Avec les changements politiques survenus sur la scène locale, le mouvement du 14 mars se devait de battre le rappel de ses partisans, en vue de ressouder ses rangs, (en dépit du revirement politique de M. Walid Joumblatt,) améliorer son image quelque peu ternie ces derniers temps et mobiliser les forces populaires, en prévision de la 5ème commémoration de l’assassinat, le 14 février 2005, de l’ex-Premier ministre Rafic Hariri.
MM. Farès Souaid, Samir Frangié, Saad Hariri, Michel Pharaon et Jean Oghassabian.
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Les participants à la rencontre.
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Le ton modéré du communiqué issu de ces assises élargies, a reflété les impératifs de la présente conjoncture et confirmé, en même temps, la présence de ce mouvement sur la scène et sa capacité d’adaptation sans rien changer à ses principes nationaux immuables.
La rencontre qui s’est tenue le dimanche 31 janvier à l’hôtel Bristol, a groupé plus de 136 personnalités politiques et civiles: Saad Hariri, Premier ministre; Amine Gemayel, ancien président de la République et leader suprême des Kataëb; Samir Geagea, chef des Forces libanaises; Dory Chamoun et Carlos Eddé, leaders respectifs du PNL et du BN; Mmes Nayla Mouawad, Solange Gemayel et Sethrida Geagea, député, les principales composantes de ce mouvement: ministres, députés, politiciens, ainsi que de multiples personnalités politiques et civiles qui adhèrent pleinement aux idées et idéaux véhiculés par le 14 mars.
On notait, toutefois, l’absence de Walid Joumblatt qui en fut l’un des ténors et des députés de son bloc du Rassemblement démocratique, à l’exception de Marwan Hamadé qui a affirmé participer à cette rencontre à titre personnel. Absence remarquée, aussi, de Nassib Lahoud et des membres de son mouvement le Renouveau démocratique.
Par contre, la présence de Saad Hariri a revêtu une importance particulière, coupant court à toutes les rumeurs faisant état d’un éloignement du 14 mars en raison de ses fonctions officielles et, surtout, au lendemain de sa rencontre à Damas avec le président syrien Bachar Assad.
Le communiqué lu à l’issue de la rencontre avait plutôt un ton modéré, comparé avec les précédents, la conjoncture politique interne et régionale de l’heure étant favorable à l’apaisement.
Les constantes immuables
du 14 mars
Le Dr Farès Souaid, secrétaire général du 14 mars, a donné lecture de ce communiqué, rappelant en premier lieu les principales étapes de l’intifada de l’indépendance qui a abouti au retrait des troupes syriennes en avril 2005. Il a de même souligné que ce courant indépendantiste est né du sang de Kamal Joumblatt, Bachir Gemayel, René Mouawad, Hassan Khaled et tous ceux qui sont tombés dans les rangs de la résistance “libanaise”, “nationale” et “islamique”…. de 1975 à nos jours et qu’il a tous nommé, dont Gibran Tuéni, Pierre Gemayel, François Hajj, Wissam Eid…
Le texte poursuit: “Grâce à votre unité, chrétiens et musulmans et forces vives chérissant la liberté, l’indépendance et la démocratie, vous avez pu atteindre au cours des cinq dernières années des réalisations historiques qui semblaient impossibles à bien des égards, à savoir: la réconciliation nationale effective, l’établissement de relations diplomatiques avec la Syrie, la constitution d’un tribunal international, le recours aux urnes pour édifier un Etat de droit, préserver le visage du Liban, sauvegarder la coexistence, ainsi que la parité entre chrétiens et musulmans, vous avez tenu bon grâce à votre unité nationale, face à l’ennemi israélien”.
L’UNITÉ AU SEIN D’UN ÉTAT FORT
Le ton modéré du communiqué s’est reflété, surtout, dans le fait qu’il n’a été nullement question de façon directe des armes du Hezbollah, tout en affirmant l’attachement absolu du 14 mars à la pleine souveraineté nationale et au monopole de l’armée libanaise sur l’ensemble du territoire: “Nous voulons tourner les pages noires du passé, mais aussi et surtout ouvrir une page d’espoir pour l’avenir de nos enfants. C’est pour cela que nous nous engageons à rester attachés à notre unité nationale, car elle est le fondement de notre indépendance et la garantie de notre mode de vie. Cette unité dans sa constitution plurielle et diversifiée ne peut se réaliser qu’au sein d’un Etat consensuel: un Etat civil bâti sur le pacte du vivre ensemble, soumis à l’autorité d’un pouvoir républicain, démocratique et parlementaire; un Etat souverain sur l’ensemble de son territoire et de ses résidents, jouissant du monopole de la force armée et de son plein contrôle et seul maître de ses choix de sécurité intérieure et de défense nationale face au danger israélien ou autre, un Etat qui honore ses engagements arabes et internationaux”…
Le communiqué s’achève par un appel à tous les citoyens à participer à la commémoration de l’assassinat de Rafic Hariri qui se tiendra le dimanche 14 février 2010, place des Martyrs au cœur de Beyrouth: “Entre le 14 février 2005 et le 14 mars 2005, vous avez fait le printemps de Beyrouth et durant les cinq dernières années, vous avez fait triompher le message de vivre ensemble. Vous avez adressé le plus beau des messages au monde arabe: celui d’une arabité moderne et ouverte. L’arabité de la tolérance, du pardon, du dialogue et de la solidarité est notre choix. Pour tout cela, rendez-vous le 14 février à la place des Martyrs, pour renouveler avec la même détermination ce pacte solennel et l’espoir qu’il représente”. |