La campagne électorale bouclée
Sleiman: “Le rôle de l’opposition aussi important
que celui de la majorité”
Bkerké: “Votez selon votre conscience...”

Par Nadim El-HACHEM

Le dispositif de combat étant mis en place, toutes les parties attendent non sans impatience le 7 juin pour s’affronter sur le terrain électoral. Car de l’issue de la “bataille des urnes” dépend l’avenir du Liban, le camp qui l’emportera étant appelé à assumer le pouvoir au cours des quatre prochaines années.

photo Le président Sleiman entouré de M. Baroud et du général Rifi au siège des FSI.

photo Bkerké aux électeurs: “Ecoutez votre conscience qui est la voix de Dieu”.

Toujours est-il qu’on doit craindre un rapprochement dans les résultats du scrutin, ne permettant pas de dégager une majorité confortable, les forces du 8 et du 14 mars étant condamnées à partager les responsabilités officielles, sans le tiers de blocage. Cela se traduirait par la perpétuation du statu quo.
Cela dit, il y a lieu de constater une escalade dans le ton du discours politique durant la semaine ayant précédé la consultation populaire. Et ce, jusqu’au délai fixé par l’Intérieur - dans la nuit de vendredi à samedi - où tout meeting doit cesser et, partant, les harangues.
La parole sera donnée, alors, aux électeurs qui passeront dans les bureaux de vote dimanche matin, avec l’espoir que les législatives se dérouleront dans un climat apaisé et loin de toute crispation, afin de prévenir d’éventuels accrochages entre les supporters des candidats en lice.
D’après les derniers sondages, il s’avère que les résultats du scrutin à Zahlé et au Metn-Nord détermineront qui disposera de la majorité dans la prochaine législature. Les chiffres indiquent que les deux camps antagonistes recueilleront un nombre égal ou presque de suffrages, bien que tous deux prévoient une victoire nette.
Le dernier round du dilogue national avait débouché sur trois décisions préconisant: Primo, de veiller à l’apaisement du climat politique durant les élections. Secundo, d’accepter les résultats du vote. Tertio, de recourir à la justice et aux forces de l’ordre, pour trancher d’éventuels incidents.
D’ailleurs, en ouvrant le dernier round du dialogue national, le président Sleiman a mis l’accent sur “la nécessité de préserver le climat d’apaisement au double plan politique et sécuritaire, afin que les électeurs puissent exprimer leur volonté en toute quiétude sans menace ni pression d’aucune sorte”.

Joumblatt pour la persistance du dialogue
Quant à M. Walid Joumblatt, il s’est prononcé en faveur de la persistance du dialogue national après les législatives sous le parrainage du chef de l’Etat, quels que soient les résultats des élections, “car c’est le seul moyen pouvant permettre la solution des dossiers conflictuels et, partant, éviter le recours à la rue.
“Les Libanais, a ajouté le leader du Parti socialiste progressiste, sont appelés à se prononcer sans ambages entre deux projets distincts, deux modes de vie et deux styles. C’est le moment ou jamais de distinguer entre la logique de l’Etat, le pluralisme et l’esprit d’ouverture, d’une part; le semi-Etat et l’ostracisme, d’autre part. Il faut un président de la République disposant des moyens de régler les conflits et non un président condamné à l’immobilisme et à l’impuissance”.
M. Michel Murr a pris violemment à partie le général Michel Aoun, au meeting électoral de la “liste pour le sauvetage du Metn”, dénonçant les slogans vides de sens du chef du Courant patriotique libre, auteur du slogan “Le Liban grandiose”, rappelant sa guerre de libération en 1989 qui a détruit le pays sans libérer aucun pouce du territoire national.
Le général Michel Aoun a, au cours d’un meeting électoral à Batroun, répliqué à ceux qui parlent de Wilayet el-Fakih, qu’il présente comme un épouvantail: “Ils ignorent tout de ce terme plus imaginaire que réel. De plus, ils suscitent la peur parmi les citoyens en soutenant que le pays serait affligé d’une crise économique étouffante si l’opposition remportait les élections...”.
Et d’ajouter: “Israël procède en ce moment à des manœuvres militaires et certains chez nous craignent que le succès des forces du 8 mars incite l’ennemi israélien à entreprendre une nouvelle agression contre notre pays... Je vous dis que le danger d’une telle agression provient plutôt du succès des loyalistes. Car Israël est enclin à fomenter les troubles de l’intérieur du Liban conre lequel l’opposition ne complotera jamais”.

Karamé: Les Tripolitains ne se vendent pas
Le président Omar Karamé qui a formé une liste comprenant deux autres candidats: MM. Khaldoun el-Charif et Ali Eid, a dénoncé les tentatives visant à former un bloc centriste et indépendant pour soutenir le chef de l’Etat, tout en dissipant l’impression que les Tripolitains se vendent et s’achètent. “Il s’agit d’une fausse impression”.
Puis, il a affirmé que “la seconde bataille et la plus importante sera entamée après la proclamation des résultats du scrutin... Si les candidats de la révolution du Cèdre gagnent, le pays se retrouvera de nouveau dans le même cercle vicieux et si les deux camps antagonistes sont à égalité quant au nombre des voix, ce sera une fois de plus la pagaille. Enfin, si le bloc centriste est formé, ce sera une tentative d’attenter aux pérogatives de la présidence du Conseil”.

Berri: Le Liban ne changera pas d’identité
Le président Nabih Berri a indirectement contredit le président iranien qui a déclaré que “si l’opposition gagne les élections libanaises le visage du Liban et son identité changeront”. Il n’est pas vrai de dire qu’un tel changement se produira, à la suite d’une modification dans la dimension des blocs parlementaires... Toutes les manœuvres israéliennes n’ont aucun impact sur les Libanais qui restent fermement déterminés à défendre leur terre. Les Israéliens ne parviendront pas à atténuer le soutien des Libanais à la Résistance et à l’Armée”.
M. Saad Hariri a également répondu au président de la République islamique sans le citer nommément, tout en réaffirmant la détermination des forces du 14 mars à soutenir l’Etat et ses institutions. Et de conclure: “Le 7 juin influera sur la patrie et l’avenir de nos enfants. Votons donc en masse pour élire nos représentants au parlement”.

JOUMBLATT SOUCIEUX DE L’UNITÉ NATIONALE
Au cours d’un tournée dans le haut Chouf, M. Walid Joumblatt s’est dit soucieux de préserver l’unité nationale, ainsi qu’il a été décidé à Doha. “Je souhaite, dit-il, que la liste de Hasbaya-Marjeyoun soit unifiée, car cette circonscription n’a cessé depuis 1969 de combattre Israël”.
Et d’enchaîner: “Deux qualités caractérisent le pays et garantissent sa pérennité: la première a été incarnée par cheikh Saadeddine Hariri et la seconde par le président Nabih Berri. Et, parce que nous tenons compte de la spécificité de cette région, en tant que front de confrontation, nous soutenons une liste diversifiée formée de MM. Anouar el-Khalil, Ali Hassan el-Khalil, en plus d’un nombre d’alliés”.

GEMAYEL: NON À LA “DUALITÉ MILITAIRE”
Le président Amine Gemayel a au terme de la réunion hebdomadaire du bureau politique des Kataëb, mis en garde contre “la dualité militaire”... Le fait de placer l’Armée sur le même pied d’égalité que des forces partisanes armées (entendre le Hezbollah) est une hérésie. Ceci suscite en nous des craintes, d’autant que le Courant patriotique libre (aouniste) soutient de telles forces illégales”.
Le chef supérieur des Kataëb, a en conséquence, appelé les citoyens à voter en masse afin de barrer la voie à tous les projets suspects, tout en veillant à rendre hommage au rôle de l’Armée “qui ne peut ni ne doit être placée au même rang qu’une organisation terroriste”.
Les archevêques maronites qui poursuivent leur retraite annuelle à Bkerké jusqu’à samedi, ont diffusé une déclaration mercredi dans laquelle ils engagent les citoyens à se montrer dignes de leur devoir national, en accordant leurs suffrages aux candidats qu’ils jugent les plus aptes à assumer leur mission parlementaire... “Ecoutez en déposant le bulletin dans l’urne la voix de votre conscience qui est la voix de Dieu. Faites la sourde oreille à toutes les tentatives de soudoiement, car vous êtes les porteurs d’un message. Laissez-vous conduire par la raison et non la violence, la paix civile étant l’une de vos responsabilités que vous êtes tenus de sauvegarder. Veillez surtout à préserver la diversité dans l’unité qui fait l’apanage du Liban et le distingue des autres nations. Joignez vos efforts à l’effet de trancher tous les problèmes auxquels le pays est confronté”.

SLEIMAN FÉLICITE LES FSI
A l’occasion de leur 148ème anniversaire, le président Michel Sleiman s’est rendu mercredi au siège des Forces de sécurité intérieure, pour les féliciter aussi à la suite du démantèlement de plusieurs réseaux d’espionnage. Sans manquer de rendre également, hommage à l’Armée qui assume sa mission avec courage et détermination, ainsi qu’elle l’a prouvé dans la bataille de Nahr el-Bared.
Le chef de l’Etat a aussi évoqué les élections législatives, appelant les forces de l’ordre à assurer les conditions parfaites pour le déroulement du scrutin dans la régularité et la transparence.
Puis, le président Sleiman a émis un même jugement sur la majorité et l’opposition “dont les rôles sont aussi importants”. Enfin, il a insisté sur “la nécessité de tout mettre en œuvre aux fins de sauvegarder le système démocratique auquel les Libanais sont fermement attachés”.
Par ailleurs, l’affaire de la falsification des cartes d’identité a fait l’objet d’un examen au niveau officiel, d’autant que le nombre des pièces falsifiées est évalué entre 4.000 et 10.000, ce qui risque de fausser les résultats du scrutin, spécialement dans la circonscription de Baabda où cette opération a été la plus pratiquée.
Les forces du 14 mars ont attaché à cette affaire une attention particulière; aussi, ont-elles demandé au gouvernement de mener une enquête pour identifier les coupables et leur infliger des sanctions exemplaires.
D’autre part, les forces du 14 mars dénoncent les campagnes menées par le camp adverse, en vue de discréditer les candidats de la majorité par le mensonge et des documents qualifiés de faux papiers, l’un d’eux voulant prouver que les forces du 14 mars procèdent au soudoiement du corps électoral. Aussi, ont-elles résolu de porter plainte auprès du Parquet contre les auteurs de telles supercheries...

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