’est qu’aujourd’hui que la mosquée Al-Amine devait voir le jour. Il est intéressant de noter que les deux lieux de culte juxtaposés maronite et sunnite sont entourés de mosquées et d’églises: les quatre mosquées Al Omari, Al-Dabagha, émir Assaf et émir Mounzer. Quant aux églises: en plus de la cathédrale maronite Saint Georges, la cathédrale St Elie des grecs-catholiques, la cathédrale St Georges des grecs-orthodoxes, l’église syriaque, l’église arménienne et l’église évangélique protestante. Ainsi, il est agréable d’entendre le carillon des cloches se mêler aux prières des muezzins.
Quant à l’architecture de la mosquée Al Amine, le style islamique s’allie, harmonieusement, au style byzantin. En effet, la mosquée dont la superficie couvre 10.058m2, construite en pierres jaunes, possède de très belles coupoles bleues du plus pur style byzantin.
Quant aux arcades et minarets, ils s’inspirent des constructions islamiques propres aux mosquées. Par son architecture, la mosquée Al-Amine ressemble fort aux mosquées ottomanes construites par l’architecte ottoman Sinan Pacha qui s’est lui-même inspiré de l’église Ste Sophia d’Istanbul devenue elle-même une mosquée.
La façade extérieure comme les murs intérieurs sont décorés d’arabesques. Des versets “Al Nour” en calligraphies dorées, ornent les murs, tandis que pendent des plafonds des lustres monumentaux en cristal pur. Le sol est recouvert de tapis précieux sur lesquels se prosternent les croyants. On est ébloui par tant de richesse mais en même temps par la simplicité, le calme et la sérénité invitant à la prière et à la méditation.
Dans l’islam, la mosquée est un lieu de prière et de recueillement, mais en même temps, lieu de rencontre des fidèles pour échanger les idées. Pour cette raison, une grande salle attenante à la mosquée a, également, été aménagée pour les conférences et les activités culturelles; car l’islam prône, également, la connaissance, la science et la culture. Rafic Hariri n’a-t-il pas instruit des milliers d’étudiants?
Nous pouvons conclure que le message de la mosquée Al Amine est de propager l’islam modéré, tolérant et ouvert aux centres religieux pour la coexistence et la paix au Liban. |