“Si elles resserrent les rangs et constituent des listes uniques, les forces du 14 mars remporteront les élections législatives”, soutient M. Carlos Eddé, leader du Bloc national. Cependant, il estime nécessaire une plus grande coordination au sein de la majorité doublée d’une stratégie au double plan structurel et médiatique pour consolider sa position électorale.
Bien que n’étant plus lié comme précédemment au camp souverainiste, M. Eddé posera sa candidature dans la circonscription de Jbeil, sur base des principes et des options prônés par ses alliés indépendantistes. “Je reste dans la ligne de la révolution du Cèdre”.
Du Hezbollah, il pense que le “parti de Dieu” ne renoncera pas à l’atout que constitue pour lui son arsenal militaire, lequel lui assure une légalité supplémentaire et lui permettra de devenir une formation selon le modèle iranien, comme la “garde révolutionnaire”.
“En dépit de son éloignement du camp du 8 mars, dit M. Eddé, le Bloc national demeure sur ses positions. Si j’ai quitté le directoire de la majorité, c’est parce que j’ai certaines réserves à propos de la gestion politique”.
Maintenez-vous donc le contact avec les forces du 14 mars?
Ces contacts n’ont jamais été coupés et depuis le retour de Doha des représentants de la majorité, je les rencontre à des occasions déterminées.
Comment jugez-vous la cohésion des forces du 14 mars et risquent-elles de faiblir à l’approche des élections législatives?
J’estime que ces forces ont besoin d’une meilleure coordination au plan médiatique et structurel, pour redevenir plus efficaces face aux forces adverses. Elles en ont d’autant plus besoin que le camp d’en face use de tous les moyens pour consolider ses positions, surtout au plan électoral. Je ne dis pas que les forces du 14 mars ont perdu de leur homogénéité, mais elles gagnent à être plus unies et cohérentes.
Cheikh Saad Hariri et Walid Joumblatt vous contactent-ils encore?
Le contact est maintenu et s’effectue dans les grandes occasions. Je reste au courant des décisions importantes qui sont prises.
Quelles sont vos prévisions pour les prochaines législatives?
Ainsi que je l’ai dit précédemment, les forces du 14 mars remporteront la bataille, si elles l’engagent en rangs unis et sur base de listes communes.
Quelle serait la réaction du camp adverse s’il venait à perdre?
Il ne demandera pas son avis au peuple et pourrait réagir de la même manière qu’en mai dernier. Toutefois, il faut souhaiter qu’un tel drame ne se reproduise plus, car les Libanais n’en peuvent plus d’endurer tant de catastrophes.
Puis, les forces du 8 mars utilisent tous les moyens, même les plus inadéquats, pour parvenir à leur fin. De toute manière, elles n’épargnent aucun moyen pour terroriser les gens et les amener à soutenir leurs candidats.
Les élections législatives seront, dit-on, décisives, par rapport à l’avenir du Liban et M. Walid Joumblatt appréhende un éventuel échec de la majorité...
Si les forces du 14 mars unifient leurs rangs et leurs listes, elles remporteront la bataille électorale et empêcheront au pays de retomber sous la férule de courants régionaux qui se soucient peu du Liban, comme de son statut d’Etat, indépendant, libre et souverain.
Feriez-vous partie d’une liste de la majorité ou poserez-vous votre candidature en tant qu’indépendant?
Il est prématuré d’en parler et tout sera décidé en temps opportun.
JE POSERAI MA CANDIDATURE
A JBEIL
Où pensez-vous poser votre candidature?
A Jbeil.
Face au général Aoun et à ses alliés?
Nous sommes toujours face à ceux qui portent atteinte à la souveraineté et à l’indépendance du Liban et aux libertés.
Quelles sont les options du Bloc national? Pourquoi est-il absent des postes de décision?
Nous n’adoptons pas de position dans le but d’obtenir des acquis au niveau de l’Etat.
Quelle est la réalité du Bloc aujourd’hui?
Nous observons la situation. Durant la dernière période, nous avons présenté des projets que nous considérons importants pour la patrie. Malheureusement, ils n’ont pas été pris en considération, telle la loi électorale qui pourrait apporter un changement à la situation politique.
Le dialogue se fait à Baabda sur la stratégie de défense. Beaucoup de propos sont tenus à ce sujet, alors que le Hezbollah dit qu’il est attaché à l’option de la Résistance. Qu’en pensez-vous?
La stratégie de défense était une façon d’arriver à une formule autour de l’arme du Hezbollah qui n’y renoncera pas. Les autres forces au Liban n’ayant peut-être pas un objectif pour affronter avec l’importance requise, ce sujet n’aboutira pas à un résultat.
Qu’en est-il du fait de relier cette question à la paix juste et globale?
Nous devons attendre les résultats des élections de 2009. Si le 8 mars gagne, ceci donnera au Hezbollah une légalité supplémentaire, concernant son arme. La Résistance pourrait devenir une “garde révolutionnaire”, comme c’est le cas en Iran. Si le 14 mars gagne, je ne sais pas si ces forces ont la possibilité de trancher ce dossier de la manière qu’elles souhaitent.
LES RECONCILIATIONS,
UN JEU D’ENFANTS
Pourquoi la réconciliation chrétienne est-elle liée ou réduite à la réconciliation Geagea-Frangié?
On parle de réconciliations comme si nous étions des enfants qui se sont querellés au jeu de billes et qu’un professeur tente de réconcilier. Ainsi, toutes les expressions de réconciliation sont des jeux d’enfants. Ils veulent faire passer le temps et créer un folklore médiatique.
Le général Aoun a-t-il perdu de sa popularité?
Le général Aoun représente une partie importante de la réalité chrétienne. D’autres personnes ont les mêmes ambitions et le même but politique que lui. Mais beaucoup le suivent, car ils veulent régler d’anciens comptes.
Croyez-vous que l’électeur chrétien élira Aoun? D’autant qu’il l’a élu en 2005 sur base d’hypothèses qui ont changé?
Durant les deux mois précédant les législatives, l’argent sera dépensé. Il en est de même des sommes dépensées pour les médias, afin de lancer certains candidats, sans tenir compte de leur valeur et de leurs projets.
Vous avez appelé au retour des institutions constitutionnelles. Ceci s’est-il réalisé?
Si nous comparons la situation aujourd’hui à celle qui prévalait il y a cinq ans, le président de la République peut jouer un rôle important. Le gouvernement fonctionne, car il est formé des forces des 8 et 14 mars. Mais il existe encore une grande distance à franchir pour que les institutions assument leur rôle.
Qu’en est-il du tribunal international?
Je souhaite qu’il n’y ait pas de compromis concernant le tribunal international, ce que beaucoup d’observateurs neutres appréhendent.
Craignez-vous cela?
Oui. Le tribunal prendra son temps. Le crime de Lockerbie auquel les médias ont accordé plus d’importance, qui a fait un plus grand nombre de victimes en Grande-Bretagne, s’est terminée par un compromis.